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Faites Vos Jeux, Rien Ne Va Plus !

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Le « parrainage »  aura finalement eu du bon. Il aura permis de délimiter clairement les camps. A y bien regarder, les cinq partis et coalitions de partis issus du tamisage du Conseil Constitutionnel et les regroupements qui ont suivis, ne représentent en fait que deux alternatives. Il suffit d’examiner la composition des états major pour s’en convaincre.

Examinons  la Coalition Benno Bokk Yakkar.

Elle regroupe  comme on le sait, autour du parti au pouvoir depuis sept ans, le vieux Parti Socialiste (PS) qui a dirigé le Sénégal pendant 40 ans, de l’Indépendance à l’an 2000, l’Alliance pour le Progrès (AFP) le parti de M. Moutapaha Niasse, dissidence du PS, les partis de gauche que sont le Parti Africain de l’Indépendance (PAI), la Ligue Démocratique Mouvement pour le Parti du Travail (LD/MPT), l’aile d’And Jeff représentée par M. Landing Savané ainsi que diverses personnalités d’ancienne obédience trotskyste et maoïste. Cette coalition comprend également à la fois des personnalités comme Youssou Ndour et d’anciens barons du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) comme messieurs  Abdoulaye Baldé, Samuel Sarr, Abdou Fall  et autres  Modou Diagne Fada.

Examinons maintenant l’état-major du pôle de partis coalisés autour de M. Idrissa Seck, la Coalition Idy 2019. Il regroupe autour de l’ancien Premier Ministre de Maitre Abdoulaye Wade, des militants du PDS en rupture de ban comme  Oumar Sarr et  pratiquement toute la vingtaine de candidats recalés par le parrainage. Il y a là Habibou Soumaré autre ancien Premier Ministre sous Wade, Abdoul  Mbaye premier Premier Ministre de Macky Sall, Moustapha Guirassy ancien ministre sous Wade, Malick Gakou dissident de l’AFP de Moustapha Niasse et leader du Grand Parti, Thierno Bocoum ancien membre éminent, puis dissident de Rewmi le parti de M. Idrissa Seck,  ou encore Madame Amsatou Sow Sidibé leader du mouvement Kar Lenen ancienne membre du cabinet du président de la République. Il faut citer ici aussi M. Cheikh Bamba Dièye ancien ministre sous Macky Sall et M. Mamadou Lamine Diallo député, chef du parti TEKKI jusqu’alors membre de l’opposition parlementaire.

IDY2019 ayant reçu l’onction de M. Khalifa Sall, nombre de cadres dirigeants de la tendance du PS qui ont pris et fait cause pour l’ancien maire de Dakar, à l’image de M. Barthelémy Dias l’ont rejoint.

Le troisième pôle est celui représenté par  M. Madické Niang.

L’avocat « historique » du PDS et des Wade, père et fils, ancien ministre de la Justice et ministre des affaires étrangères, confident du pape, bien que banni dernièrement, a bien entendu coopté des personnalités du Parti Démocratique Sénégalais. Comme  les anciens ministres Aminata Lo Dieng,  Habib Sy et l’ancien leader des jeunesses libérales, Mohamadou Lamine  Massaly.  Madické Niang qui est  Mouride pur sucre et dont le slogan de campagne et le programme de gouvernement se réfèrent à la doctrine de Serigne Touba, se veut pourtant   « libéral », idéologiquement et économiquement, dans la veine d’Abdoulaye Wade.

Le  quatrième pole est celui du Parti de l’Unité et du Rassemblement (PUR) du  Professeur Issa Sall qui n’a pas attiré beaucoup de chefs de partis non investis candidats à la présidence de la République. Ce qui ne perturbe pas outre mesure ce candidat qui insiste sur l’ancrage populaire plutôt que les alliances politiciennes « Notre coalition, c’est le peuple » dit-il. « Et dès le départ, nous avons dit que notre soutien, c’est le peuple sénégalais. Le peuple nous soutient, donc il n’y a pas de problème à ce niveau. D’ailleurs, je suis le seul candidat à ne pas aller voir les gens pour être soutenu. Parce que j’avais déjà mon soutien ».

