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De Quoi Le SystÈme Est-il Le Nom

De Quoi Le SystÈme Est-il Le Nom

Il apparait très clairement que l’engagement politique de PASTEF et de son leader Ousmane Sonko reste centré sur le combat contre le système, j’allais dire le système vicieux qui préside à nos destinées depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale.

Mais, depuis un certain temps, certaines voix s’élèvent pour reprocher à PASTEF et à son leader Ousmane Sonko de manquer de cohérence dès lors que le parti s’est allié à et/ou a démarché des candidats recalés par le parrainage, ayant, dans le passé, appartenus au système ou ayant eu quelques accointances avec celui-ci.

Cette petite contribution cherche à éclairer plus d’un sur le fait que le combat de PASTEF et de son leader reste cohérent, malgré les allégations de certains adversaires ou pourfendeurs argumentées à partir des alliances entre PASTEF et de supposés anciens dignitaires ou associés des précédents régimes qui se sont succédés à la tête de notre pays.

Il convient de noter tout d’abord que l’analyse du système est assez complexe pour être exposé avec suffisamment de détail et être compris de tous dans un discours de meeting même si le porteur est une personne aussi éclairée que Ousmane Sonko. Dès lors, les lecteurs comprendront que ma modeste personne soit loin d’avoir la prétention de faire mieux et plus dans la présente petite note. Toutefois, mon adhésion totale à l’orientation et à l’engagement politique de PASTEF, quand bien même, je n’en suis qu’un adhérent récent, m’autorise à partager quelques éléments de réflexions dans un objectif de contribuer à aider les sénégalaises et les sénégalais à avoir une meilleure compréhension du système et partant disposer d’éléments pertinents pour faire un jugement éclairé de notre action auprès du président Ousmane Sonko.

Dans un premier temps, nous exposons quelques éléments de définition, avant de partager une réflexion sur les implications du système, puis poursuivre avec la nature du combat de PASTEF et d’Ousmane Sonko contre le système et de terminer par un avis sur les alliances.

Quelques éléments de définition d’un système

Le système est un ensemble plus ou moins organisé fonctionnant sur la base de règles qui sont régies par des convenances validées et acceptées par tous ses membres. C’est sous ce rapport que la République est un système auquel nous appartenons tous parce qu’ayant voté notre constitution et des lois par l’entremise de nos représentants que nous avons élus au parlement. Toutefois, la République est composée de plusieurs entités officielles dont chacune constitue un sous-système. De même, au sein de la République, les populations se regroupent ou s’associent sous différentes formes d’organisations autour de buts sociaux, économiques ou socioéconomiques. Ces formes d’organisation des populations sont formelles lorsqu’elles s’inscrivent dans le cadre légal ou informel, en dehors de celui-ci. Cependant, il arrive que des organisations, inscrites dans le cadre légal, développent volontairement des activités informelles. Dans tous les cas, ces différentes organisations constituent également des sous-systèmes.

On peut déduire que dans la République, il y a un système-mère, auquel nous appartenons tous et plusieurs sous-systèmes constitués de personnes exerçant au sein ou en dehors de l’appareil étatique. A l’intérieur du système-mère les personnes et les sous-systèmes se retrouvent dans des rôles d’acteurs. Il s’installe une dialectique entre les personnes et les sous-systèmes, entre les personnes et le système-mère et entre les sous-systèmes et le système-mère. Dans cette dialectique se développent des stratégies sous différentes formes pour réaliser des objectifs individuels (le plus courant) ou collectifs (moins courant). Certaines de ces stratégies s’inscrivent dans le respect des principes et objectifs généraux du système-mère qui restent centrés sur la satisfaction des intérêts supérieurs de la Nation et du bien-être des populations. Tandis que d’autres s’orientent délibérément vers la corruption du système-mère pour prendre le contrôle de la République dans une logique de servir des intérêts partisans d’une minorité en brimant ceux collectifs et spécifiques des masses. Ceux qui prennent ainsi le contrôle de la République deviennent le Système Pernicieux que les acteurs engagés dans PASTEF autour du président Sonko ont décidé de combattre.

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Le fait est, en effet, que comme le dit si bien Michel Crozier1, lorsqu’un système est en crise ou corrompu, l’ensemble des sous-systèmes qui le composent entrent en crise ou deviennent corrompus. Et le jeu des acteurs se porte ainsi dans la maîtrise des systèmes d’action concrets qu’ils développent stratégiquement au sein du système ou des sous-systèmes.

Des implications du système pernicieux : la théorie des 4 i

Pour illustrer les implications du système pernicieux, je vais emprunter une approche à un respectueux ainé avec lequel j’avais eu l’honneur de partager le plateau d’une émission radio durant laquelle nous nous sommes essayés à une analyse de la société sénégalaise. Il avait alors considéré que dans la société, il y avait quatre (4) i : i) Les Individus ; ii) Les Institutions ; iii) Les Intérêts ; et iv) les Interactions. Pour illustrer les implications du système pernicieux, j’ajoute trois (3) autres i.

