Un acte strictement économico-financier comme la levée de fonds auprès du Groupe consultatif de Paris pour financer des projets a été transformé en kermesse politicienne avec tout le folklore qui sied. Au départ, une méga délégation hétéroclite, un véritable salmigondis
Hormis le PR avec son protocole, les deux ministres des finances et du budget, tous les autres n’y avaient rien à faire. Mais quand il s’agit de gaspiller l’argent public… Au retour, une salve d’exclamations dithyrambiques : La belle moisson ! La baraque a été cassée ! Comme s’il s’agissait de dons, alors que ce sont pour l’essentiel des prêts à rembourser avec intérêts. Mettons cela sur le compte de l’enthousiasme militant et de la méconnaissance ou de l’oubli d’une histoire pas si ancienne. Cheikh Anta Diop nous le disait : l’histoire n’est rien d’autre que vérités oubliées.
Du temps de la crise de la dette
Un souci élémentaire de responsabilité nous commande de convoquer l’histoire relative à l’endettement des pays africains et de la crise de la dette de 1982. Dans un ouvrage publié en 2002, mais rédigé deux ou trois ans auparavant, ‘’Endettement puis ajustement structurel. L’Afrique des institutions de Bretton-Woods ’’, j’écrivais, pages 33-34 :
« Dans la période 1973/80, à la suite des augmentations du prix du pétrole, c’est une masse importante de pétrodollars qui vient s’ajouter à la masse non moins importante d’eurodollars disponibles dans les grandes banques occidentales. Le problème alors à l’ordre du jour est de recycler ces capitaux. En effet, du fait de l’incidence de la crise économique dans les pays industrialisés, les occasions rentables d’investir sont devenues rares, tandis que les pays en développement non producteurs de pétrole sont chroniquement confrontés à la situation inverse : un besoin pressant de financement. La solution au problème du recyclage des pétrodollars est alors trouvée. Il suffit de transférer une partie de ces flux financiers vers les pays du Sud…
La réalité est que l’Etat africain a opté délibérément pour le financement extérieur. Dans les pays de colonisation française, la nomenclature budgétaire est déjà en soi un appel explicite aux capitaux extérieurs : le budget ordinaire présente les dépenses de fonctionnement des services publics avec leur financement par les recettes fiscales ; tandis que les dépenses d’investissement, dites extraordinaires, qui correspondent aux projets inscrits dans le Plan de développement, doivent être financées par des capitaux extérieurs. Autrement dit, on estime que le financement du développement doit être pris en charge par l’extérieur, ce qui n’est concevable que par recours à l’emprunt. Il n’est demandé aux populations que de financer le fonctionnement de l’appareil bureaucratique de l’Etat et ses énormes gaspillages…
Tout le problème est de savoir s’il était vraiment nécessaire d’emprunter de telles sommes. Ces emprunts ont-ils correspondu à un besoin de financement objectivement déterminé ? D’autant plus que les possibilités de remboursement sont pour le moins hypothétiques, compte tenu de la nature des projets réalisés avec ces financements : infrastructures urbaines, édifices publics tels que maisons de la radio, centres de foire internationale où les industriels étrangers ont le monopole des expositions … . Des investissements non rentables, et de surcroît, sans aucun effet d’entraînement sur les économies africaines, même s’ils sont officiellement présentés comme des projets de développement. On en arrive à se demander si les dirigeants africains n’ont pas parfois cherché, par des projets grandioses, prestigieux et non rentables, inaugurés à grands frais, à se placer dans l’histoire, un peu à la manière des constructeurs de pyramides de l’Egypte pharaonique.