C’est que le PUR est inspiré par Serigne Moustapha Sy, le guide du  mouvement Moutarchidines wa Mouchardâtes, excroissance non contrôlée de la confrérie Tijane. Il est significatif d’ailleurs qu’il ait reçu le soutien d’un autre chef religieux de cette même confrérie Serigne Mansour Sy Djamil, chef du parti Beuss Du Niak. Le  PUR bénéficie pourtant de soutiens en dehors des Tijanes tel celui du juge dissident Ibrahima Dème.

Le cinquième pôle est celui de la Coalition Sonko Président, bâti autour du Parti des Patriotes du Sénégal (PASTEF) de M. Ousmane Sonko et de 16 organisations politiques et de la société civile ainsi que des personnalités indépendantes. Notamment le Rassemblement National Démocratique (RND) représenté par le Dr Dialo Diop, Yoonu Askan wi de M. Magueye Mbodj, M. Bruno d’Ernneville,  Mamadou Goudiaby Synergies, Mohamed Sall du MRDS, Abdoulaye Niane de Téranga Sénégal, Bakary Badji de l’Union des Forces Africaines et Daouda Diop Juki Diarignou. Peu de candidats à la candidature recalés sont venus se joindre à cette coalition à part Mme Yacine Fall, M. Pierre Goudiaby Atepa et  M. Boubacar Camara.

Si tout régime est le reflet des hommes et des femmes qui l’inspirent et l’animent et si son action s’inscrit nécessairement dans la dialectique « changement/continuité », favorisant un pôle au détriment de l’autre selon les convictions profondes et les intérêts de classe de ses dirigeants,  que dire de l’APR sinon qu’il est le parti de la continuité. La campagne de son leader ne dit d’ailleurs pas autre chose.

Pour ce qui est de la Coalition IDY 2019, le profil de ses leaders, originels et ralliés post « parrainage »  est éloquent : à l’évidence ces hommes et ces femmes, anciens barons déchus, ont les mêmes profils et les même parcours que leurs adversaires au pouvoir. A l’évidence, un régime de la Coalition IDY 2019 ne remettra pas en cause fondamentalement les grandes orientations et les pratiques politiques de Macky Sall. Même si on devra bien régler des comptes et faire tomber des têtes, pour donner des gages au bon peuple. En outre, ces nombreux barons, habitués aux prébendes et aux passe-droits,  blanchis sous les ors et les honneurs de la République « libérale », reproduiront au pouvoir immanquablement les mécanismes de la gouvernance institutionnalisée par le PDS d’abord, puis consolidée par Benno Bokk Yakkar.

Quant à la Coalition Madické 2019, on le sait son leader se veut le candidat alternatif que le PDS s’est refusé à désigner. Aussi on peut assurément classer  Madické 2019, Idy2019 et Macky Sall au sein du même pôle, celui de la continuité et de la pérennité  du système.

Par contre, le candidat du PUR ainsi que celui de la Coalition Sonko Président, au vu des profils des candidats et de leurs principaux alliés et soutiens ainsi que de leurs parcours politiques, apparaissent plutôt comme des agents de changement, sinon des « antisystèmes ».

Il faut pourtant distinguer les deux projets et candidats.

Le PUR serait un parti « démocrate musulman » (comme on disait démocrate-chrétien en Europe)  alors que le PASTEF et Sonko Président relèvent du souverainisme et du nationalisme africain.

Le choix proposé aux citoyens sénégalais à l’occasion de l’élection présidentielle 2019 se réduit donc en fait à deux alternatives claires : la continuité plus ou moins affirmée (Macky Sall, Idrissa Seck et Madické Niang) ou le changement (selon les différentes modalités proposées par Issa Sall et Ousmane Sonko).

Aux urnes, citoyens !

abathily@seneplus.com







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