Au lendemain de l’élection présidentielle, le peuple sénégalais a montré encore une fois son attachement à la démocratie depuis 1848 que son premier vote a été réussi.
Le dimanche 24 Février 2019, les sénégalais se sont levés très tôt pour accomplir leur devoir citoyen et montrer à la face du monde qu’ils tiennent à leur liberté de choisir leurs propres dirigeants. Cette attitude de nos concitoyens interpelle les analystes politiques, sociologiques et économiques afin de comprendre les facteurs qui poussent le sénégalais a voté dans un sens ou dans un autre.
Mais, est ce que le jour de l’élection suffit pour jauger le niveau de démocratie ? Qu’est ce que la démocratie ? Est ce que la démocratie populaire est une condition suffisante pour améliorer les conditions de vie des sénégalais ? Qui est l’électeur sénégalais ? Qu’est ce qui le motive dans ses choix? Quelle est sa marge de manœuvre dans ce modèle politique importé ? L’électeur sénégalais est-il orienté, influencé ou mal préparé dans ses choix?
Les résultats de l’élection présidentielle du 24 Février 2019 ont montré que le scrutin a été savamment pensé, médité et exécuté. Ainsi, l’ingénierie de cette victoire allouée légalement aux tenants du pouvoir, a été parfaitement menée sachant que le processus électoral fût une mascarade sur tout le long de l’organisation. Si nous pouvons citer seulement la rétention des cartes d’électeurs surtout des primo-votants, le refus de mettre à la disposition des partis politiques légalement constitués le fichier électoral, l’usage de la justice pour réprimer de potentiels candidats comme Khalifa Ababacar SALL et Karim Meissa WADE, l’usage de la force sur des jeunes d’éveilleurs de consciences et pour clore le tout, l’usage de l’argent comme arme de corruption excessif envers d’imans, de marabouts ou chefs coutumiers ainsi que le recrutement de transhumants et de Marrons du Feu dans un pays de paix et de SAGES comme le Sénégal. Et cela nous rappelle le titre d’un des ouvrages d’un membre de la mouvance présidentielle qui parlait de «la démocratie prise en otage par les élites » (politiques, économiques, coutumières, intellectuelles et religieuses) sans oublier le rôle important par les média.
Parmi les axes qui ont facilité la victoire au camp présidentiel, on peut citer :
– L’instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Cela interpelle aujourd’hui tous les acteurs de la vie publique qui aspire à une paix sociale, un équilibre des pouvoirs (judiciaire, exécutif et législatif) et une meilleure gouvernance. Le droit a été créé pour réguler la société, mais il est constaté que les hommes de pouvoir l’utilisent dans notre pays pour museler leurs adversaires. Pour remédier à tous ces manquements et faiblesses notés dans notre système judiciaire, l’application des conclusions des assises nationales et de la CNRI (Commission nationale de Réforme des Institutions) est devenue nécessaire.
– Le deuxième facteur explicatif, des résultats du scrutin présidentiel passé, est à chercher au niveau de la gestion administrative. Cette dernière joue un rôle essentiel dans le processus, le déroulement et la compilation des votes pour toute élection. Pendant tout le long du processus, il a été noté que des sénégalais ont été écartés. Certains n’ont pas pu s’inscrire tandis que d’autres sont privés de leurs cartes d’identité et d’électeur. Le but recherché était de faire de sorte que dans les zones favorables au président, les populations reçoivent à temps leur carte d’identité. Dans certains départements, l’élection a montré aussi que le nombre d’électeurs dépasse de loin le nombre d’habitants. Pour des élections libres et transparentes, il faudra remédier à ces manquements.
– L’argent a aussi joué un grand rôle dans ce scrutin. Dans notre pays, lorsqu’on est homme ou femme de pouvoir, on devient un guichet automatique de distribution de billets de banque en faveur des populations. Sachant que plus 50% des sénégalais vivent avec moins d’un dollar par jour, il est facile de jouer sur cette fibre des besoins basiques de la vie pour attirer la sympathie des électeurs. Ce terrain est fertile pour les manipulateurs et acheteurs de conscience qui font de la politique un commerce afin de tirer ultérieurement les bénéfices de leur investissement.
– Autrefois sentinelle de la démocratie, la presse en est devenue aujourd’hui l’élément perturbateur. Lorsque certains hommes de média s’érigent en donneurs de leçon, en analystes en tout genre en se substituant même aux hommes de science; la situation devient critique. Ainsi, il devient impératif d’appliquer le code de la presse pour réguler une bonne fois le secteur.
Malgré tout, le Mouvement Patriotique pour la République (MPR) remercie l’ensemble des sénégalais et particulièrement les un million neuf cent mille électeurs qui ont voté pour l’opposition afin d’avoir des changements notables pour une meilleure gouvernance, un patriotisme économique et un Sénégal sécurisé.
Vive le Sénégal Souverain, Vive la Paix & la Liberté, Vive la Démocratie, Vive l’Unité !!!
Dr EL Hadji Gorgui DIOUF et M. Bougar DIOUF
Enseignant chercheur Président MPR
Président des Cadres
Share on: WhatsAppL’article Présidentielle 2019: Lettre de remerciement au peuple sénégalais .