Quoiqu’il en soit, il n’est pas exclu que les dirigeants africains aient été victimes de mauvais conseils… Au plan du raisonnement politique, les dirigeants africains ont pu se laisser persuader que le volume de l’endettement est un gage de sérieux, de crédibilité, les bailleurs de fonds ne faisant confiance qu’à des gouvernements dotés d’institutions politiques et de structures économiques solides. Alors qu’en réalité, on cherchait simplement à se débarrasser de capitaux excédentaires dont on ne savait que faire, du fait de la réduction des possibilités d’investissements rentables dans les pays d’origine…
L’histoire retiendra que c’est l’un des rares moments, où des bailleurs de fonds ont daigné se déplacer dans les pays du tiers monde, pour aller à la rencontre des clients, « hantant les antichambres des ministres des finances » (A.B. Taylor, ‘’Les débiteurs africains’’ 1985 p. 261), n’hésitant pas à leur faire véritablement la cour, pour leur prêter de l’argent. Le comportement des grandes banques commerciales des pays occidentaux dans cette période est loin de correspondre au modèle décrit par James Burnham (sociologue américain) : des banques qui ne font que répondre à une demande, des banques ressemblant à des jeunes filles à un bal d’autrefois, attendant assises, qu’on les invite à danser. Cette fois, les rôles ont été renversés : ce sont des jeunes filles, sans doute d’ailleurs de vieilles filles, particulièrement entreprenantes, qui sont elles-mêmes allées chercher leurs cavaliers pour avoir des chances de danser. Autrement dit, les pays du Sud se sont trouvés dans une véritable situation de ‘’prêts forcés’’… Les emprunteurs se voient accorder des prêts qu’ils ne jugent pas nécessaires, et qu’il ne leur paraissait pas possible d’obtenir…
Il s’est agi en fait d’une stratégie délibérée d’endettement des pays du tiers monde pour les tenir en mains, les domestiquer, comme cela finit toujours entre créancier et débiteur…. Ici, c’est l’impératif de la libéralisation et de la mondialisation qui commandait d’enlever aux pays africains toute souveraineté en matière de politique économique ».
Une nouvelle donne est intervenue dans l’endettement au niveau mondial. Les prêteurs ne sont plus les banques mais les marchés financiers, avec intermédiation des agences de notation financière.
La nouvelle donne : les agences de notation financière (Anf)
Les anf (en anglais ‘’Credit Rating Agencies’’) sont créées aux Etats-Unis au début du 20ème siècle avec comme clients les grandes entreprises. C’est à la suite de la grande crise de 1929 que leurs services sont orientés en direction des Etats. Les trois plus grandes anf sont américaines : Moody’s (de John Moody), Standard & Poors (de Henry Poors) et Fichte (de John Fichte). Elles contrôlent 95 pour cent du marché financier. L’Afrique du Sud abrite une anf dont les clients sont surtout des entreprises.
L’anf se situe entre l’emprunteur et le prêteur. Un Etat en quête de financement sollicite une anf contre rémunération. L’évaluation qu’elle fait de la situation économique (croissance, inflation, balance des paiements, finances publiques…) et politique (stabilité, gouvernance, acquittement de dettes antérieures) de l’emprunteur permet de savoir s’il bénéficie de garanties suffisantes de remboursement pour accorder le prêt sollicité. Sur ces bases les anf donnent aux emprunteurs des notes en lettres selon le système de notation en vigueur dans le système américain d’enseignement, de Aaa (excellent) à D (médiocre). Ces notes déterminent la décision des prêteurs financiers sur les marchés obligataires, et aussi des investisseurs directs.
Les notes de Moody’s et Standard &Poors se présentent ainsi dans l’ordre décroissant :
Moody’s :Aaa ;Aa1 ;Aa2 ;Aa3 ;A1 ;A2 :A3 ;Baa1 ;Baa2 ;Baa3 ;Ba1 ;Ba2 ;Ba3 ;B1 ;B2 ;B3 ;Caa1 ; Caa2 ;Caa3 ;Ca ;C.
Standard&Poors :AAA;AA+;AA;AA-;A+;A;A-;BBB+;BBB;BBB-;BB+;BB;BB-B+;B;B- ; CCC+;CCC;CCC-;CC;RD;Sd;D.
Le système semble ainsi bien huilé et cohérent. Mais ce n’est qu’en apparence. Les critiques n’ont pas manqué au fonctionnement des anf.
