Abdoulaye Wade est seul au bord du précipice. Ce lieu, consubstantiel à son ego et à la stratégie politique, qu’il a érigée en méthode de combat. Ce lieu où il adorait attirer ses adversaires, les mettant au défi de sauter dans le ravin que ses menaces de déstabilisation permanente, avaient transformé en poudrière sociale.
Seul au bord de « SON» précipice, le voilà encore depuis Paris qui vient nous raconter que des élections au Sénégal, sans son rejeton, ne sauraient être des élections valides. On s’attendait à ce qu’il soutienne ses ex-poulains libéraux engagés contre le président sortant, mais c’est plus fort que lui, quand on l’attend à gauche, il bifurque à droite… Il nous immisce dans son spectacle du « je rentre-je rentre pas », et nous voilà suspendus à la baguette de Wade, décidé à donner le tempo de ces élections. Et comme il n’y a toujours pas meilleur « vendeur » que Wade pour nos journaux, la tentation est grande de donner plus d’échos à ses élucubrations de père bafoué, que cela ne le mérite vraiment. Son idée est ridicule, mais dangereuse, car il donne en fait consigne de voter Macky, sachant qu’élire un des autres, notamment Idy, remet à dix années plus tard les espoirs présidentiels de son clone de fils. Alors il sort son registre du soulèvement populaire, celui du boycott ayant fait long feu.
De toutes manières, les Sénégalais n’ont « même pas peur », et leur précipice à eux s’appelle « la queue du diable », alors Wade a intérêt à calmer le jeu. Ils ne laisseront personne, au nom de son fils aujourd’hui victimisé, leur faire perdre la sérénité et la vigilance citoyenne, qui leur seront nécessaires, pour juger ceux qui eux-mêmes ont fixé les barèmes de la rupture. Alors, laissons-le s’ennuyer au bord du précipice. Et revenons à nos moutons. Nos moutons forment un sacré troupeau de préoccupations, de peur de l’avenir, du manque d’espoirs d’une jeunesse qui pousse un « ouf de soulagement » en plongeant dans le brasier esclavagiste de leur enfer libyen qu’ils préfèrent au nôtre, nos moutons à nous c’est de choisir parmi ces cinq candidats, celui qui a à son programme autre chose que sa réélection ou sa simple élection, à savoir un projet de faire mieux vivre nos enfants que nous-mêmes. Cette campagne électorale va dérouler les mêmes vœux pieux, les mêmes renoncements, les mêmes acoquinements avec la parole donnée, et les mêmes outrances comme celle qui nous a démontré que « fekké ma ci bollé », pouvait évoluer en « télé ma ci guénné ».
Ce folklore que vit à son corps défendant le peuple sénégalais, peut guider les citoyens vers une inadéquate abstention, d’autant que nombre d’entre eux n’a pas encore sa carte d’électeur. Et si aucun de ceux qui prétendent nous sortir de la « lutte contre la pauvreté-qui-n’en finit pas » de lutter, ne proposait autre chose que leur seule aptitude à faire survivre leur caste d’hommes et de femmes politiques qui veulent nous enfermer dans ce système, donnant raison à Nicolas Sarkozy, pointant nos incapacités à nous inscrire dans l’HISTOIRE, préférant nous complaire dans les « petites histoires ». Question de choix.
Alors regardons ces initiatives de citoyens comme le collectif « NUN TAMIT » qui crie, « nous aussi on est concernés ». On en sait pas moins que les « gilets jaunes », mais plutôt que de refuser le changement qui nous amènerait à cesser de virer un président pour enfin en choisir un, les sénégalais peuvent leur signifier par un vote blanc, qu’ils savent ce qu’ils refusent et qu’ils savent ce qu’ils désirent. Et si « NUN TAMIT » était un sixième candidat ? Mais il n’a aucune infrastructure à inaugurer… Il a juste envie, comme des millions citoyens sénégalais, de dire qu’il peut contribuer à ce Sénégal que nous désirons, et que notre avenir est NOTRE AFFAIRE, et que ces cinq prétendants au trône doivent nous dire « d’où ils nous parlent ». De leurs collines déconnectées, ou à proximité de ce formidable potentiel qui réside dans nos concitoyens… à condition de savoir respecter leurs intelligences.
C’est pour cela que Wade et ses élucubrations… Pouf…