Depuis le jeudi 29 novembre 2018, la musique reggae jamaïcaine fait partie du Patrimoine Immatériel de l’Humanité de l’UNESCO.
L’ONU l’a reconnu pour « sa contribution à la réflexion internationale sur des questions comme l’injustice, la résistance, l’amour et la condition humaine ».
Le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO indique par ailleurs que le Reggae “met en avant la force intellectuelle, socio-politique, spirituelle et sensuelle de cet élément du patrimoine mondial”.
Une des plus belles occasions de rendre hommage posthume à Bob Marley et aux Waillers qui, s’ils n’ont pas inventé le reggae, ont largement contribué à le canoniser et à l’imposer sur la scène internationale. D’ailleurs la délégation jamaïcaine présente à l’UNESCO avait déroulé une banderole à l’effigie de Bob Marley et à la fin de son discours la cheffe de la délégation a invité toute la salle à entonner One love de Bob et les Wailers. Ce fut un moment très émouvant.
Si Bob Marley est considéré à juste titre comme la figure de proue du reggae ; Family Man peut être considéré sans exagération aucune comme son épine dorsale.
Pour répondre à une question qu’on lui a une fois posé : « pensez vous pour que le reggae revienne vraiment au top, il faudra une autre personne aussi charismatique que Bob ? ». Family Man répond : « Comme vous le savez, Bob Marley était très positif, une grande force, mais il n’y arriverait pas sans la musique. (…)nous créons les paroles, à partir de l’environnement, ce qui se passe et se fait entendre (…) Nous le décomposons simplement afin que même un enfant puisse comprendre. Ensuite, nous déplaçons la musique dans certains appels et certains tempos et certains riffs. Un riff est ce qui donne la vraie sensation. Cela ne peut pas être écrit en musique. Lorsque vous écrivez de la musique, vous ne pouvez écrire que dans les mesures et le temps, mais vous ne pouvez pas écrire la sensation, le riff. C’est la magie. C’est la « musique du roi », la musique de Jah Jah ».
Ainsi parlait Aston ‘’Family Man’’ Barett qui définit le reggae comme « une musique qui a le tambour africain comme racine et le jazz comme pinacle ».
A défaut de toucher ses royalties et ses droits d’auteur après quelques procès intentés à Universal/Island et la Famille Marley ; il peut savourer l’immense plaisir de voir par cette initiative de l’ONU son travail être reconnu par toute l’humanité et pour toujours. « Bob était mon meilleur ami et mon partenaire, je l’ai beaucoup aimé. Ensemble, nous avons écrit et produit des chansons qui touchent encore le cœur et l’âme dans tous les coins du monde. Nous avons travaillé ensemble sur la musique et, ensemble, nous avons partagé notre succès. »
Roger Steffens, grand spécialiste de Marley et du reggae, a dit à propos de Aston Barrett : « Tant qu’il y a Family Man à la basse, le groupe peut s’appeler les Wailers ».
« Familyman » ou « Fams« , et son frère le batteur Carlton « Carlie » Barrett, ont commencé à accompagner The Wailers devenu Bob Marley & The Wailers après le départ de Peter Tosh et Bunny Wailer du groupe. Ils n’ont jamais arrêté de jouer avec Bob Marley en studio comme en tournée jusqu’à sa mort.
Il a joué pour d’innombrables mythes du reggae allant Burning Spear, à Alpha Blondy en passant par Max Romeo, Horace Andy, The Heptones… et bien sûr pour Peter Tosh et Bunny Wailer même après leur départ des Wailers.
La légende et le sensationnel retiendront que l’homme a 42 enfants, ce qui lui a valu le surnom de Family Man. Mais il faut noter qu’avant même d’être père ce pseudonyme l’avait déjà collé grâce à son grand sens de l’organisation. Ce qu’il mettra au service des waillers qui deviendra au fil des années une grande machine de fabrication de tubes provenant de studio ou de concerts live.
Aston Barrett a écrit la plupart des lignes de basse des chansons de Bob Marley. Ses lignes de basse sont un soutien essentiel au groove et s’adaptent parfaitement à la structure rythmique du reggae.
« Bob avait passé quelque temps aux États-Unis avec sa mère au Delaware. Il a entendu un concept différent de musique sortant de la Jamaïque. Il a donc décidé de retourner en Jamaïque et de se préparer…
Nous nous sommes rencontrés dans un bar et il a dit :« Est-ce vraiment toi qui s’appelle Family Man qui joue ces lignes de basse ? » J’ai dit « oui ». Il était surpris car il pensait qu’ils venaient d’un joueur plus âgé et ne savait pas que c’était quelqu’un qui avait un an de moins que lui. Il m’a regardé et a dit : « Si c’est vraiment toi, alors tout va bien mec …». C’était la première fois que j’ai rencontré Bob, c’est la musique qui nous a réunis. Après nous être rencontrés, nous ne nous sommes jamais quittés avant que Bob ne nous quitte ».
Pourtant rien ne prédestinait cet autodidacte, ancien enfant des quartiers pauvres de Kingston a contribué à côté se Bob Marley et les wailers à placer la Jamaique sur la carte du monde par le biais de la musique.
Il a commencé par faire de la soudure et de la mécanique vélo. C’est dans l’atelier qu’il travaillait qu’il a lui-même fabriqué son premier instrument. Son premier orchestre était composé de lui et de son frère qui se procurait des pots de peinture vides de différentes tailles pour obtenir des sons de batterie différents.
« Vous savez que le reggae est le cœur du peuple. C’est le langage universel. Peu importe quelle culture. La musique reggae porte le message de la culture des racines et de la réalité. » Le talent de cet homme qui se considère comme un éternel apprenti n’a d’égal que son humilité et sa passion pour la musique.
Mustafaa Saitque Poète
Share on: WhatsAppL’article Aston Francis Barett alias Family Man Barett, merci pour services rendus à l’Humanité .