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Courte Lettre à Mes Concitoyens

Qui en doute ? L’élection présidentielle du 24 février 2019 aura lieu. C’est inéluctable. Pourquoi plaider pour un boycott ; pis, inciter les insatisfaits à empêcher la tenue du scrutin ? Une telle posture ne discrédite pas uniquement le Président sortant, candidat à sa propre succession, mais aussi ses quatre concurrents qui battent déjà campagne. C’est surtout sous-estimer le Peuple dont la frange responsable, imbue de ses droits et devoirs, ira sûrement voter, non pas pour seulement conforter une quelconque chapelle partisane, mais davantage pour assurer la survie à la démocratie qui se construit et doit être de mieux en mieux consolidée. La politique est un jeu qui exige vigilance, opportunisme et efficacité et, avant tout, une présence physique sur le terrain pour haranguer les masses et braver l’adversité. Elle ne réussit point à un fils à papa, habitué à se vautrer à l’ombre et à attendre que les marrons soient tirés du feu pour en jouir. Prions pour les prisonniers que leur refus de compromission punit ou que leur mal-gestion condamne ! Prions pour les exilés dont la conscience peu tranquille met hors-jeu ! Bravo aux cinq Sénégalais qui sillonnent, la tête haute, leur pays ; ils vont à la rencontre de leurs concitoyens pour les édifier sur la société saine et opulente que chacun d’eux envisage de bâtir avec la participation de tous, s’il est élu ! Ils ont compris que le jeu est ouvert et qu’il n’est plus décent de revenir en arrière pour remettre en question les règles à partir desquelles le Conseil constitutionnel les a sélectionnés parmi une foultitude de prétendants à la Magistrature suprême. Bravo et que Dieu vous garde tous pour l’avenir dont nous rêvons ! Battez campagne sans vous battre entre vous ni par des propos grossiers et avilissants ni par des actions qui blessent ou détruisent ! Battez-vous à coups d’idées contradictoires, de projets rivaux et de programmes antagonistes ! De grâce, épargnez-nous vos malveillances sur vos adversaires et parlez-nous de vous, de votre vision prospective, de votre savoir-faire et de votre ambition de rendre le Sénégal véritablement indépendant, prospère et compétitif, occupant une place de choix au cœur du village planétaire qu’est devenu le monde !

Vous nous promettez de meilleures infrastructures, la santé pour tous, du gaz et du pétrole. D’accord, le développement économique est une option louable, mais que vaut-il sans le développement humain ? Alors, que dites-vous sur l’Ecole, de la Case des tout-petits à l’Université ? Car le système éducatif est à revoir, de fond en comble, si nous voulons former un homo sénégalensis réellement enraciné et nécessairement ouvert, utile à lui-même et disponible pour servir son pays. Quelle politique et quels moyens pour la Culture qui n’est pas une vision empathique, mais une somme d’actes industrieux et indélébiles inscrits sur le papier, la toile, le bois ou la pierre, que les acteurs avérés seuls peuvent impulser et poser dans un environnement juridique assaini ?

Quant à nous autres, électeurs, n’écoutons pas les oiseaux de mauvais augure et les Cassandre de l’apocalypse !

Senghor a démissionné de ses fonctions de président de la République et est parti, laissant le champ libre au successeur qu’il s’est constitutionnellement donné. Celui-ci, Abdou Diouf, a perdu les élections et a souhaité bon vent à Me Wade, sans jamais lui porter ombrage ! Pourquoi, diable, le bon vieux «Pape du Sopi» ne fait-il pas comme ses sages prédécesseurs ? Pourtant, il ne peut pas passer sous litière les services que Macky Sall, Premier ministre, lui a rendus. Etant son directeur de campagne, il a contribué à le faire réélire, dès le premier tour, en 2007. Et sans lui, certains grands projets seraient restés des éléphants blancs. Allez savoir, moi je ne sais vraiment pas ce qui fait courir notre vieux Président et risque de le rendre ridicule voire décevant, alors qu’il mérite tout notre respect et toute notre reconnaissance pour le travail colossal accompli à la tête de l’Etat au cours de son mandat de douze ans.

Il faut avouer que, pour l’animation, Wade est imbattable. Sa présence, malgré son âge, en impose toujours. Son charisme demeure intact. Il aime les bains de foule. Les foules aussi raffolent des bêtes de scène de sa trempe qui les divertissent des discours creux de tous les bonimenteurs qu’elles écoutent sans les prendre au sérieux. Tout de même, ses amis, s’il lui en reste, doivent conseiller à Wade de s’abstenir de venir encore se produire au Grand cirque électoral. Le menu, sans ses promenades-parades et ses déclarations savoureuses, est déjà assez ragoûtant avec Macky qui tourbillonne devant l’insatiable roi du mbalax ; Madické qui, à défaut de bain populaire, hante les mosquées et les mausolées ; Idy qui surveille désormais l’ennemie mortelle qu’est sa longue langue ; Issa, l’autre Sall, qui ressemble à un militant écologiste tant il est vert et, dans ses messages, ménage la laïcité ; enfin Sonko, le bonhomme tout neuf qui veut, vaille que vaille, prouver que si la politique est un jeu, un jeune hardi, ayant la tête sur les épaules et une bonne inspiration, a des chances pour y gagner.

Depuis le dimanche 3 février, la campagne électorle a démarré, en dépit des menaces de tous genres. Le 24 février 2019 sera, s’il plaît au Bon Dieu, un jour de vote dans la paix. Il n’y aura ni boycott ni casse ni trouble à l’ordre public. Ainsi le 25 février 2019, dès huit heures, la République reprendra-t-elle sa marche résolue vers le mieux-être de tous les fils du Sénégal émergent.

Continuité ou rupture ? Nous accepterons et accompagnerons dans la discipline, la loyauté, l’engagement citoyen et la volonté de travailler davantage, le Président que les urnes nous auront rendu ou révélé.

Marouba FALL – Écrivant Chevalier de l’Ordre

National du Lion.marouba_fall@yahoo.fr

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