Aussi, notre description du système repose-t-elle sur sept (7) i : i) Les Individus ; ii) Les Institutions ; iii) Les Intérêts ; iv) les Interactions ; v) les Influences ; vi) les Insoumis ; et vii) les Insatiables jouisseurs.

Les Individus : ce sont les hommes et les femmes de la nation. Certains occupent des responsabilités au sein des institutions de la République, d’autres exercent, à titre individuel ou collectif, des fonctions dans des entreprises ou organisations privées ou associatives.

Les Institutions : elles sont de deux ordres. Celles qui relèvent de l’organisation de l’Etat (institutions républicaines) et celles qui relèvent de l’organisation des populations (Institutions sociales ou sociétales). Chacune de ces institutions constituent les sous-systèmes du système-mère. Celui-ci et chacun des sous-systèmes doivent leur robustesse et leur justesse ou à l’opposé leur débilité et leur escobarderie à la qualité des individus et à la nature de leur action, relativement à des fonctions qui leurs sont attribuées dans le système. Ces fonctions sont celles d’acteurs.

Cette considération est, on ne peut plus nette, exprimée dans ce qui suit, je cite « L’acteur n’existe pas au-dehors du système qui définit la liberté qui est sienne et la rationalité qu’il peut utiliser dans son action. Mais le système n’existe que par l’acteur qui seul peut le porter et lui donner vie, et qui seul peut le changer »2, fin de citation.

Les Intérêts : ce sont les gains ou dividendes reçus ou attendus à la fois par les individus et par les institutions, consécutifs aux interactions entre individus, entre institutions ou entre individus et institutions. Ces intérêts sont à la fois individuels et collectifs. Les uns n’excluant pas les autres, mais les uns pouvant être détournés par les autres.

Les Interactions : ce sont les interférences, les immixtions d’un ou de plusieurs individus avec un ou plusieurs individus, et avec une ou plusieurs institutions, d’une part et celles d’une ou de plusieurs institution(s) avec un ou plusieurs individu(s) et avec une ou plusieurs institutions, d’autre part. Ces interactions peuvent être négatives ou positives sur le système, le corrompant, dans le premier cas ou l’améliorant, dans le second. Mais, ces interactions peuvent être mutuellement bénéfiques ou maléfiques ou encore bénéfiques pour les uns et maléfiques pour les autres.

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Les Influences : ce sont les effets subis par les uns (les influencés : individus et institutions) ou générés par les autres (les influenceurs : individus et institutions). Les influenceurs sont une minorité (certains des dirigeants des institutions républicaines, socioprofessionnelles et socioculturelles). Alors que les influencés constituent la grande majorité, qui englobe 1) les influencés institutionnels (ce sont certains dépositaires d’enjeux au sein des institutions républicaines, socioprofessionnelles et socioculturelles) et 2) les influencés populaires (la grande majorité : une partie du peuple qui obéit aveuglément à des leaders sur la base d’une appartenance commune d’ordre idéologique, socioprofessionnelle ou socioreligieuse et non sur la base des intérêts supérieurs de la Nation). C’est à travers ces influences que le système est manipulé de l’intérieur comme de l’extérieur.

Les Insoumis : ce sont les rebelles du système. Ils peuvent être actifs comme Ousmane Sonko et combattent le système en prenant le risque de perdre leurs intérêts (y compris leur vie) au nom de la patrie, ou être passifs. Comme de nombreux citoyens indociles du système qui ne prennent cependant aucun risque en vue de préserver leurs intérêts tout en ne se mêlant pas à la corruption active entretenue par le système.

Les Insatiables jouisseurs : ce sont les profiteurs. Ils sont le plus souvent les influenceurs (corrupteurs) et les influencés (corrompus). Insatiables parce que si fortement ancrés dans une dépendance au système qu’ils en deviennent des appendices, “ transhumant “ systématiquement d’un régime à un autre comme du “ bétail “ en quête perpétuelle de pâturage. Et ces acteurs sont justement à différencier nettement de ceux qui, sur la base d’une analyse profonde et d’une remise en cause sérieuse de leur posture nuisible ou victime vis-à-vis du système, se décident, à un moment donné, à rompre avec celui-ci, sans aucun calcul intéressé, outre l’intérêt suprême du peuple et de la nation. Ils prennent ainsi une posture de “ reconvertis “ éclairés qui s’allient contrairement aux “ transhumants “ à la cause des opposants et farouches combattants du système pernicieux et de ses acteurs.

Où situer le combat de PASTEF et d’Ousmane Sonko contre le système pernicieux ?

Il se structure autour d’une action de transformation positive de chacune de ces implications du système pernicieux pour en faire de véritables leviers du développement de notre pays.

