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L’alibi De La Libye

L’alibi De La Libye

Depuis la chute et le meurtre du guide libyen Mouammar el Khadafi en octobre 2011 à la suite de l’intervention aérienne des puissances de l’Otan (Etats-Unis, Grande-Bretagne et France), l’instauration de la démocratie et de la liberté, qui avait officiellement justifié cette opération militaire, n’a jamais été aussi éloignée du quotidien des Libyens.

Aujourd’hui, la Libye est à nouveau en guerre civile (après celles de 2011 et 2014) à travers l’affrontement entre le gouvernement d’union nationale de Fayez al Sarraj (reconnu par l’Onu et soutenu par l’Ue, la Turquie et le Qatar) et l’armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar (soutenu par l’Arabie Saoudite, l’Egypte et les Eau). Maître de la Cyrénaïque à l’Est du pays depuis 2014 et contrôlant une bonne partie de la production pétrolière, ce dernier a décidé le 4 avril de prendre par la force Tripoli, le fief de son rival avec comme objectif la réunification de la Libye.

L’accord de Skhirat (Maroc) signé dans ce sens en décembre 2015 étant resté lettre morte. La conférence nationale, parrainée par l’Onu et qui devrait se tenir du 14 au 16 avril autour des différents protagonistes, a été de ce fait reportée sine die à cause des combats qui font rage autour de Tripoli. Au moment où la lutte contre le terrorisme islamiste est inscrite sur le glaive des pays tombeurs de Khadafi, on comprend mal le jeu trouble de certains d’entre eux qui soutiennent M. Al Sarraj dont les forces sont alliées à des milices islamistes comme Al Fadj Libya et celles de Misrata.

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En considérant la situation de chaos dans laquelle baigne la Libye, on est tenté de croire au triomphe de la doctrine Cebrowski, un amiral américain qui l’avait théorisée en 2001 pour perpétuer la domination militaire des Etats-Unis sur le reste du monde. Ainsi, selon cette théorie, il y a « d’un côté, des États stables (les membres du G8 et leurs alliés), de l’autre, le reste du monde considéré comme un simple réservoir de ressources naturelles. » « À la différence de ses prédécesseurs, Cebrowski ne considérait plus l’accès à ces ressources comme vital pour Washington, mais prétendait qu’elles ne seraient accessibles aux États stables qu’en passant par les services des armées états-uniennes. Dès lors, il convenait de détruire systématiquement toutes les structures étatiques dans ce réservoir de ressources, de sorte que personne ne puisse un jour ni s’opposer à la volonté de Washington, ni traiter directement avec des États stables. »

 Dans ce cas, la Libye aura simplement servi d’alibi à un projet géopolitique. Les appels à la cessation des hostilités, lancés par l’Onu et d’autres pays acteurs majeurs de la scène internationale, ont jusqu’ici été ignorés par les protagonistes. Le camp de M. Al Sarraj a même annoncé « une offensive généralisée » contre toutes les villes du pays et semble bénéficier d’un soutien matériel de pays occidentaux. A moins d’un cessez-le-feu pour permettre aux belligérants de trouver un consensus minimum pour relancer la tenue de la conférence nationale de réconciliation, les combats en Libye sont partis pour mettre le pays dans une situation encore plus difficile avec d’énormes souffrances pour la population civile.

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D’ailleurs, le risque d’une intervention étrangère (ou de l’Onu) n’est pas à exclure si cette situation devait perdurer, car en tant que pays pétrolier et zone de redéploiement des terroristes islamistes et de départ des immigrants clandestins vers l’Europe, la Libye a une grande importance géopolitique. Déjà, les forces du maréchal Haftar auraient essuyé une attaque aérienne d’origine inconnue et un de leurs avions a été abattu par le camp d’en face. Ce qui se passe en Libye devrait également rendre beaucoup plus vigilants les Algériens et les Soudanais qui ont engagé une phase de conquête démocratique et de recouvrement de la liberté. Si ceux-ci craignent que leur « révolution » ne soit récupérée par l’armée, ils doivent également faire attention à d’autres forces tapies dans l’ombre et qui n’attendent que le moment propice pour s’emparer de leur pays fût-ce au prix d’un embrasement







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