Les anf sont en concurrence entre elles. Celle qui est sollicitée par un Etat peut lui donner une note surestimée, de peur de le perdre comme client au profit d’un de ses concurrents. En outre, le montant de la rémunération payée par l’Etat joue sur la note accordée. Une bonne note fait aussi baisser le taux d’intérêt du prêt accordé. Ainsi, les notes ne sont pas toujours objectives.
Certains financiers prêteurs sont actionnaires dans le capital des anf, ce qui donne lieu à des conflits d’intérêts. L’agence est ainsi accusée d’être à la fois ‘’coach’’ (entraîneur) et arbitre.
L’anf joue aussi le rôle de consultant pour l’emprunteur, surtout lorsqu’il s’agit d’un pays sous-développé. Il lui confectionne un Plan de développement maintenant estampillé ‘’émergent’’ comme c’est à la mode depuis le lancement du terme en 1981par Antoine van Agtmael, économiste hollandais de la Banque mondiale. Ce sont 37 pays africains qui ainsi disposent de ‘’Plan émergent’’. L’anf se charge ensuite de ‘’vendre’’ ce projet aux bailleurs de fonds qui sont actuellement en excès de liquidités, comme la crise financière de 2008 l’a montré. L’anf a son réseau de consultants qui descendent sur le terrain (pays emprunteur) où ils se font grassement payer grâce à leurs carnets d’adresses pour intervenir auprès des bailleurs de fonds.
C’est ainsi que Dominique Strauss-Kahn (DSK), ancien ministre des Finances en France et ancien directeur du Fmi, depuis ses déboires, a fait son entrée en Afrique comme consultant : Congo, Sud Soudan, Togo, Mali, puis Sénégal pour le Pse (reçu au palais le 22 janvier 2017). Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour savoir que le bonhomme n’est pas payé au tarif smig sur nos maigres ressources.
L’influence actuelle des anf sur le monde de l’économie et de la finance est telle que, elles sont considérées comme l’autre superpuissance. Les Etats-Unis peuvent détruire un pays par des bombardements, les anf peuvent détruire un pays par son économie avec une mauvaise notation. La remarque est du journaliste américain Thomas Friedman du ‘’New York Times’’ (22 fev 1995).
Mais ce ne sont pas les couacs qui manquent dans le fonctionnement des anf. Il leur est reproché de porter une grande responsabilité dans la crise financière de 2008. Quatre jours après avoir reçu une bonne note des anf, la firme d’énergie américaine Enron tombe en faillite. La faillite de la banque américaine Lehman Brothers en 2008 est précédée par une bonne note.
C’est à partir de 2000 que les gouvernements africains sont poussés vers les anf. L’argument avancé est que l’aide au développement et les prêts concessionnels (avec faible taux d’intérêt) ont fortement baissé, et dans la nouvelle situation de mondialisation avec financiarisation de l’économie, l’alternative pour le financement des projets est le recours au marché financier, plus précisément le marché des titres obligataires ou marché des dettes.
Le cas Sénégal
Qu’est-ce qui explique que le Sénégal ait reçu trois fois plus de financement que ce qui avait été demandé ? Quelques rappels sont nécessaires.
Le Sénégal a toujours bénéficié d’une bonne cote à l’extérieur depuis son statut colonial exceptionnel de capitale de l’Aof, avec certains de ses ressortissants flanqués de la citoyenneté française. Par la suite, des Sénégalais ont été distingués dans le système des Nations unies, dans des organisations sportives internationales. En 1989, le Sénégal est coopté avec l’Algérie, le Nigeria et le Zimbabwe, comme membre du G 15 créé en 1975 au sein du G 77 (groupe des pays sous-développés) de l’Assemblée générale des Nations unies, pour faire pendant au G 7 (groupe des 7 pays les plus industrialisés). A tout cela s’ajoutent des atouts persuasifs : stabilité politique, absence de coup d’Etat (fait rare en Afrique), deux alternances démocratiques, parfaite harmonie religieuse et ethnique.
