«Les élections locales de 2019 revêtent une caractéristique particulière : elles constituent à la fois une sorte de deuxième tour de la récente Présidentielle, mais aussi une sorte de premier tour (avant l’heure) des prochaines Législatives qui vont constituer de véritables «semi-présidentielles », vu l’enjeu de taille qu’elles constituent du fait de l’opportunité de cohabitation qu’elles offrent.
D’ailleurs, c’est cette modalité qui en constitue l’enjeu politico électoral majeur. En effet, il faut dire que dans les suites de l’élection passée, les Locales futures présentent, entre autres, un enjeu psychologique en cas de victoire massive, celui de remonter le moral des troupes, suite au revers électoral, de crédibiliser la thèse de ne pas reconnaître les résultats en les estimant être en deçà de leur performance. Mais le véritable enjeu, c’est l’opportunité d’un nécessaire ancrage local, idéalement institutionnalisé. En fait, une sorte de trésor de guerre, pour ne pas parler de bastion électoral. Par rapport à cette importante échéance, les chances de l’opposition tiennent de deux registres, un registre propre, intrinsèque et un registre extrinsèque qui tiendrait des points faibles du camp du pouvoir. E
n effet, l’acte politique assez inattendu posé par l’opposition (même si certains parlent d’incohérence juridique), à savoir le fait de rejeter les résultats sans aucun recours, reste tout de même un acte politique pas banal qui, en déjouant les pronostics d’un conflit postélectoral qui finirait par dépeindre son image, va chercher à renforcer un certain sentiment de victimisation d’un jeu électoral qu’elle a estimé inique ; d’où une source possible de sympathie. En général, organisées à mi-mandat présidentiel, la proximité relative des élections locales avec la Présidentielle, de par le chevauchement calendaire, constitue aussi, dans une certaine mesure, un atout, en ce sens qu’elle permet de maintenir la cadence et la mobilisation des troupes, en lieu et place d’un estompement de la ferveur et d’une baisse de régime qu’occasionnerait une longue échéance. En plus, la dernière contrainte électorale que fut le parrainage a été une heureuse occasion de travail de terrain et de proximité, permettant ainsi d’avoir une idée plus ou moins précise des localités, pas forcément en termes de résultats ponctuels, mais de contacts et de repères prospectifs.
L’autre atout, c’est le renfort des recalés, surtout ceux-là qui ont une bonne assise locale, mais aussi celui d’une certaine machine électorale qui avait fait le choix de l’abstention, de même que certaines personnalités politiquement non colorées et des immanquables frustrés. L’autre registre, extrinsèque, c’est le risque de fissuration du bloc du pouvoir. En effet la logique de ‘tous pour un’ va céder, sous la poussée du choc des ambitions de figures politiques qui avaient juste tu leurs rivalités le temps d’une élection. Il s’agira véritablement de question de survie politique pour certains qui n’hésiteront pas à prendre le chemin de la dissidence.
En plus, les contraintes de l’agenda républicain avec ses grands rendez-vous (fête nationale, mise en place d’une nouvelle équipe gouvernementale, déclaration de politique générale, recherche de repères de la nouvelle équipe…), les aléas naturels comme l’hivernage… pourraient gêner la préparation. Mais il faut préciser que le pouvoir ne manquera, toutefois pas, de prendre toute la mesure de l’importance, tant au niveau psychologique que politique, de ces échéances, pour user de tout son potentiel. De chaudes empoignades en vue. En définitive, en décembre se joueront les prolongations de la Présidentielle…».