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Notes De Voyage Au Mali

Notes  De Voyage Au Mali

J’ai eu l’opportunité de séjourner au Mali récemment, dans le cadre d’une délégation du PIT/SENEGAL, invité au Vème Congrès du Parti frère  « Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance » SADI, de l’honorable Député  Dr Omar Mariko. Notre séjour a malheureusement était endeuillé par un double massacre de 26 soldats dans leur camp, d’une part, et de 160  civils peulhs dans leurs villages, d’autre part.

Les entretiens que j’y ai eus, et les lectures de journaux que j’ai eu l’occasion de faire, m’ont aidé à améliorer mes connaissances sur la crise au Mali, que je n’ai  eu de cesse de suivre et de commenter depuis ses débuts.

Aujourd’hui, je donne en partage l’état de mes considérations sur cette crise qui s’éternise et qui s’étend dangereusement dans les pays limitrophes du Mali.

Dans le cercle de Bankass, une des huit circonscriptions de la région de Mopti, un groupe d’autodéfense Dozos recrute essentiellement au sein des  populations «  dogon », constituées en majorité de paysans sédentaires. Une grande partie de ces Dozos se sont réunis fin 2016 pour former « Dan an Amassagou » (les chasseurs qui se confient à dieu  en langue dogon), une association dotée d’une branche politique et d’une branche militaire.

Des autorités politiques et militaires de la zone tolèrent, voire encouragent le développement de la milice « Dan an Amassagou » en   espérant qu’elle contribuera  à freiner l’avancée des groupes  jihadistes dans des zones rurales du centre du Mali où l’Etat se sait absent. C’est dans ce contexte que les Dozos ont acquis des armes de guerre et établissent des bases dans les villes et villages au vu et au su des autorités maliennes.

Ces groupes armés disent se mobiliser pour protéger leurs communautés et remédier à l’impuissance des forces de sécurité maliennes face au développement des groupes jihadistes. Les Dozos accusent souvent leurs voisins « peulhs » de soutenir les jihadistes, notamment la Katiba Macina d’Hammadoun  Koufa, solidement implantée dans d’autres cercles de la région de Mopti.

En effet, Hammadoun Koufa, le chef de la Katiba Macina et l’une des figures fondatrices de la coalition jihadiste dénommée «  Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans »(GSIM), avait exprimé dans ses premiers messages en tant que dirigeant jihadiste, de profondes réticences à assumer la défense d’une quelconque cause peulh. Un tel positionnement pouvait en effet gêner un projet insurrectionnel qui dépassait de loin le cadre d’une seule ethnie au Mali.

Mais, sous la pression de ses propres combattants, dont les familles sont victimes de violences, et sans doute aussi par choix stratégique du commandement du GSIM, Koufa s’est posé, à partir de décembre 2018, en rassembleur des communautés peulhs du Sahel sous la bannière du jihad.

Le jihadisme de Koufa s’est inscrit ainsi dans une logique de « guerre ethnique », jamais dénoncée par les membres de cette ethnie dans les organisations politiques et/ou  de  la société civile du Mali, dans lesquelles ils  militent. La circulation d’armes de guerre et le prétexte de la lutte contre les jihadistes ont ouvert les vannes d’une violence à base ethnique sans précédent dans la région.

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Les Autorités militaires et politiques ont ainsi reproduit au Centre du Mali, dans les régions de Mopti et de Ségou, leur schéma d’instrumentalisation de groupes armés à base ethnique et raciale, pour faire face à la rébellion et au jihadisme  dans le Nord Mali, dans les régions de Kidal et de Toumbouctou.

Le rôle joué par les Autorités Françaises dans le déclenchement de la crise et dans la situation à Kidal, est aujourd’hui largement connu et reconnu récemment  par un ancien ambassadeur Français au Mali.

