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La Noblesse D’une Profession Maculée Par Les Turpitudes D’un Minus Habens

La Noblesse D’une Profession Maculée Par Les Turpitudes D’un Minus Habens

Il est à se demander dans quel pays sommes-nous ? A peine le Conseil constitutionnel a-t-il confirmé la victoire du Président Macky Sall avec 58,26%, alors même que ce dernier n’a pas encore prêté serment pour entrer en fonction, que de véritables imbéciles (au sens réel du terme) ont commencé à évoquer la possibilité d’un troisième mandat. Il n’y a que deux hypothèses pour expliquer ces sorties malheureuses et maladroites.

 Soit ces énergumènes cherchent à se faire remarquer par le prince pour ne pas être oubliés lors du partage du gâteau, soit, téléguidés et actionnés par le prince lui-même, ils lancent un ballon de sonde pour jauger la réaction des Sénégalais par rapport à cette éventualité. Dans le cas de la deuxième hypothèse, cela voudrait tout simplement et clairement dire que l’actuel locataire du palais n’exclut pas de solliciter en 2024 les suffrages des Sénégalais pour un troisième mandat. Et pourtant, il avait déclaré que ce n’était point envisageable dans la mesure où ce mandat ci était et ne pouvait être que le second et dernier ; les archives sonores et visuelles sont là pour en témoigner.

Mais comme je n’ai eu de cesse de le dire, quand une autorité politique a une parole instable et un parcours caractérisé par des promesses non tenues et des engagements non respectés ainsi que par des reniements spectaculaires et des abjurations publiques, il ne saurait être question pour les citoyens de l’investir de la moindre confiance. Les exemples foisonnent par rapport à ses promesses non tenues, ses engagements non respectés et ses abjurations ; on peut, sans être exhaustif : la réduction de son mandat à cinq, un  gouvernement de 25 membres passé à 40, un total de 83 ministres, des dossiers complaisamment mis sous le coude, la nomination de son jeune frère à une station juteuse et succulente dont la gestion est soustraite aux corps de contrôle de l’Etat, la promotion de la transhumance jadis considérée comme un cancer, la valorisation de la médiocrité, l’instauration d’une journée du dialogue national jetée aux orties, etc. 

Malheureusement, dans notre cher et beau pays, la puissante convaincante et corruptrice de l’argent a fini par prendre le dessus sur la capacité de nos compatriotes à s’indigner avec véhémence devant autant d’agressions et de transgressions de nos valeurs morales et sociétales.

Dans une précédente contribution j’avais déclaré prendre acte de la confirmation officielle par le Conseil constitutionnel de la réélection du Président Macky Sall et que pour cette raison, je me refuse à entrer en voie d’une contestation qui ne changera pas grand-chose. Seulement, j’avais formulé l’espoir qu’il ne lui viendra pas à l’esprit de vouloir briguer un troisième mandat. Aujourd’hui j’ai de réels doutes, et je continuerai à en avoir ; le doute étant pour tout bon policier un instrument d’analyse et un outil de réflexion.

  Parmi ce ramassis d’histrions qui se livrent à ce jeu sordide et indécent d’évocation d’un troisième mandat, il y a un personnage qui suscite en moi un sentiment pas très loin du dégout et de la répugnance ; il s’agit du professeur Ismaël Madior Fall. Et, c’est ès qualité qu’il sera toujours interpellé et non par son conjoncturel et éphémère titre de ministre. 

Certains le considèrent comme un éminent constitutionnaliste ; mais l’éminence dans une profession ne réside pas seulement dans la maitrise cognitive de sa sphère d’activité, il faut y ajouter une dimension éthique, morale et déontologique qui doit inspirer et encadrer les interventions du sachant. Malheureusement pour notre « éminent constitutionnaliste », les principes sont faits pour être foulés au pied. Notre cher professeur a fait une chute libre dramatique en quittant son piédestal universitaire, ses enseignements de haute facture et ses vérités juridiques pour tomber dans la fange politicienne ou se meuvent avec aisance escrocs, voleurs, criminels économiques, insulteurs, menteurs, traitres, faussaires et autres transhumants.

