Le Pape du Sopi, éternel “pique-assiette électoral”, déjà indésirable, lors des précédentes présidentielles, desquelles le peuple souverain avait fini par l’éconduire, s’invite à nouveau au banquet électoral.
Son entrée fracassante dans la campagne électorale, avec des propos incendiaires, même si elle comporte des aspects inconvenants et est loin d’être désintéressée, ne peut émouvoir que le pouvoir et ses affidés. Elle n’est, en effet, que la conséquence logique de toutes les forfaitures du régime de Benno Bokk Yakaar, entre manipulations du processus électoral et instrumentalisation de la justice.
En torpillant toute possibilité de consensus, au sein de la classe politique, le président Sall et son équipe ont ouvert la voie à des perspectives de défiance ouverte, qui risquent de culminer, au soir du 24 février.
C’est ce qui explique que des millions de sénégalais, à commencer par les candidats de l’opposition, s’accordent avec le patron inamovible du PDS, sur le caractère tronqué de cette pseudo-élection aseptisée, de laquelle on a sciemment écarté des dizaines de cadres politiques populaires et représentatifs. La volonté du président sortant de se proclamer vainqueur dès le premier tour de la prochaine présidentielle ne fait également l’ombre d’aucun doute, aux yeux des sénégalais.
Les rapports tendus entre un pouvoir bien décidé à rempiler et une opposition, trop faible pour contrer les entorses successives, qui ont jalonné le processus électoral, constituent la trame de fond de ce qu’il faut bien considérer comme une crise politique.
Mais contrairement à Me Wade, beaucoup de citoyens de notre pays pensent qu’un boycott électoral serait du pain béni pour le régime de Benno Bokk Yakaar, soutenu à bout de bras par les puissances occidentales et les monarchies arabes, intéressées par le reconduction d’un président si bien disposé à leur égard.
Des fraudes flagrantes ou même supposées, le jour du vote, risquent de transformer les mésententes au sein de la seule classe politique en lourd contentieux entre le pouvoir sortant et les citoyens sénégalais et pourraient ouvrir la voie, comme en 1988, à une période d’ingouvernabilité.
Malgré tout, il y a lieu de se féliciter de la place centrale qu’occupent les questions de gouvernance et de refondation institutionnelle dans les programmes des candidats de l’opposition.
Il faut également se réjouir du courage politique du PUR par rapport aux Assises Nationales, mais surtout de l’adhésion populaire croissante au profit du candidat Sonko, dont la logique de rupture peine cependant à convaincre la vieille garde politique regroupée autour du candidat Idrissa Seck.
Et pourtant, les sept dernières années ont fini de convaincre les citoyens de notre pays de la justesse des conclusions des Assises nationales et des recommandations de la C.N.R.I.
Leur rejet par le président de la République explique sa gouvernance calamiteuse, similaire à tous points de vue à celle de son père spirituel, avec cependant moins de flexibilité et de prise en compte de nos traditions démocratiques.
C’est pour cela, qu’il est possible de travailler dès maintenant à une plateforme politique commune aux acteurs politiques et à la société civile, transcendant les futiles agendas électoraux.
Elle aidera, quels que soient les résultats de la mascarade électorale en cours, à l’appropriation par les citoyens sénégalais d’un véritable projet alternatif à celui porté par le pouvoir actuel.