Quand le journaliste est en interview ou en entretien documentaire, ses bonnes questions appellent toujours de bonnes réponses.
Tout le contraire d’un autre journaliste posant des questions quelconques, sans précision ou trop bateau pour en être.
Sur telle chaîne de télévision dakaroise, qui a reçu, en dix jours d’affilée, différents interlocuteurs, les questions « immanquables », « inévitables » semblaient être « pouvez-nous dire… ? », « Ne pensez-vous pas que… ? ».
De bonnes questions pour de bonnes réponses
Des questions très risquées en ce que le questionneur risque d’être pris au dépourvu et dans l’embarras si l’interlocuteur sincère ou pernicieux répond juste et expressément par « non » à la question « pouvez-vous nous dire… ? ».
Si un interlocuteur se prête aux questions d’un intervieweur, c’est qu’il peut dire et accepte de répondre.
Pourquoi, alors, lui demander encore s’il peut ou s’il veut ? Une des règles apprises en école de journalisme est de formuler les questions de manière telle que l’interviewé ne puisse pas répondre par oui ou par non et en rester là, sans que l’on puisse le lui reprocher. A moins que le journaliste ainsi contrarié – par la réponse courte et sèche provoquée par l’imprécision de sa question – soit assez outillé et adroit pour placer une bonne question-relance ou question-réplique.
En interview, rappelons-le, on n’obtient de bonnes réponses qu’en posant de bonnes questions ; autrement dit, quand on pose des questions mal formulées, on obtiendra de mauvaises réponses. Ou on risque de se faire tourner en bourrique par un interviewé vicieux.
Il en est ainsi chez beaucoup de journalistes qui font comme s’il n’existe qu’une seule et même manière de formuler les questions : « pouvez-vous nous dire… ? ». Et si l’interlocuteur répond sèchement « non », le journaliste n’en saura pas plus que s’il avait formulé la question de manière plus précise, sans la circonlocution du « pouvez-vous… ? ».
Questions inductives et dernier mot
« Avez-vous un message à lancer ? » fait partie de ces questions souvent posées pour clore un entretien. Est-il dit que tout interviewé a un message ou appel à lancer ? Tout dépend du contexte et du sujet de l’entretien.
A la question « quel message lancez-vous ?», un ministre malien répondit à un journaliste d’une radio internationale: « Je n’ai pas la prétention de lancer un message, mais je voudrais juste dire… ». Et il dira ce qui a pu avoir valeur de message. Il aurait pu répondre par non et l’interview en resterait là ou bien répondre par oui et délivrer ce qu’il prétend être son message.
« Le dernier mot ? » est de ces questions que posent des intervieweurs sans imagination pour « chuter » un entretien. Pourquoi veut-on, à tout prix, qu’il y ait un dernier mot ? Et s’il n’y en a pas ? A moins que l’intervieweur veuille que l’interlocuteur ait « le meilleur argument de son entretien avec le journaliste ».
Des journalistes plus astucieux préfèrent ouvrir la question – qui peut être aussi fermée – si l’interlocuteur estime n’avoir rien à ajouter à tout ce qu’il vient de dire à son intervieweur. « Y a-t-il un point important que vous auriez voulu aborder et sur lequel je ne vous aurais pas posé de question ? ».
Viennent, ensuite, les questions inductives. « Allez-vous porter plainte ? ». Il y a question inductive quand le journaliste formule la question de manière à ce que son interlocuteur réponde dans le sens souhaité par l’intervieweur.
Les questions inductives sont des questions qui, par leur formulation, sortent de la neutralité et orientent la réponse en fonction de ce que vous désirez entendre.
Ainsi, il y a un « art » ou plutôt une manie de formuler les questions qui affaiblit l’interview et font douter du journaliste. Comme l’écriture journalistique, la formulation d’une question doit être précise.