Nous avions connu le prétexte du cousinage à plaisanterie entre Sérères et Diolas, utilisé alors sans modération et de manière fort pathétique, pour banaliser ce que nous appelons communément le « problème casamançais », minorer sa dimension institutionnelle et minimiser sa portée politique, et en même temps infantiliser les acteurs concernés, au premier chef desquels les militants et les combattants du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC).
Après tout, disait-on, les Sérères – qui sont au Centre et au Nord du pays ce que sont les Diolas au Sud du pays – et ces derniers sont « cousins comme cochons ». Et d’aucuns de s’auto-suggérer à cet effet : ‘‘Situons-y le « problème casamançais », et nous y trouverons sa solution’’.
Pour leur part, les femmes de la Casamance, réunies au sein de la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance, ne seront pas en reste. Et, au moyen d’un cri du cœur on ne peut plus retentissant, émis à l’intention du chef de l’Etat, elles vont solliciter de celui-ci l’autorisation d’aller au maquis, ès-qualités, c’est-à-dire en tant que grands-mères ou mères, épouses ou sœurs, et de ramener à la maison leurs frères, leurs époux, leurs fils ou petits-fils. Sans aucune autre forme de procès !
Sans attendre, contrairement à son prédécesseur, le président Macky Sall, qui peut être tout sauf sourd par rapport à cette affaire, à peine élu, accédera à leur demande.
Mais, sept ans après, le « miracle » se fait toujours désirer, faute, arguera-t-on, curieusement, de « feuille de route présidentielle » à cette même fin.
Aussi, comme pour y suppléer, et notamment parce qu’en Casamance nous sommes tous « frères comme cochons », le candidat à la Présidentielle du 24 février 2019, Ousmane Sonko, se propose-t-il, une fois élu président de la République, d’user de la ‘‘fibre fraternelle’’, et seulement de cela, pour obtenir de ses frères du maquis leur reddition pure et simple. Et il y va fort, et sans détour : pas de négociation avec ses frères ; pas d’indépendance pour la Casamance ; pas d’autonomie non plus, ni même de statut spécial pour la Casamance. Aussitôt élu, insiste-t-il, il va ramener ses frères du maquis à la maison. Point barre !
Les « cochons sauvages » ou les « cochons de la Brousse » ou encore les « cochons du Maquis », dont je suis, et les « cochons domestiques » ou les « cochons de la République », dont il est, ne sont-ils pas avant out, ou après tout, des cochons ?En tout cas, pour le candidat à la prochaine Présidentielle, Ousmane Sonko, là est la solution au « problème casamançais ».
Voudrait-il, en l’espèce, prouver que, tout Casamançais qu’il est, il n’est pas un indépendantiste, pas même un autonomiste, quoique qu’il soit par ailleurs réputé être un radical « nationaliste », ou « souverainiste », qu’il ne s’y prendrait pas autrement.
De la sorte, « l’homme des épreuves », qu’il était, incontestablement, et qui avait séduit plus d’un en tant que tel, en serait devenu un « homme des preuves ». Et il est à craindre, en l’occurrence, qu’il n’ait pas que cela à prouver.
Non ! Le « problème casamançais » n’est pas une affaire de cousins, ni de frères, ni d’époux, ni de fils, ni de petits-fils.
Le « problème casamançais » est un problème éminemment politique et institutionnelle, qui appelle, pour sa résolution définitive, nécessairement, une solution tout aussi éminemment politique et institutionnelle. Et de préférence, sauf à marcher sur la tête, par la négociation.
C’est pour cela que des Casamançais, hommes et femmes, illustres et anonymes, ont donné leur vie. Cela mérite, ou appelle, le respect. Et peu importe si l’on n’épouse pas leur cause.
Jean-Marie François BIAGUI
Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)
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