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Femme

Femme

Tu es gardienne du culte qui ressuscite nos morts

Parmi ton trésor

Le sourire est le plus charmant

Tu marches sur l’escalier du Temps

Sur ta poitrine orgueilleuse, je bâtis mon pari d’Homme

Aan Debo

Tu es mon poème Yéla suprême Soleil

Grand Soleil de Chaleur

Chaleur, Femme!

Chaleur, tes yeux, tes cheveux

Je les chante, Dieu le veut

Ton cœur, ton corps, ton cou

Tes lèvres, tes joues

Sont  flammes qui portent à cent ans

L’enthousiasme de mes vingt ans !

Chaleur, Femme, brimée et si belle

Femme fleuve et fleur d’une douleur pudique au Fouta

Très  tôt le feu dans les vertèbres des nubiles

La rapide vieillesse de nos jeunes filles

Durement l’haleine des virginités violées

Avant le réveil des seins à la chaleur de Juin

Tumulte des tam-tams

Festin et encens brulé

Delya,

C’était la joie

Les larmes pourtant portant l’honneur

Les flammes faisant leur gymnastique

Les théières sur leur trône de feu

Gros tambours: boum-boum

Vieux fusils pan-Pam

La danse des griottes qui dérive de la cadence des jours

Le lait qui coule glouglou dans les bols de bois

Delya,

Je suis le matin en caleçon

Qui plonge agile dans la mer de lumières

D’un jour des travaux durs et prières

Avec toi, Femme

Femme-fleuve sans fond

Femme-baobab sans tronc

Toi la joie de nos cinq sens

Femme argile, femme ile

Femme ciel, femme miel

L’Afrique a froid, la diaspora saigne

Recouvre le monde de la chaleur de tes pagnes !

 

(Extrait de Delya, Mémorial des empreintes, Makkane Editions l’Harmattan, 2016)







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