Il devait bien s’attendre à être rattrapé un jour par ce genre de raisonnement, le président Macky Sall.
Comparaison n’est pas raison, dit-on. Pas toujours en tout cas, mais celle là garde tout son sens. Car, comment assumer dire et proclamer « Je suis Charlie » et ne pas juger utile de reprendre « Je suis Christchurch » ces jours-ci. Afin, le dire, non ! Ca c’est un minimum et c’est fait mais les mots et les symbôles ont un sens.
Le Chef de l’état avait fait le déplacement express et participé avec 44 autres dirigeants de ce monde à la marche républicaine du 11 janvier 2015 à Paris en témoignage de solidarité avec la France au lendemain des attentats de Charlie Hebdo. Pour l’arithmétique, les attentats contre le journal satirique c’était 7 morts. Christchurch dénombre 50 victimes froidement abattues par un cinglé dans 2 mosquées. Pour la symbolique, les victimes de Charlie hebdo au nom de la liberté d’expression et Christchurch au nom de la liberté de culte et d’expression de la foi, ca se tient.
Pour le mobile, d’accord ou pas d’ailleurs avec les frères Kouachi. Et plutôt pas d’accord d’ailleurs, autant le dire tout net, mais c’était en réaction à des publications, des caricatures du prophète. Mais tout le monde n’aurait pas utilisé la kalach contre le crayon pour défendre l’islam. Mais à Christchurch alors, aucun mobile . . . sauf la haine du musulman. Quel crime d’aimer Allah.
Le simple éloignement physique et géographique avec cette terre du peuple Maoris ne peut justifier ce semblant d’indifférence sur ce drame qui se déroule en nouvelle Zélande. C’est le genre de comparaison à laquelle on ne doit jamais aboutir, mais les circonstances l’imposent.
*Remplacer les 50 pauvres victimes musulmanes de Christchurch par 50 juifs sacrifiés. Et, imaginer la suite. *Remplacer les 50 victimes musulmanes par la moitié de chrétiens koopte d’Egypte, et ca va certainement vous rappeler la mobilisation exceptionnelle de la communauté internationale pour sauver cette minorité religieuse du pays des Pharaons. Ce n’est pas pour opposer les communautés, elles n’y sont pour rien. Mais rien ne peut justifier l’indignation sélective si l’on veut tous ensemble venir à bout des extrêmes du Nord au Sud, d’Est en Ouest.
Et ce propos n’est même pas une critique contre ceux qui savent émouvoir par leur détresse et entrainer le monde en témoignage de compassion. Non, chacun est libre de penser ou croire que son mal est plus douloureux que celui des autres. A part que c’est très gênant pour nous d’en être là, d’être encore la roue de secours d’une certaine France. 60 ans d’indépendance et toujours pas sevré. Tant pis pour nous.
Apparemment, nous ne savons même pas nous indigner pour nous mêmes. 130 victimes Peulhs viennent d’être « tirés » comme du gibier par une communauté de chasseurs Dogons, ici tout près au Mali. Cela nous paraît finalement si éloigné ce massacre communautaire que c’est rangé partout, presque vulgairement dans la rubrique actualité internationale. Mon Dieu !
Nous aurions bien sûr pardonné au président Macky Sall de prendre notre avion de la République, de se rendre en Nouvelle Zélande pour nous représenter. Nous aurions apprécié qu’il écourta ses vacances pour aller étreindre son frère et ami du Mali. Mais que voulez qu’il en fasse autant quand à Bamako le président IBK, lui-même, croit pouvoir tromper sa tristesse en faisant juste tomber quelques galons et gradés dans l’armée Malienne. Purée !
Finalement la plus belle leçon de vie nous est administrée par la nouvelle Zélande, elle-même. Besoin de personne pour communier, et excommunier le mal en sa société. Pour le coup, ils étaient tous muslim, tous zélandais. C’est tout. C’est sobre, mais quelle puissante expression de la solidarité humaine. Tout simplement !