C’est, en effet, le 5 mars, aussitôt après la validation de sa réélection par le Conseil Constitutionnel, que Macky Sall a lancé cet appel, clamant sa volonté d’accorder une oreille attentive à tous ces Sénégalais « qui ont fait un autre choix ». Cet appel a été confirmé hier après sa prestation de serment. Il reste à en définir les modalités. Le Sénégal y gagnerait grandement. Nombre de voix se sont fait entendre pour éviter que ledit dialogue soit emprisonné dans son volet politique. C’est une posture défendable, mais il se trouve que l’aspect politique détermine tout le reste. Après une série d’élections marquées par un certain nombre de dysfonctionnements et la contestation qui a suivi la dernière présidentielle, il est grand temps qu’un consensus fort se dégage sur le processus électoral ainsi que sur ces questions politiques prises en charge par la Constitution depuis le référendum du 20 mars 2016.
C’est le cas, par exemple, de la modernisation du rôle des partis politiques et du renforcement des droits de l’opposition et de son chef. L’espace de dialogue qui sera mis en place pourra, en outre, évaluer l’application du parrainage et corriger ce qu’il y a lieu de l’être et, pourquoi pas, aborder l’épineuse question du financement des partis politiques. Ce sont là des questions essentielles dont le règlement pourrait aider notre démocratie à franchir un nouveau pas. Le processus électoral ne doit pas être enfermé dans une logique majoritaire mais, plutôt, s’adosser à une démarche consensuelle. C’est pourquoi l’opposition a grand intérêt à prendre part à ce dialogue. On lui a reproché d’avoir opté pour la politique de la chaise vide au moment du processus qui a conduit à l’adoption de la loi sur le parrainage, on ne comprendrait pas qu’elle passe à nouveau à côté de cette occasion de mettre sur la table les points de désaccords qu’elle juge susceptible d’améliorer et de fixer dans le marbre le code électoral.
Le « dialogue » et l’«inclusion » sont essentiels à la culture démocratique. Le dialogue doit tenir compte des différents points de vue. L’absence de dialogue inclusif fait le lit de la frustration et, lentement mais sûrement, du rejet et de la révolte. L’acceptation de ce dialogue doit aussi être une posture commune. On ne peut pas y aller avec des a priori ou des préjugés. Objecter déjà que le président de la République ne respectera pas sa parole ou fera fi des conclusions qui sortiront de ces échanges est la meilleure manière d’entretenir la passion qui entoure l’organisation des élections dans notre pays. Or, la passion ouvre souvent la porte à de regrettables dérives. Une culture politique qui ne repose que sur la confrontation serait grosse des mêmes dangers qui ont failli mettre à terre certains de nos voisins. Vivement donc un consensus fort pour dépasser la querelle politique permanente.