Avec notre éminent professeur agrégé en droit constitutionnel, le Droit a dérapé du droit chemin pour emprunter le sentier avilissant de la tortuosité. Le Droit, matière de réflexion de haute valeur académique, pédagogique et intellectuelle, est devenu par la faute de ce professeur, objet de discours spéculatifs et morbides, de fausses certitudes, de principes approximatifs, d’interprétations personnelles et de jurisprudences individualisées. C’est tristement regrettable. Notre cher prof s’évertue, par ses arguties filandreuses, à faire sortir le droit du temple du savoir pour l’installer dans la sphère malsaine et nauséabonde de la politique politicienne. A tous les amoureux du Droit, j’en appelle à un sursaut et à une indignation collective.

 Notre cher professeur agrégé en droit constitutionnel est parfaitement en droit de faire siens ces propos récents d’un ministre autrichien « Il n’appartient pas à la politique de suivre le droit, c’est le droit qui doit se mettre au service de la politique ». Il pourrait même se permettre de dire comme Blaise Pascal « Qu’il ne faut jamais dire au peuple que la loi n’est pas bonne, mais qu’il faut y obéir parce que c’est la loi ». L’éminent professeur doit impérativement être remis à l’ordre et à sa place par ses pairs, les seuls outillés pour le démystifier et le démythifier. Il a réussi à malicieusement installer un grand malaise au sein de la communauté universitaire, notamment chez les étudiants, aujourd’hui inquiets voire déboussolés parce que ne sachant à quel professeur se fier. Ce gusse est le prototype achevé du séide prêt à exécuter toutes besognes que pourrait lui confier le prince. A mon avis pour ses bons et loyaux services rendus à ce dernier, notre éminent juriste pourrait bénéficier, pour sa reconversion, d’un important financement pour la création d’un Institut Supérieur de Hautes études en coupe et couture constitutionnelles (ISHECCC).

Quant au Président Macky Sall, il serait très mal inspiré de prêter oreille à ses affidés qui le poussent, mus par leurs propres intérêts, à se renier une énième fois. En effet, sans préjuger de ce qui pourrait advenir, je puis affirmer, que le cas échéant, le peuple ne se laissera pas abuser et saura prendre et assumer ses responsabilités historiques en s’opposant, au prix des sacrifices nécessaires, à ce qui apparaitrait comme une gigantesque forfaiture, un affront absolu et paroxystique. Le peuple, longtemps trompé, manipulé, exploité et trahi par les différents régimes, en a assez des promesses non tenues, des engagements non respectés, des reniements et des abjurations. Il mérite davantage de respect et de plus de considération. 

Son Excellence Macky Sall a tout intérêt à revoir son entourage constitué de faux amis, de profitards, d’opportunistes et de courtisans qui ne lui diront jamais la vérité, se bornant à lui dire ce qu’il veut bien entendre et non ce qui pourrait le servir. 

Le Maréchal Hector de Villiers s’adressant au roi Louis XIV dit ceci « Sire il est difficile de servir et de plaire ». 

Le débat sur le troisième mandat est inutile, inopportune, indécent, nauséabond et foncièrement dangereux pour la stabilité du pays ; cela relève d’un manque notoire de respect au peuple sénégalais qui a d’autres priorités et des urgences de survie.

Le Président de la République doit mettre à profit son discours lors de sa prestation de serment et son adresse à la Nation au soir du 03 Avril pour édifier les Sénégalais et clore définitivement et solennellement le débat. Un silence de sa part sera éloquent et voudra dire qu’il n’exclut pas de solliciter un troisième mandat.

Monsieur le Président de la République, libérez Khalifa Ababacar Sall. L’amnistie doit intervenir avant les municipales pour qu’éventuellement il puisse y participer pour reprendre son fauteuil qui lui a été injustement arraché ; et, à l’occasion, il prouvera qu’il est le maitre incontesté et incontestable de la ville de Dakar. 

           

Le pouvoir au peuple, les servitudes aux gouvernants.

Boubacar Sadio est commissaire divisionnaire de police de classe exceptionnelle à la retraite







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