CONTRIBUTION
La politique est véritablement une bonne fille pour les acteurs politiques sénégalais. Elle enrichit, elle favorise les promotions rapides et contribue fortement à l’obtention d’un statut de nouveau riche même si dans le passé votre existence a longtemps perduré dans la pauvreté et le dénuement.
Il est aisé de comprendre, ainsi, pourquoi la transhumance est si vivace dans la trajectoire des chercheurs de prébendes autant chez les politiciens, auprès des religieux, dans la société civile que dans le landerneau artistique, culturel, sportif et journalistique.
La politique au Sénégal est le plus court chemin pour accéder aux richesses et aux avantages de la République. Et sur ce registre, le Président Macky Sall, malgré ses incantations et sa profession de foi pour l’établissement d’un nouveau type d’homo-senegalensis et de sa ferme détermination à une meilleure gestion des affaires publiques et à une plus grande transparence dans celles-ci, ne semble avoir rien changé. On reprend les mêmes habitudes, on les perpétue et la fabrique de recyclage des nouveaux dignitaires de la République fonctionne à grande vitesse.
En l’espace de 03 (trois) semaines, Macky Sall, qui avait promis de souffler un vent de changement après sa réélection de février dernier, est en passe de trouver des planques et de recaser tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont participé à sa campagne victorieuse.
Ainsi, des ministres défénestrés se retrouvent nommés à une direction de société nationale et des cadres de l’APR, déçus pour n’avoir pas été élevés à la dignité de ministre, se voient récompensés de juteuses postes de grande direction dans la Fonction Publique. Comme un partage de gâteau, aurait dit Landing Savané, patron de And Jëf à l’époque où il lançait des flèches contre Abdoulaye Bathily et la LD ainsi que Amath Dansokho et le PIT quand ses derniers siégeaient dans le gouvernement de majorité élargie du Président Abdou Diouf.
Le Président Macky Sall, à la différence de son prédécesseur et mentor Abdoulaye Wade qui s’est toujours dépeint comme un homme nuancé, est moins facile à saisir dans sa cohérence. Il énonce souvent ses principes, procède à des rappels pour « re » préciser ses intentions, toute chose qui rend séduisants et attachants ses objectifs. Là où le bât blesse, c’est souvent dans les méthodes mises en action ou dans les chemins qui doivent contribuer à y parvenir.
Réduire le train de vie de l’Etat en mettant de l’ordre et de la rigueur dans les dépenses de fonctionnement comme le téléphone, les conventions immobilières administratives, le parc automobile de l’Etat… et dans le même temps vouloir caser tous les transhumants, souteneurs, porteurs de voix de la majorité présidentielle, alors que déjà l’Assemblée Nationale, le Conseil Economique Social et Environnemental, le Haut Conseil des Collectivités Territoriales sans oublier les Présidences de Conseils départementaux et des Mairies de ville offrent plus de 1.500 (Mille Cinq Cent) « planques » pour le landerneau politique et coûtent pas moins de 100 (Cent) milliards de Francs CFA au Trésor public, ne semble pas être une bonne direction.
Seules les postes politiques devraient être sous la seule emprise de la nomination du Chef de l’Etat tandis que celles relevant du management et de la gestion, être soumises à des appels à candidature et être limitées dans le temps afin d’éviter le mandarinat et favoriser, ainsi, le culte de l’excellence et de la performance.
Une profonde injustice et une discrimination certaine frappent tous les citoyens qui ont choisi l’entreprenariat privé au détriment des fonctionnaires, agents de l’Etat et politiciens qui ont choisi de faire carrière pour les deux premiers nommés dans la Fonction Publique et pour les derniers nommés dans la politique.
Devenir agent de l’Etat en optant pour la Fonction Publique et atterrir dans certaines « stations névralgiques » peut vous conférer un pouvoir de signature beaucoup plus enrichissant que si vous étiez détenteur et exploitant d’une mine d’or à Kédougou.
Cela explique, en grande partie, cette frénésie de nombreux hauts fonctionnaires à plonger dans le marigot politique afin d’obtenir des postes de direction juteuses ou des sinécures pareilles à des rentes ou des charges notariales à défaut de devenir ministre.
Pour le landerneau politique sénégalais, la règle d’or c’est un engagement à la base afin de gravir rapidement les échelons de maire, de député pour devenir ministre et participer au festin de la République. Car, il est unanimement accepté au Sénégal que toutes les routes de la politique conduisent à une même destination : l’enrichissement rapide.
Ni l’IGE, la Cour des Comptes, l’OFNAC, la trouvaille de Macky Sall, encore moins les officines de régulation comme l’ARMP, l’ARM, le Contrôle financier ne semblent être parvenus avec leurs audits et contrôles à éradiquer ou à refreiner les abus, la gabegie, la concussion, le détournement dans les mœurs administratives et politiques.
La poursuite par le Président Macky Sall de cette politique de distribution des prébendes et du recasement tout azimut de ses militants de l’APR et de ses alliés de la majorité, de la Société Civile, est une prime à la persistance des bonnes vieilles habitudes de partage de gâteau car la saison des cadeaux vient de commencer pour le démarrage de son nouveau quinquennat.
Abdoulaye Bamba DIALLO
La saison des sucettes et du partage du gâteau (Par Abdoulaye Bamba DIALLO) – L'info continue en temps réel.