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Éviter Un Nouveau Partage De L’afrique

Éviter Un Nouveau Partage De L’afrique

Pourtant, pour certains économistes, il y avait de quoi désespérer de cette région où sévissait de façon chronique la pauvreté, la famine, l’analphabétisme, les guerres, les coups d’Etat… Comme par compassion, l’Occident avait arrosé le continent de milliards de dollars sous prétexte d’aide au développement. En plus de 40 ans de perfusion financière, certains pays réussissaient à peine à sortir du coma économique grâce au remède de cheval des programmes d’ajustement structurel. On avait beau essayer toutes les solutions, la cause semblait perdue d’avance.

Les afro-pessimistes oubliaient, dans leurs sombres théories, que les Africains n’étaient pas les seuls responsables de leur triste sort, après des siècles d’esclavage, de colonisation, de pillages de leurs ressources. Mais, à l’heure du bilan, les Africains étaient les seuls coupables de ce que le journaliste américain Stephen Smith assimile à « un suicide assisté », dans son livre « Négrologie : pourquoi l’Afrique meurt ». Bref, tout cela, c’est une vieille histoire à ranger dans les annales de ce continent à la résilience hors du commun, après tant de vicissitudes. Il ne sert à rien de pleurer sur son sort, il faut agir. Petit à petit, des bouleversements se sont opérés, la démocratie a pris racine progressivement, fermant la triste parenthèse des coups d’Etat récurrents, une classe moyenne très courtisée est apparue, des capitaines d’industrie ont fait comprendre aux Africains qu’il est possible de faire bouger les choses dans le bon sens.

En effet, l’Afrique bouge, même si certains l’ont senti un peu tard. « Une nouvelle Afrique a émergé des cendres du passé et prend de l’ampleur. Beaucoup semblent avoir pris un peu connaissance de cette révolution silencieuse qui déferle sur l’Afrique. Il y a un optimisme croissant partout », déclarait le magnat nigérian et Africain le plus riche, Aliko Dangote. Lorsque la clameur des armes s’est tue, le monde s’est, petit à petit, réveillé avec une image positive qui se dessine au fur et à mesure. Comme si on avait oublié que 60 % des terres arables se trouvent dans le continent de la « famine », sans compter ses immenses réserves de cuivre, de cobalt, de manganèse, de pétrole, etc. Jadis délaissé ou exploité par les puissances occidentales, le continent attire, depuis 2000, de plus en plus, aujourd’hui, les puissances émergentes, renouant avec la croissance. Chine, Inde, Brésil, Turquie, ont occupé le vide laissé par les Occidentaux en développant de nouvelles relations avec l’Afrique.

Les investissements directs étrangers, même s’ils sont toujours insuffisants, bondissent de façon vertigineuse, passant d’à peine 8,3 milliards de dollars en 1998 pour tout un continent (1,3 % du montant global) à 42 milliards de dollars en 2017. Il fait maintenant bon d’investir sous cette partie des tropiques, riche de sa classe moyenne de plus de 300 millions de personnes, de sa jeunesse. La Cncuced y incite d’ailleurs, estimant qu’ « il y a des affaires à faire en Afrique, avec des taux de retour sur investissement supérieurs même à ce qu’ils peuvent être dans d’autres parties du monde ». L’enjeu aujourd’hui, c’est éviter une seconde « ruée vers l’Afrique » après la conférence de Berlin de 1884 pour le partage de l’Afrique. Tous ceux qui investissent chez nous le font d’abord pour leurs propres intérêts, la philanthropie ayant peu de place dans le monde du business. Il est temps que le secteur privé africain adopte un nouvel état d’esprit en jouant sa partition dans ce dynamisme économique, sous peine de voir les grandes entreprises occidentales lui ôter le pain de la bouche. Ceci afin que l’Afrique profite enfin à l’Afrique.







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