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Il Est Temps D’agir 

Jadis, on appelait les pays du tiers-monde par le qualificatif «pays sous-développés». Pour la rendre moins péjorative, l’expression a été remplacée par «pays en voie de développement». Maintenant, la formule magique «pays émergents» a été adoptée par euphémisme.

Toutefois, ceux qui ont la chance de visiter certains pays (Amérique, Europe ou Asie) se sont rendu compte de l’écart de développement qui nous sépare de ces pays. On comprend alors que les appellations de «pays en voie de développement» ou «pays émergent» ne sont que des slogans creux, sans contenus valables et fiables.

Certes il faut reconnaître que ces pays dits émergents sont en train de faire de gros efforts pour amorcer la pente du progrès, malheureusement nos maux sont tellement importants et criards que ces efforts sont endigués. Ces maux ont pour noms : insalubrité, désordre, indiscipline, insécurité, ensablement de nos routes…

L’image que nous offrent les routes à l’intérieur du pays n’est pas reluisante : les panneaux de limitation de vitesse à l’entrée d’une agglomération côtoient des tas d’ordures qui marquent le début et la sortie des villes. En outre, chaque fois que les techniciens de surface observent des mouvements de grève ou les camions de ramassage des ordures ne passent pas pendant une journée, les ordures envahissent l’intérieur des villes et même les endroits insoupçonnés.

Il y a aussi l’anarchie dans les grandes villes à l’image des ouvriers (menuisiers métalliques et bois, frigoristes, électriciens, mécaniciens automobiles et mobylettes…) qui créent leurs ateliers devant leur domicile et provoquent un encombrement sans précédent. En plus, faute d’espace dans leurs maisons, les rues deviennent des bergeries, avec des abris de fortune pour moutons et chèvres. Lors des constructions ou réfections des maisons, les rues sont encombrées par les briques, le sable et le gravillon qui créent un désordre indescriptible.

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Loin d’être des complices, les voisins ravalent leur amertume, leur désespoir et les larmes face à une situation devant laquelle ils sont impuissants d’agir. Les marchés débordent de leur emplacement normal, les devants des maisons d’autrui, créant un désordre et de temps en temps des bagarres entre voisins. Et quand les cars de transport se mêlent à ce désordre, c’est le pire des spectacles auxquels on assiste : ils s’arrêtent au milieu des routes pour prendre ou faire descendre un passager. En plus des stationnements irréguliers, les routes sont encombrées d’épaves de véhicules. Les passages piétons aménagés de part et d’autre des routes sont occupés par les petits marchands sous le nez et la barbe des autorités. D’ailleurs, du fait des multiples cérémonies familiales, les routes et les rues sont souvent occupées ; s’y ajoute le tapage sonore de jour comme de nuit. Dans un autre volet, il n’est pas rare de voir les occupants des véhicules qui jettent sur les routes les tasses plastiques ou des épluchures d’orange. Les caniveaux à ciel ouvert servent de dépotoirs d’ordures. Les grilles placées dans les caniveaux sont soit volées ou bouchées par les ordures de toutes sortes. Les camions et cars de transport sont surchargés de marchandises, dépassant ainsi de loin les limites de poids et de hauteur requises sans souci des risques ; surtout pour les personnes qui utilisent les marchepieds des cars de transport en pleine circulation.

Maintenant, les agressions se font en plein jour, surtout après les combats de lutte ou à la fin des matchs de navétanes.

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En fin de compte, ce constat est loin d’être exhaustif, car le spectacle de nos villes est désolant. Le mal est très profond, c’est pourquoi il faudra mettre en place une stratégie pour y remédier et inverser la tendance.

L’Etat doit agir pour mettre fin à ce désordre endémique et soutenu en cela par les populations. Il est temps que tout le monde prenne conscience de nos maux. Quelles que soient les méthodes utilisées (la carotte ou le bâton), la finalité est d’instaurer des règles de vie et d’hygiène adéquates. Ainsi, nous pensons que la réflexion doit être menée à plusieurs niveaux. Par conséquent, tout commence par des actions de sensibilisation permanente à tous les niveaux et par tous les moyens : télés, radios, journaux, affichages, mais aussi à l’école, dans les lieux de culte…

Tout le monde doit s’y investir comme le secteur informel et le secteur formel. A une échelle plus importante, il s’agira pour l’Etat et ses démembrements, les institutions, l’Armée, les entreprises de logistiques et de Btp…de s’impliquer davantage. Pourquoi pas une semaine nationale d’actions civiques dans toutes les villes et communautés rurales pour marquer le début du changement qualitatif ?

Les occupations anarchiques des routes peuvent se régler si les occupants bénéficient d’emplacements appropriés et un accompagnement adéquat.

Il faudra aussi assurer l’éclairage public et comme dans beaucoup de pays, des caméras de surveillance doivent être installées pour dissuader les malfaiteurs et aider la police et la gendarmerie dans leur travail.

L’Etat devra mettre en place un système pour remplacer les cars rapides et continuer le pavage des rues.

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Les marchés hebdomadaires doivent être mieux organisés dans des endroits répondant aux normes requises.

Il faudra une punition sévère contre ceux qui volent les grilles avaloir des canalisations d’assainissement, de même que les receleurs.

Il faut toutefois reconnaître que cela paraît difficile à mettre en œuvre, mais nous pensons que ce n’est pas impossible à réaliser. Nous avons l’exemple du Rwanda qui a pu relever ces défis.

Et c’est à ce prix que nous pour­rons prétendre à l’émergence.

Papa Magaye GUEYE Ingénieur Sénior en mécanique

papamgueye@yahoo.fr

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