Cette reconnaissance tardive, qui coïncidait avec une visite officielle au Mali  que le Conseil de sécurité des Nations unies  y entamait le 23 mars 2019,  aurait dû soulever un tollé général dans ce pays,  dans la sous-région et dans l’opinion internationale,  mais elle a été noyée par l’effroyable massacre des peulhs,  perpétué le même jour,  par une centaine de Dozos en armes, dans le village d’Ogossagou-Peulh, situé à une dizaine de kilomètres de la ville de Bankass de 30 000 habitants, dans la région de Mopti.

En conséquence, la rébellion du Nord Mali et les responsabilités de la France  sont passées  ainsi sous la trappe, tandis que  la lutte contre le jihadisme au Mali, est  devenue une lutte contre le nettoyage ethnique dont les peulhs seraient l’objet.

Ainsi  la rébellion Touareg  au Nord du Mali, cède la place dans l’opinion, aux violences des Dozos dans le centre de ce pays.

Pourtant, les forces internationales sont également actives dans le centre du pays, mais la Mission des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a concentré ses moyens sur Mopti et sa mobilité est limitée par son manque de moyens et ses règles de sécurité.

De son côté, l’opération militaire française Barkhane est dotée d’un mandat antiterroriste et se préoccupe plus de lutte contre les jihadistes que de protection des civils, tout  en acceptant de fait, la sous-traitance de cette lutte à la milice « Dan an Amassagou » faite par des Autorités politiques et militaires dans la région de Mopti.

Cette lutte contre le jihadisme dans la région de Mopti s’inscrit ainsi dans une logique de nettoyage ethnique, qui n’est pas inédite au Mali, puisqu’elle a déjà été utilisée par les Autorités politiques et militaires de ce pays, au Nord Mali contre le « Mouvement de Libération Nationale de l’Azawad » MNLA et la « Coordination des Mouvements de l’AZAWAD », CMA.

C’est ainsi que le dimanche 17 mars dernier à Dioura, région de Mopti, s’est produit le massacre de 26 soldats attribué aux jihadistes peulhs, sous le commandement d’un Colonel de l’Armée Malienne, déserteur qui avait rejoint la « Coordination des Mouvements de l’AZAWAD » CMA.

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En étendant la crise au centre du Mali, à Mopti, la CMA montre bien sa volonté de désserrer  l’étau  qui se referme autour d’elle à Kidal, à cause des blocages artificiels qu’elle met dans la mise en œuvre de l’Accord d’Alger 2015, notamment son volet «  désarmement, cantonnement et insertion ».

Un  tel massacre, doublé d’un affront pour les soldats du camp,  a révolté les femmes des militaires du camp de Nioro du Sahel qui ont refusé, le jeudi 21 mars 2019, l’accès du camp à l’ex Chef d’état-Major de l’armée de terre, le colonel Mahamane Baby et sa délégation.

Cette réaction des femmes de ce camp a entraîné celle des femmes d’autres camps plongeant l’armée malienne dans un malaise si profond, qu’il a entrainé  le limogeage du Chef d’Etat-Major Général  de l’Armée, de celui de l’armée de Terre et de l’Armée de l’Air.

Sur ces entrefaites, le 23 mars 2019,  survint le massacre  de plus de 160 peulhs  perpétué par une centaine de Dozos en armes, dans le village d’Ogossagou-Peulh,  situé à une dizaine de kilomètres de la ville de Bankass  de 30 000 habitants, dans la région de Mopti.

Ce massacre est perçu comme une vengeance de la mort des 26 Soldats !

Ainsi, au-delà du centre du Mali, l’ensemble des acteurs impliqués dans la lutte contre les groupes jihadistes, que sont les Autorités politiques et militaires de ce pays, comme les forces internationales, (Minusma, barkhane et G5),  doivent tirer les leçons de ces violences communautaires récentes, et s’abstenir d’impliquer des groupes non étatiques à base ethnique dans leurs stratégies contre-insurrectionnelles et anti- jihadistes.

En effet, il est tout de même paradoxale, que l’armée n’étant pas formée aux métiers de maintien de l’ordre et de la sécurité des populations, de voir les grandes puissances privilégier l’envoi de soldats, à la place de policiers et gendarmes, dans les missions onusiennes de maintien de la paix et de rétablissement de la sécurité dans les pays en proie avec les jihadistes en Afrique.