Il s’agit de développer sept (7) Actions de Grâce pour l’Illumination et la Réinsertion (AGIR) :

Agir sur les Individus : en renforçant leur éducation et leur organisation vers l’obtention des objectifs de développement de la Nation, fondé sur un sentiment de patriotisme bien ancré et, à tous égards, adossé aux valeurs cardinales qui ont toujours fait la fierté et la grandeur des illustres hommes et femmes de référence que notre nation ne cesse de citer et d’honorer ; 


Agir sur les Institutions : en les réformant pour les rendre conformes aux préoccupations des populations et au processus de développement de la Nation ; 


Agir sur les Intérêts : en les rationnalisant, pour réduire leur asymétrie et renforcer leur interrelation vertueuse et agissante vers l’obtention de changements positifs pour la Nation ; 


Agir sur les Interactions : en les équilibrant et en les conformant aux intérêts supérieurs de la Nation ; 


Agir sur les influences : en infléchissant celles négatives et en promouvant celles positives, pour amener les premières à se repentir et les secondes à se renforcer et préserver les intérêts supérieurs de la Nation ; 


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Agir sur les insoumis: en les renforçant pour mieux consolider leur position de serviteurs inconditionnels de la Nation ; 


Agir sur les insatiables jouisseurs : en les rééduquant pour leur réinsertion vertueuse dans le processus de construction de la Nation et de préservation de ses intérêts supérieurs, mais aussi en légiférant pour mieux encadrer plus judicieusement la liberté d’association, notamment dans le militantisme politique. 


Ces actions de grâce ne sauraient être exclusives des sénégalais ayant appartenus ou eu des accointances avec le système pernicieux. On peut même considérer qu’ils en sont les principales destinataires. Cette action de grâce peut se baser sur deux principes d’ouverture : i) faciliter l’accueil dans PASTEF des repentis du système pernicieux et ii) inciter ceux qui sont encore dans le système à en sortir pour retrouver PASTEF. C’est là tout le sens qu’il faut donner aux actions du président Ousmane Sonko et de la coalition Ousmane Sonko Président.

Quid des alliances dans ce combat ?

Dans la scène politique, il y a deux (2) camps : celui des groupes qui détiennent le pouvoir et celui constitué de ceux qui s’opposent. Dans les deux camps, il peut exister des divergences de points de vue. Mais, celles-ci sont tues, systématiquement chez les détenteurs de pouvoirs ou occasionnellement chez les opposants.

Les alliances ce sont des accords entre des parties d’un même camp. C’est-à-dire entre partis du pouvoir ou entre partis de l’opposition.

Par contre, il arrive que des membres d’un camp quittent leur appartenance initiale pour rejoindre l’autre camp. Quand ce mouvement va dans le sens de l’opposition vers le pouvoir, les concernés sont perçus comme des vicieux, soucieux de leurs seuls intérêts et on parle systématiquement de « Transhumance ». Mais, quand le mouvement est inversé, c’est-à-dire dans le sens du pouvoir vers l’opposition, les concernés sont perçus comme des vertueux dont la seule préoccupation est l’intérêt supérieur de la Nation. Il n’existe pas un attribut systématique, mais, on peut parler de « Reconversion » éclairée.

Dès lors, on ne peut considérer que ceux qui parlent de Transhumance, quand des responsables de partis de l’opposition décident de s’allier à un autre parti du même camp d’appartenance, se trompent d’analyse et d’appréciation.

Par ailleurs, ces responsables de l’opposition, quel que soit leur passé, ne peuvent être considérés comme des exclus de l’action d’Ousmane Sonko dès lors qu’ils décident de s’allier à lui de leur propre chef, d’autant plus qu’ils ont la possibilité de rejoindre le camp du pouvoir comme l’ont fait ceux qui ont nargué l’opinion, des années durant, alors qu’ils sont restés dans leur intime conviction des alliés du système pernicieux (des Insatiables jouisseurs).

Cette note aurait pu être plus développée, mais l’objectif étant de donner un tout petit éclairage, nous nous en arrêtons là, espérant qu’elle permettra à certains de mieux analyser, avec recul et sérénité, le processus en cours dans notre pays et de faire des choix éclairés dans le seul but de protéger les intérêts supérieurs du Sénégal, des Sénégalaises et des Sénégalais.

1 Michel Croizier est un Sociologue français auteur de plusieurs ouvrages dont l’un des plus célèbres est l’acteur et le Système 2 CROZIER M. & FRIEDBERG E., 1977, L’acteur et le système, Editions du Seuil, Paris (Page 11).

Gnambi Sonko est est spécialiste des filières agricoles et de l’Appui organisationnel et institutionnel. Depuis 2004, il travaille comme consultant indépendant en Planification et Évaluation des politiques publiques, et a dirigé à ce titre, plusieurs missions au Sénégal et en Afrique.







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