A l’annonce de la formation d’un nouveau gouvernement, membres fondateurs de l’APR et militants des années de braise attendaient le président Macky Sall, tel un maitre maçon, au pied du mur. Car certains cadres s’étaient jurés de sonner la rébellion si toutefois des intrus parvenaient à s’inviter dans le gouvernement. Ouf, la non-nomination des transhumants a sauvé l’APR de l’implosion. Paroles du « Témoin » !
Après moult tractations, le Sénégal a finalement accouché d’un nouveau gouvernement. Une naissance qui ne pouvait être que douloureuse puisqu’il s’agit d’une expulsion de 32 bouts de bois de Dieu et trois autres prématurés. Sans compter les mort-nés que le président Macky Sall a ressuscités, hier, avant de les recaser dans des crèches de ministres-conseillers et autres ministres d’Etat. De fait, le nouvel attelage que l’on croyait allégé est en passe d’être alourdi. Toujours est-il que, pour de nombreux proches de Macky Sall et cadres de l’APR qui s’autoproclamaient ministres-embryons, la nouvelle est tombée véritablement comme une douche froide faisant fléchir leur enthousiasme né au soir du 24 février dernier. Ils ne sont pas les seuls. Car, à l’affut dans les palissades du Palais, il y avait une flopée de grands transhumants et petits « ruminants » comme Thierno Lo, Samuel Sarr, Abdoulaye Baldé, Cheikh Tidiane Gadio, Serigne Mbacké Ndiaye, Farba Senghor, Cheikhna Keita, Pape Samba Mboup, Amadou Kane Diallo, Oumou Salamata Tall, Ousmane Ngom, Aïssata Tall Sall, Modou Di- agne Fada, Sitor Ndour, Talla Sylla, Diop-Sy, Cheikh Diallo, Sada Ndiaye, Jean Paul Dias et autres Souleymane Ndéné Ndiaye voire son cousin Me El Hadj Diouf. Toute cette horde de migrants et de refugiés politiques s’attendait fortement à d’éventuelles retombées de la réélection du président Macky Sall. Ce, au mépris de la clameur populaire.
Or, bien que tout le monde ne puisse pas être ministre, la composition du nou- veau gouvernement de Macky II a suscité une véritable vague de mécontentement et de désapprobation chez ceux qui s’arrogeaient légitimement — ou abusivement — le titre de membres fondateurs et militants de la première heure. Par conséquent, imaginez ce que cela aurait pu engendrer comme dégâts si le président Macky Sall avait nommé ministres des transhumants. Ouf ! Tous les observateurs avertis s’accordent à reconnaitre que la non-nomination des « arrivistes », « transhumants » et « resquilleurs » de la locomotive « Benno Bokk Yaakar » ou « Macky2019 » a sauvé l’APR de l’implosion.
Selon un député APR se disant très proche du président Macky Sall, si des transhumants comme Aïssata Tall Sall, Abdoulaye Baldé, Thierno Lo et autres Modou Diagne Fada étaient entrés au gouvernement ou même avaient été nommés ministres con-seillers, il allait démissionner ! « Et je ne serais pas le seul dans ce cas-là ! Car d’autres Apéristes et militants de la première heure avaient décidé de se joindre à moi pour créer un front voire un courant, quitte à lâcher Macky Sall pour de bon ! Heureusement que le président Sall avait bien senti le vent de la frustration pour n’avoir pas promu des transhumants qui ne lui ont rien apporté », nous confie ce député Apr.
Me Siré Sanghote, responsable du Mouvement des élèves et étudiants républicains (Meer) nous renvoie vers les différents discours de rupture du président Macky Sall disant que l’engagement politique doit bien s’accommoder de la morale, de l’éthique et de la loyauté pour se féliciter du sort réservé au transhumant dans le gouvernement Dionne III. « Dans le choix des hommes et des femmes, le président Macky Sall a mis en exergue ces valeurs auxquelles il faisait allusion. Nous nous félicitons du fait qu’il n’a pas nommé des transhumants dans ce nouveau gouvernement », se félicite ce jeune juriste et militant de l’Apr. Mais il s’empresse de préciser ce qui suit : « Attention ! Cela ne veut pas dire pas que le président Sall ne doit pas travailler avec des transhumants. En cas de besoin, il peut choisir une certaine catégorie de transhumants aux compétences avérées pour l’intérêt du Sénégal », ajoute Me Siré Sanghote.
Divagation politique…
En effet, même s’il ne s’agit pas seulement du nouveau gouvernement, ces transhumants des temps modernes ou des prairies abondantes sont bannis, vomis et rejetés à tous les niveaux. Considérés comme des « animaux » politiques en divagation voire en perdition, la plupart des transhumants n’existent que par des chaînes de télévision et des journaux. « D’ailleurs, de nombreux journalistes et animateurs s’arrangent à ne plus les inviter ou les interviewer pour éviter de se faire discréditer », regrette notre député membre fondateur de l’Apr.
Heureusement que sous ce régime de Macky Sall version second mandat, les alternances se suivent, mais ne ressemblent pas. Pour le moment du moins ! Car, ces mêmes têtes sanctionnées ou chassées par les populations sous d’autres cieux sont désormais condamnées à faire leur deuil politique. Pour cause, elles sont politiquement mortes et enterrées par le peuple sénégalais. Pour les réhabiliter, le président de la République Macky Sall serait contraint de mettre les drapeaux de l’éthique en berne.
Quatre jours après la naissance du nouveau gouvernement, « Le Témoin » a tenté d’interpréter les résultats des clichés de l’échographie post-natale. Sous la loupe, il est avéré que les Sénégalais ont applaudi des deux mains, histoire d’homologuer un gouvernement sans transhumants. Autrement dit, nos compatriotes considèrent que ces gens qui ont grassement profité de l’ancien — ou des anciens ! — régime(s) doivent aller s’opposer au lieu de resquiller à la table des vainqueurs de 2012 ou du 24 février dernier. Parce que dans toute démocratie qui se respecte, la majorité gouverne et la minorité s’oppose. L’opposition constitue un contre-pouvoir. Elle permet d’éviter que la majorité ait la tentation de mener une politique portant atteinte aux droits et libertés ou désastreuse sur le plan économique. Mais quoi qu’il en soit, l’APR est sauvée de l’implosion. Pour combien de temps ?