De même, l’on constate que malgré l’opération Barkhane et le G5, les violences et l’insécurité se généralisent de plus en plus, jusqu’à toucher le Nord du Burkina ; montrant sans équivoque, qu’ils ont atteint leurs limites militaires et politiques dans la lutte contre le jihadisme, qui est, de plus en plus instrumentalisée dans  des règlements  de compte politiques et de  nettoyage ethnique, qui menace de déstabilisation de toute la sous-région.

Mais,  l’attention de l’opinion mondiale est aujourd’hui, détournée des graves problèmes qui sont à l’origine de la crise au Mali, qui est la rébellion de Kidal,  où la « Coordination des Mouvements de l’AZAWAD », la CMA, continue de régner en maître absolu avec le soutien de Paris, et dont les exigences empêchent le rétablissement de la paix   dans l’intégrité de des frontières de ce pays,  héritées  du colonialisme.

Ainsi, la crise sécuritaire se double d’une démoralisation des forces armées  maliennes, dans un contexte d’une profonde crise politique et sociale sans précédent, ponctuée  de plusieurs  mouvements de grève, sur fond de discrédit du pouvoir judiciaire, avec l’accusation publique  de corruption lancée par le Président du Patronat Malien,  à l’endroit  du Président  de la Cours Suprême.

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Cette  situation, pour l’opposition, dès lors que la hiérarchie militaire est demie de ses fonctions, des responsables politiques devraient subir la même sanction avec la démission du gouvernement.

Ce que refuse le Président de la République IBK, tout en continuant à répéter que son pays était en guerre, plongeant le Mali dans un risque grave d’ingouvernabilité. Cependant, la Minusma, dotée d’un mandat de protection des civils et d’accompagnement de l’Etat, est ici gravement interpelée.

Malgré toute l’aide financière et la forte présence militaire des Nations-Unies, de la France avec Barkhane, et le C5 Sahel,  l’insécurité croissante  gangrène  de plus en plus le Mali, et donne l’impression d’une impuissance totale de la Communauté internationale.

A trois mois du renouvellement de la Minusma prévu en juin prochain,  que les Etats-Unis estiment, selon le sous-secrétaire d’État aux Affaires politiques, David Hale,  que « Le moment est venu de voir si une opération de maintien de la paix est bien le meilleur moyen de régler la situation au nord du Mali ».  Ce que ne partage pas la France, selon  son Ministre des Affaires Etrangères.

Cette divergence d’appréciation entre ces deux grandes puissances, sur le sort de la Minusma,  aggrave les facteurs d’incertitude dans la gestion de la crise au centre du Mali,  qui vient s’ajouter aux difficultés de mise en œuvre de  l’Accord d’Alger de 2015.

Dans cette situation inédite dans la crise au Mali, l’Union Africaine devrait, en rapport avec le Conseil de Sécurité, reprendre sa feuille  de route adoptée à Nouakchott, de lutte contre le jihadisme dans le Sahel, qui a été  bloquée  par  l’initiative de la France de création du G5 Sahel,  qui a exclu l’Algérie et le Sénégal qui sont pourtant des pays du champ, et directement concernés par le rétablissement de la paix et de la sécurité au Mali à l’intérieur de ses frontières de 1960.

Cette reprise en main, par l’Union Africaine, de la crise au Mali qui a déjà contaminé le Nord du Burkina, ne pourra être efficace, sans le retrait de la France de sa gestion, et sans l’avènement un gouvernement d’Union nationale de large consensus, pour mobiliser l’Economie et les populations réconciliées parce que rassurées, pour supporter «  l’effort  de guerre nécessaire » contre la rébellion et le jihadisme.

Les Patriotes,  Républicains et Démocrates du Mali devraient considérer le plus vite possible que la France ne fait pas partie de la Solution, puisqu’elle fait déjà partie du Problème, en se rassemblant pour faire face à cette crise qui ébranle tout le Sahel.







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