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Les Entraves D’un Changement De Paradigme

Les Entraves D’un Changement De Paradigme

Pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal, nous assistons à des contestations électorales sans recours auprès de l’autorité compétente.                                                                   S’agirait-il juste de stratégies politiques de la part de l’opposition ou plutôt une façon de remettre en cause la légitimité du président de la République nouvellement élu ?

Rappelons un fait : le pouvoir est la faculté et la possibilité dont un ou plusieurs individus ou groupes d’individus disposent pour appliquer, faire accepter, faire exécuter ou imposer par la force des décisions d’ordre physique, moral, intellectuel ou psychologique, à un ou plusieurs individus ou groupes d’individus.

Il faut le reconnaitre depuis 2000, le peuple sénégalais aspire à un changement de paradigme. Cependant 19 ans après, ce vœu pieux des citoyens n’est toujours pas réalisé à travers une volonté politique par les tenants du pouvoir. Pourtant les offres politiques de ce changement ne manquent pas si nous parcourons les différents programmes proposés par les différents partis politiques significatifs du Sénégal.

Depuis 7ans le régime en place n’a jamais fait montre d’une volonté de dialogue politique et sociale sincère pour aboutir à des consensus forts pour la marche de la démocratie et du développement du pays. La principale remarque faite au chef de l’Etat depuis qu’il est au pouvoir c’est qu’il impose sa politique (une dictature camouflée par une fausse démocratie) au détriment d’une démocratie participative. Le pouvoir trop personnel est illégitime, le président qui « agit seul », sans la participation des habitants, reflète (« un dictateur », « un féodal »).

« Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir », disait Rousseau (contrat social).

Autrement dit, les notions de représentation et de représentativité, dans leur sens commun, servent souvent de justification ou de contestation pour la légitimité d’un pouvoir. Aujourd’hui  on pourrait se demander si le peuple est prêt pour le changement ?  Le peuple impuissant cautionne t-il en silence  un forcing qui ne dit pas son nom ? En effet, nous notons qu’officieusement 2.554 605 citoyens ont décidé pour 14.000 000 de Sénégalais.

La théorie marxiste de l’Etat et du pouvoir politique repose sur la conception d’une société divisée en classes antagonistes aux intérêts inconciliables. Une de ces classes domine, exploite les autres et fait valoir, dans une forme politique, les intérêts des individus qui la composent. Afin de mieux réaliser ses intérêts de classe, la classe dominante les fait passer pour des intérêts collectifs universels, en se donnant un pouvoir légitime « comme représentant la société toute entière ». Se faisant alors passer pour celui qui met en œuvre « l’intérêt général », le pouvoir politique pourra refréner les intérêts particuliers des classes dominées  (tyrannie de la majorité). Cette machine d’Etat, faussement légitime, doit être brisée et détruite, comme un parasite.

En effet la justification de la légitimité peut être définie par le suffrage universel mais ne se limite pas à cela , car les phénomènes de légitimité dépassent largement les procédés électoraux qui ne sont qu’un moment du processus de sélection politique : les racines socio-culturelles de la légitimité sous-tendent aussi le rituel électoral, post électoral et ses fluctuations ; l’extension progressive du suffrage (à diverses catégories sociales et à une cartographie reflétant un vote affectif de régions ou confrérique avec leur propre exigence spécifique) suggère d’ailleurs l’importance croissante de la représentativité sociologique comme source de légitimité.                                                                                                                                          

En République, seule la souveraineté populaire est légitime, c’est pourquoi, puisqu’aucun homme n’a une autorité naturelle sur son semblable, et puisque la force ne produit aucun droit, restent donc les conventions pour servir de base de toute autorité légitime parmi les hommes.

Par conséquent, la source de légitimité d’un gouvernement est donc dans le peuple, et non dans le pouvoir lui-même ou sa perpétuation par le rituel électoral uniquement qui ne constitue qu’un élément de la démocratie. Le paradigme de légitimité révèle quatre fonctions pouvant rendre le pouvoir légitime :

1. « Bien connaître les problèmes des électeurs pour les résoudre » (besoins liés au développement durable et non juste ponctuels) ;                                              

2. « Etre bon administrateur et bon gestionnaire » ; (exigence d’une bonne gouvernance)

3. « réaliser ses promesses» ;  (au delà d’une simple campagne électorale)  

4. « Concilier chacun ». (un dialogue politique et social sincère)

Ainsi le président nouvellement élu devrait forcement faire sienne ces quatre éléments pour asseoir sa légitimité afin de mieux prendre en charge les maux qui gangrènent notre société (le manque d’indépendance de la justice, la corruption, l’insécurité, l’insalubrité, la santé, l’éducation, le chômage, la paupérisation galopante dans certaines zones rurales, le manque de transparence dans la gestion des deniers publics, l’impunité des coupables qui se cachent derrière le  régime pour échapper à la justice, le manques de reformes institutionnelles consensuelles, l’achat de conscience, les tensions politiques et sociales…).  Oui, pour parvenir à trouver des solutions à ces maux, force est de reconnaitre que cela demande une rupture qui exige un combat contres les entraves du changement de paradigme. Et cela ne dépendra que du choix du président lui-même et de ses collaborateurs s’ils décident de mettre en exergue leur esprit de dépassement et d’humilité et prêts à servir le peuple au lieu de se servir.                                                                                                                                

Machiavel disait : « Un prince ne doit pas trop se soucier des conjurations, pourvu qu’il ait gagné la sympathie de son peuple, sinon il doit se garder de tout et de tous ». Le prince est prêt à utiliser tous les moyens justifiés ou non pour cette fin : la conquête et la préservation du pouvoir. Evidement si le peuple est endormi, détourné de l’essentiel par des sinécures éphémères, le prince peut gagner sa sympathie mais ceci ne peut durer éternellement car à force de patienter le peuple peut de façon imprévisible se lever comme un seul homme pour  exiger un changement qui peut satisfaire ses aspirations de développement face aux enjeux du moment liés à la gestion des ressources naturelles (gaz, pétrole, zircon, or  etc.).

En effet, ce sont les règles qui régissent le jeu politique de l’élu, qui fait que certaines se font parfois oublier, d’autres sont ressenties comme un carcan insupportable ou inadapté (loi sur le parrainage, acte III de la décentralisation…), ainsi leur légitimité s’en trouve déniée et distinguée de leur légalité.







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