Les Sénégalais en ont assez de ces débats prématurés autour d’une probable 3ème candidature du Président Macky Sall. Ce sont encore les entrepreneurs politiques qui animent ce débat sans fondement, insensé et inopportun.
Il faut qu’on se dise la vérité entre nous. Autrement, on se trompe et le pays ne s’en sortira pas. Alors, pour quelle raison, avant même la proclamation des résultats provisoires, certains acteurs politiques ont eu l’audace délibérée de polluer l’atmosphère nationale en suscitant le débat sur un troisième mandat du Président Macky Sall, sur le couplage des élections législatives et locales et sur des élections législatives anticipées ? Mais de qui se moque-t-on ? Pourquoi la presse suit-elle ces entrepreneurs politiques dans leurs inepties exagérées ?
On ne peut pas vivre que d’élections. Un pays ne se construit pas en organisant des élections tous les six mois. Non seulement elles coûtent cher à la trésorerie nationale, mais les élections réduisent aussi le temps de travail, la productivité et affectent même le rendement du secteur privé. Aujourd’hui, le Gouvernement est en congé, en attendant le 3 avril prochain.
Si nous prenons l’exemple de la Présidentielle de 2019, le Sénégal a été plongé dans le climat électoral depuis 2017. Tous les acteurs politiques, ceux de l’Opposition comme ceux du Pouvoir, s’étaient déjà engagés dans la compétition électorale. La productivité des services publics a certainement baissé, en 2019, une année électorale. Durant le la collecte des parrainages, suivie de la précampagne et de la campagne, le Sénégal marchait au ralenti. Devons-nous alors continuer à maintenir ce pays dans cette situation éternelle de campagne électorale ? Il faut savoir arrêter.
Quel intérêt a cette classe politique inconsciente à vouloir alimenter ce débat sur le supposé 3e mandat du Président Macky Sall, qui n’a pas encore prêté serment ? C’est même malsain. Sur le plan stratégique, on peut comprendre que les tenants du Pouvoir installent ce débat pour noyer le discours de l’Opposition, qui rejette la réélection de Macky Sall. Mais, en faire un débat politique national, c’est manquer de respect aux citoyens. La Constitution est claire, «nul ne peut faire deux mandats successifs». Macky Sall a déjà obtenu ses deux mandats successifs. Alors, tournons cette page !
Couplage d’élections…
Nous avons également entendu, cette même classe politique, parler d’un possible couplage des scrutins locaux et législatifs, ainsi que la tenue de Législatives anticipées. Pourquoi toutes ces propositions sans aucun fondement sérieux, alors que nous venons de sortir d’une Présidentielle qui nous a coûté des milliards de FCFA ? Au Sénégal, l’élection est comme une denrée de première nécessité, pour les professionnels politiques. Et, malheureusement, nous avons une classe politique qui a toujours faim. Les politiques ne pensent qu’à la date de la prochaine élection. Hélas, ils sont aidés dans ce comportement malsain par la presse, complice de cette élite politique.
Les élections sont derrière nous. Désormais, c’est le temps du travail. Notre élite politique doit comprendre que les populations sénégalaises ont des besoins plus importants qu’aller aux urnes, tous les six mois. Entre 2012 et 2019, le Sénégal a organisé les élections législatives (2012), les Locales (2014), le Référendum (2016), le Haut Conseil des Collectivités Territoriales, les Législatives (2017) et la Présidentielle, cette année. Vouloir encore convoquer le collègue électoral en si peu de temps, c’est manquer de conscience citoyenne et de soucis. Mais, en vérité, il y a des acteurs politiques qui fondent toute leur existence et leurs espoirs sur les élections, et ils croient naïvement que les Sénégalais sont venus au monde uniquement pour les élire à des postes de responsabilités.
Il faut saluer l’exemple du professeur Issa Sall qui, dès le lundi 25 février 2019, est allé reprendre ses cours à l’Université. Tous les autres acteurs politiques doivent suivre cet exemple. Mais, lorsque dans un pays, la majeure partie des politiques est constituée de chômeurs, on ne peut pas s’attendre à des miracles. Leur sport favori, c’est la campagne électorale et les élections. La situation que nous vivons est l’œuvre exclusive de toute la classe politique sénégalaise, dans son entièreté.
Le Sénégal est victime de son élite politique. Elle ne pense au triste sort des populations qu’en période électorale. Les électeurs sont, pour eux, des escaliers sur lesquels elle passe pour se hisser au sommet. Ce qui préoccupe les hommes politiques, c’est le processus électoral et la date du scrutin. C’est dommage ! Mais, ce pays ne sortira jamais la tête de l’eau, tant que nous continuerons à faire confiance à des hommes et des femmes qui manipulent la conscience populaire pour accéder au pouvoir. Ils sont tous responsables de la situation dans laquelle patauge ce pays, Opposition comme Pouvoir.
