Après la danse, le jogging… électoral ! Le candidat Macky Sall fait feu de tout bois pour séduire les électeurs. Le choix de la mise en scène sportive, dans sa ville natale (Fatick) vise à prouver qu’il est en forme, bien portant et dynamique. Qu’il aborde cette campagne électorale avec zéro stress, en dépit des attaques de ses concurrents. Et ne se fait aucun doute sur l’issue heureuse du scrutin du 24 février.
Parcourir le Sénégal profond pendant 21 jours ; avoir dans les jambes 504 heures de convois, de caravanes, de meetings et de visites de proximité ; serrer des milliers de mains ; sourire à ces visages dont les micro-expressions en disent long sur le climat mental des électeurs ; prononcer des centaines de discours dans le but de convaincre les indécis et les votants critiques ; prendre des engagements ambitieux…Il faut avoir du «coffre» et respirer la santé pour y arriver. Comme a tenté de le prouver Macky Sall, ce samedi à Fatick, à travers une mise en scène sportive réussie.
Le candidat de Benno Bokk Yakaar (BBY) ne cesse d’étonner son monde. Après la danse, le président sortant s’est livré à un petit jogging à Fatick, sur le chemin du stade Massène Sène où il devait présider le meeting de campagne de la coalition BBY, pour la présidentielle du 24 février prochain.
Ce petit jogging, de quelques centaines de mètres, est un coup de pub politique pour paraître en forme et dynamique auprès des électeurs. Le candidat à la présidentielle qui a visiblement perdu quelques kilogrammes, a besoin de montrer qu’il se sent bien dans sa peau.
Macky a voulu ainsi ouvrir les portes de son jardin secret aux électeurs pour leur prouver que le président sortant s’adonne, chez lui, à des activités sportives. Dans le but de créer une ambiance d’empathie dont les dividendes se transformeront en bulletins de vote le 24 février prochain.
Le choix d’être dans un habit léger (comparé aux costumes ou grands boubous) vise à exhiber les métamorphoses d’un corps qui avait pris de l’embonpoint. Mais surtout qu’il est un homme de terrain, dynamique et combatif. La mise en scène de cette pratique sportive est comme pour narguer ses concurrents au fauteuil présidentiel, en se lançant dans une publicité comparative qui ne dit pas son nom : je suis plus en forme que vous !
C’est aussi une manière de renvoyer l’image d’un candidat qui bat campagne avec zéro stress, en dépit des attaques de ses concurrents et de celles du «Pape » du Sopi. Macky veut montrer qu’il est serein et ne se fait aucun doute sur l’issue heureuse du scrutin du 24 février prochain.
Nous sommes dans la dimension symbolique de la communication politique avec ce «numéro» qu’il a choisi de «jouer» à Fatick, sa terre natale. Comme s’il pouvait tout se permettre ici parce qu’il est protégé par les dieux. L’ancrage atténue toute forme de critique relative à la désacralisation du corps du président de la République. Au royaume de l’enfance, l’on peut se permettre de défricher des lopins de liberté. Comme lorsqu’il se met à pousser les forces de sécurité pour se frayer un passage à l’entame de son jogging.
En effet, le sport fonctionne comme une sorte de métaphore de la politique, parce qu’il renvoie à l’effort physique, au combat, au dépassement de soi, au duel etc. Macky montre, à travers cette mise en scène sportive, que la politique est une course de fond, qui demande de l’endurance et de l’abnégation. Dans ce duel à mort avec ses concurrents au fauteuil, il va se surpasser, donner des coups et en recevoir, car le politique, à l’image du sportif, doit savoir encaisser et se surpasser.
La course à pied, comme l’explique Michaël Atali, c’est «la capacité d’aller au-delà de ses limites, le travail, la régularité… »
Mais quel est la pertinence de ce mode de communication (mise en scène sportive) par Macky Sall, si, parmi les adversaires, il y a plus jeune que lui ? L’offre unique de vente du candidat SonkoPrésident, c’est sa jeunesse. Peut-il lui nier un quelconque dynamisme ?
Le souci de susciter ce vent de sympathie chez les électeurs est indéniable. Macky Sall cherche à casser l’image du héros (celui qui prend ses distances, inaccessible) avec ses pas de danse, son jogging et ses traits d’humour. Le «Niangal» apprend à se départir de son masque.