(Ce poème débute par un appel du muezzin à la prière de l’aurore)
Ogossougou, Ogossougou
Aube lumineuse des prophètes
Se pavane la plume d’un poète
Les intrus autour des familles endormies
Cruels meurtriers d’innocence ensevelie
Les anges en pleurs dans les mosquées
Muezzin aux minarets clamant l’éternité
D’Ogossougou les gorges coupées
Sans voix les fœtus troués
Océan de sang, torrents de larmes
Mercenaires qui essuient les armes
Eventreurs de grossesses avancées
Horreur des cases brulées
Femmes et enfants crient
Le râle des vieillards à l’agonie
Que Dieu sauve le Mali
De l’empreinte du diable maudit
La machette d’un fou en fête
La barbarie est dans la bête
C’est le sang d’une fille peule à nettoyer
La mère pudique et pieuse à violer
Les vaches laitières à voler
Blessés à achever, canaris à casser
Puits à détruire puis les cris hourra
D’un visa de l’enfer à l’au-delà ! Allah
Vous étiez Témoin de leurs querelles séculaires
Qui finissaient toujours sous l’arbre à palabre
Les hargnes amicales sans une part du sabre
Entre éleveur irrité et paysan en colère
A la fin le pardon, plaisanteries et prières
Le peul donne son écuelle de lait
Le bambara sa calebasse de mil
Le dogon sa besace son bol de miel
Le ciel était juge où ils juraient sans méfaits
Depuis des siècles de pleurs surmontés
Leurs champions étaient solides et dans l’allégresse
Qui s’affrontaient virils de la joie des prouesses
Ils étaient les frères aux fronts profonds parfaits
Soudain tout est devenu fumées et de l’eau polluée
Leurs trésors drainés dans la puanteur des marchés
Embarqués par l’épée aux ports de l’Occident et l’Orient
Trompés divisés dépecés usés abusés
L’Afrique de Raison s’inquiète
Et le vent impatient s’invite
A la supériorité têtue du Temps
La veulerie embaume les camps de sang
Des nuées de médiateurs payés de diamant
Envoyés et consultants rétribués d’argent
Jihadistes et colons nostalgiques
Mafieux fauteurs de guerre cyniques
Traitres et diviseurs de nos peuples!
Sortez de l’arène des luttes d’Afrique
Laissez-nous la liberté de jouir
Et souffrir de nos retards sans le pire
La perte de nos amours couleurs essentielles
Nos cousinages à plaisanteries
Nos portes ouvertes à autrui
La vie plurielle d’une Afrique fraternelle !
Makkane est poète, membre titulaire de l’Association des Ecrivains du Sénégal