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Le Courage De Décider Face à La Peur D’être Impopulaire

Le scrutin du 24 février a connu son épilogue, au regard de l’appréciation des observateurs de l’Union européenne, de la Cedeao comme de la Société civile sénégalaise, cette opération n’a souffert d’aucun manque de transparence, ce qui a sans équivoque embelli l’image de notre démocratie et, au-delà, de notre pays.

Les oiseaux de mauvais augure qui présageaient l’hécatombe ou des lendemains électoraux électriques où le désordre et la violence seraient à leur summum, ont été surpris par la maturité des Sénégalais et le génie du ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, le premier à organiser des élections aussi calmes et techniquement aussi préparées. Décidé­ment, Aly Ngouille Ndiaye a eu raison sur ses détracteurs prompts à la critique injustifiée, partisans du nihilisme et adeptes du catastrophisme.

Du point de vue de la logistique, comme de l’organisation administrative, le ministre de l’Intérieur a magistralement honoré le cahier des charges et a assuré aux électeurs et aux Sénégalais ce qu’ils ont de tout temps rêvé : un scrutin transparent et calme et surtout un verdict sans recours. Disons qu’avec ce jeune djolof-djolof, le record Guinness de zéro contestation est battu. Le Peuple sérieux et serviteur zélé de la démocratie se montre redevable et vous dit merci, bravo et mention honorable.

L’acte premier d’après élection présidentielle est la formation d’un nouveau gouvernement et la désignation des différents directeurs qui en composent l’ossature. Exercice assez difficile et compliqué au regard de tous ceux qui ont été acteurs au combat et dont les prétentions doivent être pris en compte.

Dans un partage où l’offre est inversement proportionnelle à la demande, le sens du raisonnable doit être convoqué chez chaque prétendant. Tous ont participé à la lutte mais tous ne peuvent pas être promus, le casting promet d’être serré et ceux qu’il ne prend pas en compte doivent comprendre que la formation d’un gouvernement a ses standards qui transcendent parfois la vision étroite et égoïste du prétendant. Face à cette situation, le courage de décider doit l’emporter sur la peur d’être impopulaire, une suite d’actes majeurs doit être posée.

Le dialogue national, notre particularité expression du dialogue démocratique

Le dialogue national est le crédo de tout modèle démocratique. Il permet aux différents acteurs et camps de trouver des plages de convergence garantes de la stabilité sociale et du dialogue démocratique support de l’ordre social nécessaire à toute gouvernance.

Le dialogue national est généralement théorisé et instauré dans des pays où des conflits de divers ordres bloquent le fonctionnement des institutions, menacent la paix sociale, ralentissent l’économie et parasitent le dialogue démocratique. Le Sénégal n’illustre pas ces cas de figure (touchons du bois), nos institutions fonctionnent à merveille, les crises ethniques qui déchirent certains pays d’Afrique et du monde sont méconnues de notre tissu social où le cousinage à plaisanterie est le catalyseur qui solidifie l’entente entre différentes ethnies. Nos confréries ne connaissent aucun antagonisme inhibiteur source de tensions et de conflits comme en Afrique centrale. Là où les diversités constituent des fractures sociales, le Sénégal est enrichi de ses mêmes différences qui sortent les entités concernées de leur isolement frileux.

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L’appel au dialogue n’est ni un cri du vainqueur, encore moins une faiblesse de celui-ci, mais plutôt une dynamique politique qui cherche à inviter les minorités perdantes à la périphérie de l’Etat et des centres de décision autour des problèmes vitaux du processus démocratique et décisionnel pour lesquels le consensus est souhaité.

Il ne doit point être l’apanage des seuls politiques qui ont fini de montrer leurs limites et trahissent parfois (pour certains d’entre eux) la cause qui doit être la leur. La diversité des acteurs doit être de mise.

L’appel à l’insurrection ou à la violence insinuée ou flagrante venant de certains membres de l’opposition risque de balafrer l’image de la démocratie de notre pays et d’être une note discordante quant à l’entreprise de pacification de l’espace politique. Qu’il s’agisse de Maître Wade, de Idy ou de Sonko qu’ils sachent qu’ils ont accès à la parole publique et selon Max Gallo, «leur responsabilité est de mettre en garde contre l’irruption de la violence».

La sortie de Idrissa Seck, dix jours après la proclamation des résultats, dénote d’un manque de sportivité politique ; dix jours suffisent pour ruminer une défaite. Notre auditeur consultant a peut être mal audité sa stratégie politique qui n’a jusqu’ici abouti qu’à des échecs. «Ngorsi» trouvera consolation en Wiston Churchill, ce grand Premier ministre britannique qui rappelait que le «succès c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme».

Pensez aux oubliés d’hier

Beaucoup d’Apéristes, hier, aux avant-postes du combat pour la deuxième alternance, n’ont jamais été compris dans les différents castings du Président Sall. Ce fait s’expliquait peut être par la logique du gagner ensemble et gérer ensemble dont le leader de l’Apr a fait son viatique justifié par ce besoin d’avoir un ancrage national dont certains leaders comme Tanor et Moustapha Niasse pouvaient être d’un grand et incontestable apport méconnu par des analystes limités qui résumaient tout à l’âge de ces deux pontes de la scène politique sénégalaise.

Niasse dans le Saloum, Tanor dans la Petite-Côte, sont deux phénomènes très édifiants, en termes d’apport électoral vu le grand nombre de militants acquis à leur cause et qui font d’eux des faiseurs de roi. Le Président Macky Sall, en politique avisé, a objectivement apprécié l’apport de ces deux secrétaires généraux qui ont pris une part déterminante dans ses deux victoires. Jusqu’ici le Président Sall a rétribué ses deux alliés à la hauteur de leur apport : «Macky wathiona ak niome».