Mettons-nous au service du Sénégal. Nous nous sommes assez querellés. Il est alors temps que toute la classe politique se retrouve pour se battre ensemble. Le Président Macky Sall a appelé au dialogue. A la place de «dialogue», il pouvait dire «concertations», «échanges», «discussions» car, au Sénégal, la majeure partie pense que l’appel au dialogue est une preuve de faiblesse. Mais bien au contraire ! En plus, le dialogue n’est pas synonyme d’entrisme. Aucun opposant ne doit entrer dans le prochain Gouvernement, car le peuple sénégalais a réparti les rôles, le 24 février 2019, en choisissant ses dirigeants et ses opposants. Alors, que chacun joue son rôle, car le Sénégal a besoin d’une Opposition forte, coriace, pertinente, mais consciente et responsable.
Idrissa Seck peut bien s’enfermer avec Macky Sall pour échanger sur la situation du pays. Rien n’empêche Ousmane Sonko, Madické Niang, Issa Sall, Malick Gakou, Moustapha Guirassy, Pape Diop de rencontrer le Président Sall pour discuter. Est-ce que un crime de le faire ? Pourquoi certains pensent qu’aller rencontrer le président c’est le rejoindre ? En France, le Président Emmanuel Macron reçoit Marine Lepen, Mélanchon et d’autres acteurs de l’Opposition. Cela ne les empêche pas de continuer leur combat dans l’Opposition. Combien de fois, Barack Obama a réuni d’anciens chefs d’Etat américains autour d’une table pour discuter de leur pays ? Ces caprices de l’Opposition ne datent pas d’aujourd’hui car, même sous Wade, les opposants avaient ce même comportent infantile. Ils ont toujours refusé de répondre aux invitations de Me Wade, mais cela ne l’avait pas empêché de faire 12 ans à la tête du pays. Alors, répondez au dialogue du Président Macky Sall, mais n’entrez pas dans son Gouvernement. Lui-même n’en voudrait pas, parce qu’il a assez de clients à la salle d’attente.
Au Sénégal, la politique ne signifie pas l’art de gérer la cité, mais plutôt l’art de manipuler la conscience populaire pour accéder au pouvoir. Aucun débat sérieux, aucune proposition pertinente. En lieu et place, nous avons droit à des insultes, à des Fakes news et à de la roublardise. Les choses doivent changer. Et les populations sénégalaises doivent être plus exigeantes à l’égard de leurs dirigeants et de ceux qui aspirent à les diriger. Choisir un président de la République exige une certaine connaissance et une certaine capacité à pouvoir justifier son choix. Un citoyen qui choisit un candidat doit être capable d’expliquer les raisons de son choix, en dehors des considérations subjectives. Ce citoyen doit également connaître ses devoirs, en tant que Sénégalais. Mais, c’est dommage, la majeure partie des électeurs qui ont voté pour l’un des cinq candidats ne sont pas capables d’expliquer leur vote en s’appuyant sur des arguments des programmes. Cela a toujours été ainsi, depuis la nuit des temps. Et la raison est simple : beaucoup d’électeurs ne sont pas instruits pour pouvoir porter des critiques, même sur les programmes de leur candidat, ou faire une étude comparative entre le programme de X et celui de Y. Alors, pour aider l’électeur à comprendre pourquoi voter et comment voter, il faut l’éduquer, le former. D’où l’importance d’investir dans l’Education.
Le Sénégal a besoin de citoyens instruits, capables de remettre en cause les incohérences du programme d’un candidat ou de comparer les offres. En France, un électeur, qui choisit Mélanchon, vous dira pourquoi.
Mieux, il vous donnera quelques points du programme de son candidat. Au Sénégal, nous devons nous battre pour que 80% des citoyens aient au moins le BAC ou qu’ils aient ce niveau. Une politique discriminatoire positive en faveur de la femme serait salutaire. Et pour cela, il faudrait que 90% des filles qui entrent à l’école aient le BAC. Car, les politiques publiques doivent s’appuyer sur les femmes, qui sont les fondements de la société des hommes. Une femme instruite peut s’occuper de son enfant, déjà avant sa naissance. Cet enfant qu’elle porte aura la faveur d’avoir une maman éduquée, qui sait comment le gérer avant même sa naissance. Cette femme pourra s’occuper de son enfant jusqu’à l’âge adulte et l’encadrer dans ses études. Il est évident que, si les femmes du monde rural étaient instruites, elles seraient mieux préparées à participer à la construction du pays. Par l’éducation et la formation, nous pouvons aider les femmes à aider le Sénégal.
En plus, devons-nous encore répéter que bâtir un pays, ce n’est pas uniquement bâtir des ponts, des routes et des bâtiments ? Non ! Pour bâtir un pays, il faut bâtir des hommes capables de bâtir un pays. Et c’est seulement par l’éducation qu’on pourra bâtir des hommes et des femmes aptes à relever le défi de l’émergence, car l’éducation est le meilleur des investissements.