Macky Sall n’est pas irréprochable. Le processus électoral sénégalais n’est pas exempt de reproches. C’est certain. Il y a des choses à améliorer. Mais faut-il pour cela imaginer un scénario nihiliste ? Et nourrir en plus les volontés de le mettre en œuvre sur le terrain ? Evidemment non !
C’est pourtant ce que l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade lors du comité directeur du Parti démocratique sénégalais, le 13 février. Il a appelé sans équivoque à brûler le matériel électoral dans le but, qu’il clame depuis un certain temps, d’empêcher la tenue du scrutin.
On aurait compris cet appel s’il avait été exprimé par un débutant dans l’arène politique ou par quelque citoyen féru de catastrophe et de chaos. Mais que cette «envie» ait été rendue publique par un homme politique de la trempe d’Abdoulaye Wade laisse sans voix et fait plonger dans les abysses de la déception.
Ceci dénote d’un besoin inextinguible et aveugle de reprendre ce pouvoir que son disciple Macky Sall lui a ravi, dans les règles de l’art et sans jamais proférer une monstruosité comme celle de faire usage de l’allumette. Ce besoin avait été gorgé dans son fils Karim Wade qu’il a essayé de positionner. Mais le ministre du ciel et de la terre sous son père a été emmitouflé dans la toile judiciaire que le président Sall a su tisser autour de lui, le transformant en un impuissant et beau colis gigotant qui a été balancé par-dessus les frontières du Sénégal.
Cette carte ayant été brûlée, voilà l’ancien président qui est désormais prêt à user de moyens purement et affreusement déloyaux pour parvenir à ses fins. Qu’est-ce qui peut expliquer pareils dérapages ? En tous les cas, cette propension de l’ancien chef d’Etat vire aux frasques de sénile, qu’il est difficile de suivre dans de telles élucubrations. Du reste, cette sortie a divisé son parti politique et ses partisans n’ont pas manqué d’exprimer leur désapprobation et leur surprise.
Pour celui qui a suivi la carrière riche et enrichissante de Gorgui, qui a aidé à construire quelques pages importantes de l’histoire moderne du Sénégal, c’est un comportement fort pitoyable pour cet ancien chef d’Etat.
Il est temps qu’il se ressaisisse et revienne dans le chemin de la raison. Il est bon de vouloir reconquérir son pouvoir perdu, mais il est malheureux de le faire en démolissant l’œuvre démocratique qu’on a soi-même contribué à construire.