– Dans la soirée d’hier, 30 janvier 2019, Malick Gakou, candidat recalé de la Grande coalition de l’espoir/Suxxali Senegaal, a rendu publique une déclaration dans laquelle il indique avoir reçu mandat de ladite coalition pour soutenir Idrissa Seck à l’occasion de l’élection présidentielle du 24 février 2019.
Homme de réseaux, trait d’union de l’opposition, maître d’oeuvre de la coalition Mankoo Taxawou Senegaal en 2017, Gakou travaillait tous ces derniers jours, depuis le rejet définitif de sa candidature par le Conseil constitutionnel, à construire un large rassemblement autour du champion de la coalition Idy 2019. En un temps record, il a réussi à convaincre y compris les plus sceptiques.
Au moment où ces lignes sont écrites, l’ex-président de l’Assemblée nationale puis du Sénat, Pape Diop, l’ancien Premier ministre, Cheikh Hadjibou Soumaré, et lui-même, Malick Gakou, forment l’ossature d’Idy 2019. Ils vont être rejoints dans les jours à venir par Khalifa Ababacar Sall, détenu à la prison de Rebeuss, recalé par le Conseil constitutionnel, qui a confié à ses proches son intention de soutenir celui qui lui laissa la tête de liste de la coalition Mankoo Taxawou Senegaal qu’ils partagèrent lors des élections législatives du 30 juillet 2017.
En dehors de ce noyau dur, presque tous les autres candidats éconduits par le juge des élections (à l’exception de quelques-uns comme Aïssata Tall Sall et Aïda Mbodj qui ont ou vont rejoindre Macky Sall) ont déjà ou sont en cours de donner leur accord pour soutenir Idrissa Seck.
Vieux crocodile du marigot politique sénégalais, directeur du cabinet du président de la République puis Premier ministre sous Abdoulaye Wade, « Idy », comme le surnomment les Sénégalais, se retrouve donc, à la faveur d’un parfait alignement des planètes, dans la position de challenger du président en exercice, candidat à sa propre succession. Ce n’est que logique politique ! De tous les quatre candidats de l’opposition à cette échéance cruciale de février prochain, Idrissa Seck est en effet celui qui est revêtu de la plus forte légitimité historique.
Patron politique de Macky Sall au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds, la formation de Wade dont ils sont tous deux issus), et son supérieur hiérarchique jusqu’en avril 2004, Idy a subi une longue traversée du désert depuis sa défenestration de la primature. Soutien de Macky lors du 2e tour de la présidentielle de 2012 remporté par celui-ci, il a pris ses distances, un an plus tard, avec le nouveau président élu pour basculer dans une opposition radicale. Idrissa Seck est, au regard de leur histoire commune, l’adversaire légitime de Macky Sall à l’occasion de cette présidentielle.
D’autant qu’Abdoulaye Wade, leader d’un Pds sans candidat, dont l’électorat est donc à prendre, va sinon se résoudre à l’adouber, du moins observer une neutralité bienveillante à son égard. Aucune autre posture de Wade ne se comprendrait, lui qui est en conflit ouvert avec Madické Niang (lequel a osé une candidature dissidente au sein du Pds, défiant le mot d’ordre « Karim Wade candidat ou rien ») et qui a des liens forts avec Pape Diop et Cheikh Hadjibou Soumaré, deux soutiens engagés d’Idy.
S’il tire les leçons de ses erreurs passées de communication, mène une campagne électorale humble et audible par les électeurs, Idrissa Seck va être un sérieux prétendant au trône de Macky Sall. A 60 ans, cet homme robuste à la tête de félin est une bête politique arrivée à pleine maturité. Un candidat XXL…
Cheikh Yérim Seck