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Des oiseaux de mauvais augure, à la langue pendue, excellents dans la grossièreté et dans le discours déformant et ordurier parlent de partage du gâteau. Les adeptes du discours mercantile et du chantage résument l’action politique à la quête du gain matériel au lieu d’en faire un sacerdoce dont la finalité est la gestion de la cité. C’est une véritable lapalissade de rappeler que l’engagement politique et la discipline de parti qui ont un certain prix exigent au même moment une certaine rançon. Il est temps de se racheter par rapport à certains oubliés d’hier loyaux et fidèles vivant la discipline de parti.

Des militants ont frôlé tous les périls dans le compagnonnage avec le candidat Macky Sall, tous désintéressés, ils ont enjambé les difficultés les plus multiples pour faire gagner le Président Macky. Ces derniers jouissent d’un background intellectuel et professionnel qui les autorise à espérer être dans le prochain casting. Nul ne peut présager des contours du prochain gouvernement, au vu de la discrétion et la confidentialité qui ont toujours caractérisé les décisions du Président Macky Sall (marque d’un grand homme d’Etat). Mais quelles qu’en soient sa maquette, son ossature et ses différentes composantes, il ne doit point s’écarter de la recommandation de Alfred de Vigny qui rappelait que «le moins mauvais gouvernement est celui qui se montre le moins, que l’on sent le moins et que l’on paie le moins cher» ou de Voltaire pour qui «le meilleur gouvernement est celui où il y a le moins d’hommes inutiles». Un benchmarking du premier mandat permettra de renforcer les acquis et d’opérer certaines ruptures qui peuvent saper les intérêts indus d’une certaine classe. Certains hommes politiques qui ont fait des choix assez suicidaires en s’alliant avec le candidat de l’Apr sont en droit d’espérer quelque chose du maître du jeu pourvu qu’ils trouvent des bornes à leurs prétentions.

Certains mouvements de soutien, présents dans le terrain politique, reconnus par leur agenda d’activités mobilisatrices, ayant parcouru tous les coins et recoins où l’Apr avait rencontré de sérieuses difficultés dans la mobilisation, parmi lesquels la Rencontre des acteurs et mouvements pour l’emergence (Rampe), porte-étendard jusqu’ici taciturne dans les revendications, doivent être sérieusement pris en compte par le locataire du Palais Roume. Permettez à travers cette lucarne de louer la constance, l’engagement et la persévérance dans l’action aux côtés du Président Macky Sall, du coordinateur de la Rampe, je veux dire Hamady Dieng. Cet homme formé à l’école de gauche s’est toujours révélé fidèle et loyal compagnon de Macky Sall aux heures de braises comme aux heures de gloire, une sentinelle de la mobilisation politique dont le mouvement a significativement pesé dans la victoire du 24 février.

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L’amnistie pour Karim et Khalifa ?

La formulation est interrogative, cela n’est pas gratuit ; cette éventualité agitée et relayée par la presse a suscité des commentaires aux fortunes diverses au point que certains en font un élément ou un préalable du dialogue national dont le parrain est le Président réélu.

Le Président Wade a épuisé toutes les stratégies pour tirer son fils d’affaires. Tous les combats entamés ou envisagés par le père Wade n’ont pas trouvé de combattants, et une armée dont l’essentiel des troupes est décimé par le simple plaisir d’un fils qui veut vaincre sans lutter, ne peut réussir aucune conquête. Karim est le présidentiable qui veut vaincre sans péril et croit dur comme fer que le terrain doit lui être balisé par le Pape du Sopi ; quelle apathie. La morale accepte-t-elle qu’un amnistié, délinquant dont le forfait a coûté au contribuable plus 138 milliards puisse bénéficier d’une si grande clémence pénale quand on sait que l’amnistie efface même la réparation. Cela s’appelle du «Coumba ame ndéye ak Coumba amoul ndèye». Modiba Diop ex-directeur de l’Aser a moins fait et pourtant le sabre féroce du régime de Wade ne l’a pas raté. Je ne m’oppose pas radicalement à l’amnistie, pourvu qu’elle soit subordonnée à une transaction du fautif Karim, sinon «dafay yomb» avec tout ce que cela a mobilisé comme moyens pour la tenue du procès. Les mêmes conditionnalités restent opposables à Khalifa qui est coupable lui aussi mais à un degré moindre. Si la traque des biens mal acquis finit par la grâce ou l’amnistie, nos finances publiques ne trouvent plus de protecteurs.

L’élection est derrière nous, le Peuple a librement choisi celui à qui il confie sa destinée pour cinq ans (jusqu’en 2024) et l’action a triomphé sur la parole, le pragmatisme a eu raison de la ruse et de la mystification caractéristiques de l’un des candidats perdants. L’expérience et la maîtrise des arcanes de l’Etat a littéralement noyé la jeunesse et l’inexpérience politique de ce candidat du futur promis à un bel avenir politique.

A force de répandre le bon grain, la semence du Président Macky Sall (Puma, Pudc, Promoville, Cmu, et bourses sociales…) a fini par trouver un sillon fertile qui a garanti ses bonnes récoltes : une victoire au premier tour. Le second challenge du patron de l’Apr est de mieux organiser le parti, de le coacher afin de lui trouver un continuateur capable avec son équipe de réussir la bataille de 2024.

Ibrahima KA

Administrateur national adjoint de la RAMPE

Ibrahimaka56@gmail.com

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