Dans son adresse à la nation après la publication par le Conseil constitutionnel des résultats définitifs du scrutin présidentiel du 24 février, le chef de l’Etat a manifestement pris le parti de ne pas s’installer dans une posture jubilatoire au risque de braquer plus d’une personne. Loin de toute arrogance, il a fait montre d’humilité en affirmant d’emblée que « chaque voix » qui s’était exprimée méritait « d’être entendue et respectée ».
Il ne s’agissait donc pas de se laisser aveugler par les 58,26 % de suffrages exprimés sur sa personne mais plutôt de s’arrêter sur les quelque 42 % contre, pour tenter d’en décrypter le message. Et que disent précisément ces voix ? Sans nul doute que désormais, il est venu le temps de rompre avec une conception nourricière du pouvoir.
Que par conséquent, loin de se contenter d’être une profession de foi qui se suffit à elle-même, le slogan « la patrie au dessus du parti » doit épouser les contours de la réalité concrète. Que les critères de mérite voire de compétence doivent prévaloir dans les nominations aux postes de responsabilité puisqu’il s’agit de « servir » le Sénégal qui nous est commun et non de « se servir ».
Ainsi donc, en appelant toutes les forces vives de la Nation à un dialogue républicain sans exclusive auquel les anciens présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade pourraient apporter leur contribution, le président Macky Sall a l’impérieux devoir d’engager un dialogue véritable et constructif, ce qui suppose la confiance entre les différents acteurs, dans le respect des engagements souscrits, en rupture avec l’idée selon laquelle les promesses n’engagent que celles et ceux qui y croient.
En attendant les propositions qui seront faites à la suite de sa prestation de serment du 2 avril prochain, force est de reconnaître qu’à l’entame du deuxième et dernier mandat, le président Macky Sall a l’opportunité historique de se positionner comme un constructeur d’avenir, en ne perdant précisément pas de vue qu’en dernière instance, le patriotisme n’est rien d’autre que l’amour des siens.
C’est dire que les Sénégalais qui ont montré leur désir de paix, leur foi en la démocratie, méritent bien qu’on les aime, en prenant justement en charge leurs attentes, en proposant des réponses à leurs angoisses et à leur nostalgie de l’excellence.