C’est ainsi que le Sénégal a toujours été très favorisé dans les fonds d’aide extérieure. Le professeur Elliot Berg, consultant de US Aid en rendait ainsi compte :
Avec 1,5 pour cent de la population de l’Afrique au sud du Sahara, le Sénégal a reçu 4,8 pour cent de l’aide officielle au développement pour l’Afrique. En 1987, le Sénégal a reçu comme aide 100 dollars par tête d’habitant, ce qui représente 20 pour cent de son produit intérieur brut, et 4 à 5 fois la moyenne pour l’Afrique ; la moitié des recettes publiques est venue de l’extérieur…. (Elliot Berg, ‘’Ajustement ajourné’’, 1990, étude pour US-Aid)
En décembre 2018, lors de la rencontre du Groupe consultatif de Paris, Le Sénégal qui cherchait 2 850 milliards de francs s’est retrouvé avec 7356 milliards de francs selon les chiffres officiels. Grâce a-t-on dit, à ses bonnes performances économiques qui justifient sa bonne note auprès des anf. Le Sénégal collabore avec Moody’s et Standard &Poors.
Regardons les choses de plus près.
Le Sénégal a obtenu de Standard &Poors la même note B+ en 2000, 2006, 2010, 2013, et 2018. Sur Moody’s, la note a reculé de B1 en 2013 à Ba3 en 2016 (la même note que la Côte d’Ivoire).
En note chiffrée d’examen, le Sénégal aurait eu la note 8 à 9 sur 20 avec les deux notations, sans être le dernier de la classe. Le Botswana est le seul pays africain avec la note A2 de Moody’s en 2016, soit 15 sur 20. Afrique du Sud, Namibie, Maroc ont obtenu chacun une note supérieure à celle du Sénégal, tous dans la tranche des notes B avec ses subdivisions.
Est-ce pour cela qu’il a été fait appel à D. Strauss-Kahn ? Les potentiels bailleurs de fonds pour le Sénégal sont pourtant des pays et des institutions où DSK n’est pas en odeur de sainteté. On ne peut vraiment pas dire qu’il a eu à déployer un lobbying pour soutenir le Sénégal auprès de ces bailleurs de fonds qui sont des alliés de longue date. En quoi consiste son rôle de consultant ? C’est toute une nébuleuse qui entoure cette affaire, alors qu’il est grassement payé avec l’argent des Sénégalais. Il n’a fait montre d’aucune expertise avérée, ni comme ministre des finances en France (1997 – 1999), ni au Fmi (2007-2011).
Cela dit, est-il raisonnable pour le gouvernement sénégalais d’emprunter des sommes qui vont au-delà de ses projections de financement ? Ne sommes-nous pas dans la situation des ‘’prêts forcés’’ qui avait conduit à la crise de la dette en 1982 ?
Il est loisible de déclarer que le Sénégal n’est pas très endetté puisque le rapport de la dette au produit intérieur brut est en-dessous de la norme fixée par l’Uemoa à 70 pour cent. Mais parmi les 8 membres, le Sénégal est de loin le plus endetté. Le rapport de la dette au revenu national brut se présente ainsi fin 2017 : Mali : 29,3 ; Burkina : 25,0 ; Bénin : 31,3 ; Togo : 39,1 ; Côte d’Ivoire : 34,4 ; Niger : 47,2 ; Sénégal : 57, 2. (source : World Bank, International Debt Statistics, 2019). La moyenne dans l’Uemoa est de 32,9. Le Sénégal s’est encore enfoncé dans l’endettement avec les nouveaux 7356 milliards de décembre 2018. Ce qui fait que son taux d’endettement va dépasser les 60 pour cent.
