Tout d’abord, il est important de rappeler qu’aller voter est un devoir citoyen mais surtout un acte civique de haute portée patriotique à travers lequel le citoyen saisit une des rares opportunités à lui offertes pour se prononcer sur le devenir de son pays et sur les hommes à qui il confie son destin et celui des siens pour la séquence de temps d’une mandature. C’est pourquoi il ne saurait être un acte banal, fortuit ou une simple réaction affective, émotionnelle ou situationnelle, personnifiée. Au delà il s’agit d’un acte décisionnel crucial, raisonné, lucide, pris au terme d’une analyse contextuelle, objective, une analyse des programmes, une analyse des profils et des discours, tout cela rapporté, aux compétences de mobilisation des potentialités du pays. C’est suite à cet exercice citoyen, seul dans l’urne, face à sa conscience et devant Dieu , en toute connaissance des enjeux et sans pression aucune, que le citoyen peut s’acquitter librement de son devoir citoyen.
Dans cette veine, les Elections du 24 Février prochain nous placent devant trois dilemmes pour un choix pertinent et judicieux.
A) Quid du contexte politique national et international ? Celui-ci est marqué au plan interne par une fracture béante de la classe politique dans un contexte d’embellie économique avec la découverte d’importantes ressources pétrolières, gazières qui rend le pays très attractif et aiguise de appétits géostratégiques, des convoitises multiples et sordides de la part des cartels et des grands de ce Monde dans un contexte géopolitique international boulimique et régional lourd de périls. C’est là un conteste qui demande de la sagesse, un leadership et un portefeuille avérés, une diplomatique équilibrée et un discours mesuré.
B) Quid des programmes ? En ce qui concerne les programmes économiques, tous les candidats puisent dans le PSE, sans exception, rien de nouveau sinon du réchauffé, le diagnostic, de la situation du pays qui a été fait de manière exhaustive dans le PSE, constitue la réserve à partir de laquelle tous les opposants puisent pour élaborer des propositions de solutions de fortunes différentes. Ainsi les programmes se présentent souvent sous forme de rattrapage économique qui embrasse beaucoup de secteurs tels les infrastructure routières, ferroviaires, l’énergie, l’hydraulique, l’Agriculture, l’Elevage, le Tourisme, la pêche, l’Emploi, l’Education et la Santé etc… La différence entre le candidat sortant orfèvre du PSE et son opposition réside plutôt entre le niveau stratégique et le niveau opérationnel. Sur plusieurs questions, le candidat sortant est quelque part au niveau stratégique, structurel et ailleurs sur le niveau opérationnel ou sur les deux pendant que les autres en sont encore à des vœux pieux. Tous les secteurs abordés dans les discours programmatiques font l’objet de projets phares dans le PSE et certains ont déjà connu des avancées notoires (Projets de désenclavement, projet ferroviaire, projets pour Diaspora, santé universelle avec CMU, Employabilité des jeunes avec les centres de Formation, projets de lutte contre les Effets inhérents aux changements climatiques, gestion des Ressources minières, Energies renouvelables, le numérue etc…). La seule différence dans le discours programmatique procède d’une reformulation de politiques existantes, d’un glissement sémantique, conceptuel, mais les contenus restent les mêmes, c’est le contenant qu’on change souvent (pôle territoire/pôle de Développement économique/Grappes de convergence ; Bourse familiale/ Salaire familial ; Développement des PME-PMI/ petites Unités de transformation des produits locaux etc…
Cependant certains thèmes assez pollueurs ( monnaie nationale, renégociation de contrats pétroliers, gaziers, changement de système, réduction du pouvoir du Président, suppression du cumul Présidence et Chef de parti, dette, fiscalité outrancière etc… , par la manière déconcertante, la désinvolture ou l’amateurisme avec lesquels, ces questions très confuses dans la tête de leurs auteurs ont été balancées, inopportunément au cours de la campagne électorale, constituent une note discordante qui n’a pas manqué d’enivrer une frange de la population juvénile inexpérimentée, non plus de couper le souffle aux initiés et aux personnes averties. Ces questions sont très sérieuses et ne doivent pas servir de sucettes d’enfants. Non loin de nous un pays a tenté une monnaie nationale mais a vite fait d’abandonner et de réintégrer le CFA .Dans un autre très riche parce gâtée par la nature, il faut remplir une brouette de billets pour aller payer une miche de pain. En outre vouloir ramener un système Etatique à un simple « fonctionnement » revient à surfer sur les concepts sans chercher à comprendre la quintessence. Derrière tout système il y a l’intelligence humaine.
C) Enfin l’autre dilemme pas des moindres reste le profil et la nature des candidats parmi lesquels on doit faire le choix. il est fondamental de faire immersion dans l’empire psychologique et sociologique de chaque candidat pour faire un choix pertinent. Dans ce cadre les Elections de 2019 se présentent sous forme de puzzle à cinq figures asymétriques. Le portrait robot du quinté partant donne la grille de lecture suivante :
1) Une des figures cultive le charisme, a un vécu politique, une expérience de l’Etat pas du tout concluante, il est rusé, condescendant vis à vis de tous, autoritaire, un paria politique, rancunier malgré un sourire facile, régionaliste
2) Une autre figure a un vécu politique chimérique, une expérience administrative avérée, manque de charisme, a le commerce trop facile, Républicain
3) Un autre, a un grand vécu politique, une carrière administrative exceptionnelle plus expérience de l’Etat, grande capacité de travail, homme d’action , intrépide, humble, courtois malgré une mine sévère, Républicain
4) Celui-ci n’a pas d’expérience politique, intelligent, arrogant, pédant, manque d’humilité imposteur, courte expérience administrative, nationaliste
5) Enfin, celui-là, figure ombrée, néophyte politique, courte expérience administrative, il est posé, réfléchi, entreprenant, Républicain. Voilà donc chers compatriotes, l’enjeu de ces élections, les mises et enfin les quotes, des concurrents qui sont dans le starting block pour le grand prix de la République du Sénégal, Dimanche prochain. Faîtes le bon pari.
par Walmaak Ndiaye,
Observateur politique