Pour le premier jour de campagne, les déclarations des cinq candidats ont été enregistrées dans les locaux de la RTS. Pour cette fois-ci, on ne peut pas dire que c’était Rien Tous les Soirs — comme les téléspectateurs raillent l’audiovisuel public — puisque tous les Sénégalais étaient au rendez-vous pour suivre les lutteurs qui se s’affrontent en vue de remporter le « drapeau » du combat du 24 février prochain.
Trois orateurs, en l’occurrence Me Madické Niang, Macky Sall et Idrissa Seck se sont exprimés en français et wolof, Issa Sall s’est exclusivement exprimé dans la langue de Molière. Seul Ousmane Sonko s’est exprimé entièrement dans la langue de Kocc même si l’épilogue de son discours a été dit en français. Le choix de la langue n’est pas fortuit puisqu’elle constitue un élément de patriotisme. Et Ousmane Sonko, qui revendique le patriotisme tous azimuts, a marqué le coup en s’exprimant aisément comme le ferait un « Cadior-Cadior ». Il faut aussi noter la quiétude et la sérénité affichées par Macky Sall dans son intervention. Seul le candidat Madické Niang, pourtant avocat rompu à la rhétorique, semble avoir rencontré des difficultés d’expression. On sentait dans son discours le poids d’une certaine émotivité. Ou alors, s’agissait-il de l’intensité de la douleur qu’il dit éprouver en voyant l’état de délabrement de notre pays.
Dans le fond des discours, les thématiques de l’indépendance de la justice, de la sécurité, de la bonne gouvernance, de l’emploi des jeunes, du financement des femmes sont revenues de manière récurrente. Madické Niang promet des emplois nombreux après avoir accusé le président Sall d’avoir créé 500 mille nouveaux pauvres. Lui Madické, homme de la stabilité, du respect de la parole donnée, du respect de la parole donnée (ne pensez ni à Macky encore moins à Wade, les champions du wakh wakhète), de la persévérance et du courage, dit avoir la panacée qui sauvera le Sénégal de sa pauvreté. Toutefois, à prêter l’oreille au discours-réplique du même Macky, on manque de se convaincre que le Sénégal, sous son magistère, est devenu un petit paradis terrestre. Aujourd’hui pour le candidat de Bennoo, la performance économique est au rendez-vous grâce à la pertinence du PSE. Le Sénégal, même si l’IDH le classe 25è pays le plus pauvre du monde, serait à la lisière de l’émergence. Un premier pas est entamé non avec le Yonnou Yakhouté mais avec le PSE. Et le loukoum que nous réserve le Président-Lionqui-ne-dort-plus sera effectif avec son nouveau programme, « Ligeyal euleuk ». Si Macky se projette dans l’avenir, Madické, Idy, Sonko et Issa promettent un présent idyllique avec un Sénégal où les « khéwal » couleront à flot. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que Madické Niang a dénommé son programme « Diaam ak Khéwal ». Issa Sall le Puriste s’engage avec son cheval Pur-sang ou son programme Pur cent à faire de l’homme sénégalais sa priorité. Sonko, lui, se propose de partager entre tout le monde, ce qui appartient à tout le monde. Lui, le Patriote, il aurait le sens du partage tout comme Idy qui promet de faire des nationaux sa priorité. Pendant trois semaines, chacun des cinq candidats nous présentera son programme pour nous vendre ses rêves ou ses chimères.