Les flammes de « Notre Dame » mettent la lumière aussi sur l’importance de la sauvegarde et de la restitution du patrimoine pour tous les peuples du monde.
Il y a aujourd’hui, plus que jamais, une nécessité absolue d’inscrire les mémoires, toutes les mémoires sur l’espace de la République ! Ce n’est pas qu’un bâtiment, du ciment, du fer, du bois mais derrière, Notre Dame en incendie suscitant une émotion planétaire légitime, il y a des humains le plus souvent oubliés qui ont entrepris ce travail ! Derrière cet édifice, il y a des histoires, l’expression muette marquée au marbre de la trajectoire d’une Nation, ses joies, ses peines, sa vie, sa mort, sa survie, son existence, sa gloire, ses doutes, son espoir, son espérance.
Je voudrais soutenir que les larmes qui ont accompagné ces flammes viennent des entrailles du peuple de France et des personnes non françaises reconnaissantes ayant visité cet édifice, ce basilique marqué sous le sceau du patrimoine universel. C’est dire que personne n’a le droit d’effacer la mémoire d’un peuple ! Personne n’a le droit de garder, de voler, de spolier l’âme d’un peuple.
Rendez-nous notre patrimoine : notre mémoire !
Quand des Africains avertis parlent du retour de leurs objets d’art volés par les colons pas uniquement français, du reste, c’est qu’ils veulent retrouver un pan de leur passé, le génie de leurs peuples pour mieux inscrire leurs actions dans le futur qui ne peut exister sans le passé-présent.
Ailleurs, on nous demande d’oublier l’esclavage. Ailleurs, on nous demande d’oublier la colonisation. Ailleurs, on nous ment, avec arrogance et irrespect. La gifle du père fouettard n’est jamais en loin ! Comme des enfants hagards, nous les fils aînés de la Terre, nous les premiers sur le Berceau de l’Humanité, comme si on avait en face un Papa pas cool qui donne une gifle bien sentie à son gamin en lui disant c’est te mettre du baume au coeur !
Pourtant la reconnaissance des mémoires participent à guérir aussi les souffrances, à créer des points de convergences, à susciter un dialogue utile pour l’entente de l’humanité une et multiple !
Par exemple, » Parler de l’esclavage, ce n’est pas faire de l’entêtement rétrospectif » pour reprendre les mots que m’avait confiés le grand philosophe Sénégalais Professeur Souleymane Bachir Diagne, enseignant à Columbia University, répondant à la grande bêtise de Nicolas Sarkozy, alors président de France, sur l »’Afrique n’est pas suffisamment entrée dans l’histoire ». Vous voyez donc l’importance de la Mémoire dans l’Histoire des peuples !
Il est, rigoureusement, très important que les Africains soient les gardiens de leur propre mémoire ! Nous rendre nos oeuvres d’art, est nous rendre notre imaginaire !
Bachir Diagne poursuivait » pour l’avenir de ce continent, il est important que nous sachions gérer la mémoire » car martelait-il, « il y va de qui nous sommes, de ce nous voulons être dans le futur », lors d’un entretien exclusif, avec votre serviteur, en 2007, plus de 10 ans avant que l’actuel Président des Français, Emmanuel Macron ait eu la brillante idée de demander un Rapport sur « la restitution du patrimoine africain ».