Inquiétudes justifiées
Un facteur déterminant pour expliquer cet empressement à déployer les cordons de la bourse pour le Sénégal ne peut pas être constitué par les notes attribuées par les anf. Il s’agit cette fois à n’en pas douter de la découverte des ressources minières (gaz, pétrole, fer, or, autres minerais). Ce qui m’amène à reprendre ce passage de l’ouvrage ‘’Endettement puis ajustement’’ de 2002, page 43 :
« La thèse de l’insolvabilité des pays endettés est contestée par certains analystes financiers ; ils se placent en dehors du cadre habituel de projection des balances des paiements, affectionné par les économistes. Pour eux, il faut raisonner en terme de comptabilité de patrimoine, c’est- à- dire de bilan d’entreprise, en examinant les deux postes Actif et Passif. Dans ce cas, tout pays est solvable, parce que détenteur d’un certain stock de ressources naturelles qui constituent ses actifs immobilisés, et qui sont susceptibles de transactions. Dans le cas des pays endettés, ce patrimoine peut être utilisé pour désintéresser les créanciers. Tout comme lorsqu’une entreprise est en faillite, la liquidation des éléments de l’Actif du bilan permet de rembourser les créanciers, lesquels ont priorité sur les actionnaires qui eux, sont des propriétaires ».
Ce propos a été tenu par un financier américain d’origine libanaise, Sarky Khoury, lors d’un colloque universitaire sur La Dette, tenu à Alger en juin 1988 auquel j’avais participé. Ce qui avait suscité l’émoi et la désapprobation dans la salle. Il ne faisait en fait que reprendre Walter Wriston, l’influent directeur de Citibank à l’époque : ‘’Countries don’t go out of business’’ (les pays ne tombent pas en faillite) ; pour ajouter que les infrastructures, la productivité de la population, les ressources naturelles ne quittent pas le pays. Ainsi l’Actif excède toujours le Passif.
Dans le même passage, j’avais ajouté :
« Ce qui revient très simplement à dire que les créanciers, c’est -à -dire les pays occidentaux et leurs institutions financières, devraient avoir un droit de regard direct sur les ressources naturelles des pays endettés du tiers monde. Comme aux plus beaux jours de la colonisation ».
Un Etat endetté perd toute capacité à décider de son propre destin. Tout lui est indiqué de l’extérieur. Les dirigeants africains gagneraient à s’inspirer de cette sagesse africaine ainsi exprimée en langue wolof :
Lorsqu’on est tiré à la traîne pour marcher on ne choisit pas son chemin et sa destination (ku gnuy diri doo taamu fu gnu lay jaarale).
Ou encore :
Lorsque quelqu’un te prête des yeux, tu ne peux regarder que dans la direction de son choix (ku la abal i bët fa ko neex ngay xool).
Un ministre des Finances de l’Irlande Brian Lenihan a eu à faire cet aveu :
Dès ma nomination, en mai 2008, j’ai eu le sentiment que nos difficultés — liées au secteur bancaire et à nos finances publiques — étaient telles que nous avions pratiquement perdu notre souveraineté. En appelant l’Union européenne et le Fmi à l’aide, l’Irlande abdiquait officiellement sa capacité à décider de son propre destin (‘’The Irish Times’’, 25 avril 2011).
Ce n’est pas pour rien que le Prophète Muhammad (ﷺ) déconseillait l’endettement, et faisait cette prière :
– Ô Allah ! Je cherche refuge en Toi contre le péché et la dette (Bukhâri 43.10 ; Muslim 5.161).
Ce propos n’a pas valeur d’interdiction de la dette qui en soi n’est pas illicite, mais de mise en garde. La dette peut être assimilée à un médicament, avec ses effets curatifs – encore que pas toujours – mais à coup sûr avec ses effets indésirables.
Les Africains de ma génération croyaient en avoir fini avec ces Plans soi-disant de développement des années 1960 à 1980 concoctés à l’extérieur : Plan Jeanneney, Plan Gorse, Rapport Brand, Rapport Berg (pour torpiller le Plan d’Action de Lagos conçu en 1980 par des Africains). Et voilà qu’au début de ce millénaire, il nous tombe sur la tête d’abord le Nepad, ensuite les Plans émergents, tous de provenance extérieure et tributaires de l’endettement. Ce ne sont pas ces Plans dits émergents qui développeront les pays africains qui les ont adoptés.