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Hommage à Madame Maïmouna Kane (par Thérèse Faye Diouf)

Hommage à Madame Maïmouna Kane (par Thérèse Faye Diouf)

C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris la disparition de Madame Maïmouna Kane Ndongo, première femme Ministre au Sénégal. Pionnière du combat pour l’émancipation féminine, Madame le Ministre a été Secrétaire d’État auprès du Premier ministre en charge de la Condition féminine et de la Promotion Humaine, sous le régime de feu le Président Léopold Sédar Senghor, en mars 1978. Elle poursuivra le travail remarquable qu’elle y a abattu lorsqu’elle a été nommée Ministre du Développement social, d’avril 1983 à janvier 1986, sous le régime du Président Abdou Diouf.

Magistrate de formation, une des toutes premières femmes de la corporation ayant même eu à être Présidente de l’Union des Magistrats du Sénégal, Madame le Ministre a également connu un brillant parcours professionnel après avoir été tour à tour, auditrice à la Cour Suprême, Substitut du Procureur de la République de Dakar, Conseillère à la Cour d’Appel de Dakar. Défenseur engagée de la cause des femmes, elle a été membre fondatrice de l’Amicale des Juristes Sénégalaises (AJS) depuis sa création en 1974, contribuant ainsi « à la vulgarisation et à la protection des droits de la personne humaine et plus particulièrement ceux des femmes et des enfants », comme l’a rappelé dans son bel hommage, son ancienne collègue et Présidente d’honneur d’AJS, Madame Dior Fall Sow.

Nous tenons à rendre un hommage mérité à Madame le Ministre Maïmouna Kane pour avoir été l’auteur de nombre de réformes afin d’améliorer les conditions de vie et le statut social des femmes.

« Ainsi, quand, pour les femmes rurales, les principales attentes consistaient à accéder à l’eau, à l’allégement des travaux féminins et avoir des activités génératrices de revenus, pour les femmes urbaines c’était plutôt d’avoir le même salaire que leurs collègues hommes pour le même travail, ce qui n’était pas du tout le cas à l’époque. Elles demandaient aussi la prise en charge de leur congé de maternité. En effet, ou elles travaillaient jusqu’au dernier moment ou elles partaient et ne percevaient alors que la moitié de leur salaire. » Ainsi le rappelait Madame Maïmouna Kane, dans l’une de ses dernières interviews accordées au site debbosenegal.com qui l’ont présentée comme « Celle qui a permis aux femmes d’occuper toutes les fonctions au Sénégal ».

« Dans plusieurs fonctions, les femmes n’étaient pas admises non plus. Par exemple, elles ne pouvaient pas être diplomates, elles étaient écartées de tout ce qui était fonctions militarisées. Nous avons donc dû recenser ces injustices pour permettre aux femmes qui le désiraient d’accéder à ces fonctions. », a ajouté Madame le Ministre, toujours dans cette même interview.

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Alors Ministre du Développement social, c’est à elle que nous, femmes du Sénégal, devons l’adoption de la loi sur le paiement du salaire intégral pendant le congé de maternité. C’est à elle également que nous devons la reprise de l’accès des femmes à la section diplomatique de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) ainsi que leur recrutement à l’Ecole Nationale de Police. Avec une autre pionnière, Feue Madame le Ministre Caroline Faye Diop, Madame Maïmouna Kane a ouvert la voie à des générations de femmes qui ont poursuivi son combat pour l’émancipation et l’autonomisation de la femme. Native de ce mois de mars qui est le mois des femmes, elle a été rappelée à Dieu en ce même mois, comme un ultime signe du destin d’une femme qui a consacré son magistère à améliorer les conditions de vie de ses sœurs. Puisse son héritage être précieusement conservé et perpétué par toutes les femmes du Sénégal, d’aujourd’hui et de demain.

Nous présentons nos sincères condoléances à sa famille et formulons des prières pour le repos de son âme. Que Dieu l’accueille dans son paradis céleste ! Reposez en paix, Maman Maïmouna.

Fait à Dakar le 05 mars 2019

Mme Thérèse FAYE DIOUF,

Coordonnatrice de la COJER nationale,

Maire de la Commune de Diarrere,

Directrice Générale de l’Agence Nationale

de la Petite enfance et de la Case des Tout-Petits (ANPECTP)

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