En quittant, ce samedi 2 avril, Kigali qui se lève sous un ciel d’un bleu pur, je n’avais qu’une seule envie, ne plus partir, mais comme moi, tous ceux qui seront sous le charme d’un pays qui montre qu’une Afrique qui réussit est possible, ne pourront pas y rester. Mais si tous les africains ne peuvent pas vivre au Rwanda, la solution c’est de faire de chaque pays du continent un autre Rwanda. Pour cela, Paul Kagamé doit être désigné consultant des Nations Unie auprès des autres chefs d’Etat pour leur apprendre à gérer un pays, à construire une nation, à bâtir un avenir pour les générations futures.
Je fréquente ce pays depuis 1989. Je m’y rendais dans le cadre d’un partenariat entre l’Université de Butaré et celle de Namur où j’enseignais à l’époque et j’y suis revenue à plusieurs reprises depuis 2001, en tant experte des Nations unies sur les questions de genre. Et que de chemin parcouru sous la houlette de Paul Kagamé, cet homme visionnaire ; mais comme l’a dit Nelson Mandela : « Une vision qui ne s’accompagne pas d’acte n’est qu’un rêve ; Une action qui ne décolle pas d’une vision est du temps perdu ; Une vision suivie d’actions peut changer le monde ». Cet homme qui a changé le visage du Rwanda peut nous aider à changer l’Afrique.
En parcourant ce vendredi 1er avril, le Rwanda, de GISENYI depuis la frontière avec la RDC à Kigali la capitale, nous avons découvert un pays de rêve, un pays qui montre qu’une autre Afrique est possible.
Après cinq jours à Bukavu où l’accès à l’INTERNET était très pénible, la connexion téléphonique dramatique, les routes cahoteuses, et que nous étions obligées de passer par le Rwanda pour rejoindre Kinshasa, notre vol de la MONUSCO ayant été annulé sans aucune explication ; après une traversée de tous les dangers du lac Kivu, nous avons repris la route pour rejoindre le Rwanda par Goma. A peine la frontière franchie, nous avions l’impression d’être dans un autre monde. Un pays qui à la différence de beaucoup d’autres en Afrique, a misé sur les infrastructures et l’organisation.
Il était agréable de circuler sur des routes quasi parfaites, avec des équipements permettant aux paysans d’exposer tout au long du chemin, la richesse des produits vivriers. Dans ce pays accidenté, tout a été fait pour exploiter judicieusement l’eau et la rentabiliser au maximum. On découvre un paysage fait de jardins maraichers (carottes, choux, haricot, ail, etc.) de plantations de tubercules, de café, de thé, de bananeraies, d’ananas et de fleurs exportées vers la Hollande. C’est un pays qui a compris l’enjeu de la santé dans la production. Ainsi, 97% de la population a une couverture médicale grâce à des mutuelles pour ceux qui ne sont pas pris en charge par leurs employeurs, l’Etat prenant en charge les 2/3 des coûts, soit 2000F, et la population contribuant pour 1000F rwandais.
Le Rwanda est un pays qui a opté pour une approche écologique afin de préserver l’héritage des générations futures. Le plastique y est banni depuis longtemps. Seuls les sachets recyclables sont autorisés. Sur trois cent kilomètres de route, nous n’avons aperçu aucun tas d’ordure. Oui, le Rwanda c’est la propreté absolue ! Tous les mois, les maires à la tête des comités de quartiers s’adonnent à l’embellissement de leur localité. Les travaux communautaires sont obligatoires.
Kigali, c’est la sécurité absolue et de jeunes expatriées disent circuler le vendredi jusqu’à 3 heures du matin, car étant sûrs que rien ne peut leur arriver.
Le Rwanda est devenu un pays propre, un pays sûr, un pays où les infrastructures sont en bon état, grâce à un management performant. Depuis huit ans, le Président organise une retraite au sommet où se retrouvent les ministres, leurs secrétaires généraux, les gouverneurs de province, les maires et les ambassadeurs. Chacun devant faire le bilan de sa mission dans l’année, communiquer ses résultats, expliquer ses contraintes et faire des propositions. Chaque responsable se doit de maitriser son dossier et non se contenter de répéter ce que les techniciens lui ont préparé.
Paul Kagamé a montré sa capacité à maitriser des dossiers au point parfois de venir au secours d’un ministre en difficulté, pour rendre la lecture des dossiers lisibles, sans que cela ne soit pris comme une volonté de lui porter ombrage, au contraire. L’acceptation du leadership de Paul Kagamé se traduit par l’effort de chaque citoyen de suivre son exemple. Ainsi, dans l’hôtel où nous logions, en l’absence du chauffeur, le gestionnaire a décidé de conduire la navette qui devait nous déposer à l’aéroport.
Kagamé, c’est aussi le premier chef d’Etat africain qui a cru en la femme et qui l’a matérialisé, pas seulement en permettant une présence massive au Parlement, mais en transformant radicalement les conditions de vie de la Rwandaise. L’accès à la terre est une réalité, l’acquisition de la nationalité des enfants est la même pour les femmes comme pour les hommes, la violence contre les femmes a été vaincue grâce à une sécurité totale. Les femmes comme les hommes reprennent le chemin des universités qui ouvrent leurs portes jusque 23 heures et grâce à des politiques incitatives, les femmes s’y rendent en grand nombre.
Cet homme, qui a radicalement transformé le visage du Pays des milles collines, devrait être commis consultant par les Nations Unies auprès des chefs d’Etat africains, pour leur apprendre à gérer leur pays, pour aider l’Afrique qui regorge de tant de richesses à devenir enfin un endroit où il fait bon vivre. L’Afrique n’est pas démunie, la seule chose qui lui manque c’est un leadership fort, des hommes capables d’avoir une vision, le sens de l’engagement et la capacité du Management au Sommet.
Le métier de Chef d’Etat ne s’enseigne dans aucune école mais l’on peut apprendre auprès des autres. Nos présidents ne devraient avoir aucune fausse honte à recourir à l’expertise de leurs pairs là et à s’inspirer des bonnes pratiques des uns et des autres. Ce serait même tout à leur honneur.
Un chef d’Etat consultant, c’est bien possible. Nous pourrions expérimenter le cas Kagamé