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Le Crépuscule Des Traîtres (par Boubacar Sadio)

Le Crépuscule Des Traîtres (par Boubacar Sadio)

CONTRIBUTION

«La rançon de la traitrise,

c’est la déchéance» La vie politique de notre pays été caractérisée, pendant ces deux dernières années, par la frénésie d’un phénomène foncièrement animalier, mais très honteusement et outrancièrement pratiqué par une catégorie particulière d’êtres humains, notamment ceux-là qu’on qualifie de politiciens. Le relent aversif et répulsif qu’ils suscitent, amènent certains à les traiter tout bonnement et sans aucune gêne de «politichiens». Il s’agit de la transhumance définie comme le déplacement saisonnier d’un troupeau en vue de rejoindre une zone où il pourra se nourrir convenablement. Le vocable sied bien à nos politiciens qui, souvent, se targuent d’avoir effectué la migration avec des centaines, voire des milliers de militants ; et, ce n’est pas pour rien que l’on parle de «bétails électoraux» à leur sujet.

Ce phénomène migratoire alimentaire de survie a connu une accélération, une exacerbation, une grande ampleur et une forte intensité à la veille de l’élection présidentielle du 24 février 2019. Les Sénégalais ont assisté, médusés et surtout dégoutés, à des ralliements tous azimuts, insoupçonnés et insoupçonnables tellement les propos et les discours de leurs auteurs à l’encontre du président sortant étaient d’une agressivité et d’une virulence telles qu’on ne pouvait, un seul instant et raisonnablement, croire qu’il pourrait y avoir des retrouvailles entre ces contempteurs impavides et le président.

Le drame, et ce qui véritablement fait mal tant au coeur qu’à l’esprit dans cette pratique malsaine et répugnante, en totale contradiction avec toutes nos valeurs morales et sociétales, c’est qu’elle a été outrageusement encouragée et entretenue par le président de la République lui-même qui ne se gênait point de considérer comme triomphal le fait d’enregistrer des ralliements à longueur de journée au palais, siège de la légitimité populaire où il ne réside qu’en sa qualité de simple locataire. Certains parmi les transhumants ont bénéficié de l’insultant privilège d’être considérés comme de «gros poissons», c’est le cas du maire des Parcelles assainies. Il est bon de préciser que les poissons sont de très grands migrateurs.

L’ampleur et la fréquence de ce phénomène observées à quelques jours du scrutin, m’a quelquefois fait penser aux gnous, ces antilopes d’Afrique, à grosse tête chevaline, ornée d’une barbe et d’une crinière, qui effectuent des migrations saisonnières en troupeaux immenses. La comparaison, un peu tirée par les cheveux, je l’avoue, s’arrête là ; en effet, contrairement à leurs déclarations triomphalistes et leurs fanfaronnades, les responsables politiques qui transhument n’emportent pas l’adhésion en masse de tous les militants. Les réfractaires sont de très loin plus nombreux que les suivistes qui y vont sans conviction. Certains ont fait l’objet de vives contestations de leurs choix.

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La transhumance est une pratique hideuse, une véritable perversité politique et une réelle gangrène sociale. Et ce n’était pas pour rien que celui qui en est, aujourd’hui, le héraut et le chantre, l’avait qualifiée d’indigne, d’abjecte et de cancer de la vie politique. Je vois là l’image de quelqu’un qui ravale sa vomissure. Je n’aurai de cesse de dire que les transhumants sont des êtres immondes, immoraux et amoraux, détestables et honnis. Ils constituent une horde de chacals, d’hyènes ou de lycaons affamés et gloutons qui ne cherchent qu’à se rassasier quelle que soit la qualité de la pitance disponible. L’essentiel étant de satisfaire leur instinct bassement alimentaire en se remplissant la panse. Ce sont tous, sans exception, des hommes de corde et de sac qui suscitent répugnance et dégout auprès des populations. Sont tout aussi détestables et exécrables tous ceux qui encouragent une telle pratique et se glorifient de les avoir accueillis.

Une chose est à préciser pour la gouverne des Sénégalais. Si les transhumants partagent cette volonté d’effectuer une migration alimentaire avantageuse, ils adoptent des stratégies et des approches différentes. Certains, se refusant toute dignité et tout honneur, déclarent solennellement devant les media qu’ils se sont trompés dans leur appréciation de la politique du président après lui avoir cassé du sucre sur la tête des années durant ; d’autres évoqueront par pusillanimité des pressions morales subies de la part de leur guide religieux. Le comble, c’est qu’on trouve dans cette catégorie de citoyens supposés respectables et sages, des enturbannés adeptes d’une tortuosité à vous couper le souffle ; cette remarque est valable chez les communicateurs traditionnels. Les plus fins ou les plus futés, essaient de faire dans un fallacieux formalisme en prétendant solliciter l’avis d’une fausse base constituée d’individus stipendiés auparavant.

Les transhumants ont une idiosyncrasie inondée par un égoïsme exacerbé et un égocentrisme invétéré avec un profond ancrage dans leur subconscient. Pour eux qui se croient sortis des cuisses de Jupiter, la vie ne saurait s’envisager sans luxe ni luxure, sans pouvoir ni puissance. Aussi, afin de toujours évoluer dans les sphères distributrices de rentes et de prébendes, ils sont prêts à se prostituer. Ce n’est point leurs soucis de comprendre qu’il y a deux formes d’héritage à léguer à ses descendants ; l’un est matériel et l’autre immatériel. L’héritage matériel est constitué des biens tels que les maisons, voitures, champs et ressources financières, etc. ; cet héritage a la caractéristique principale d’être périssable. Quant à l’héritage immatériel, il s’agit de léguer à sa postérité, à sa descendance des principes de vie et des valeurs morales de référence dont elle saura toujours se réclamer et se prévaloir avec fierté et qui lui vaudront, en toutes circonstances, de la part des autres membres de la communauté, respect, considération, égards et une admiration envieuse mais bienveillante.

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Les résultats obtenus à la présidentielle indiquent clairement et démontrent à suffisance que l’apport des transhumants a été insignifiant, pour ne pas dire nul. Et cela, le président Macky Sall l’a très bien compris et en a pris conscience. Aussi, n’est-il pas étonnant qu’aucun transhumant ne figure dans l’attelage gouvernemental ; et ce n’est pas de gaieté de coeur que le président les a zappés, il a cette fois-ci tenu compte de l’aversion des Sénégalais pour les transhumants. S’ils ont été ignorés institutionnellement, financièrement, ils ne perdent pas au change. En effet, ils ont monnayé leurs convictions antérieures hostiles avec des espèces sonnantes et trébuchantes allant de 5 millions à 300 millions et ce, en fonction de beaucoup de critères, dont la proximité affective, le long compagnonnage, la capacité de nuisance, la volubilité et la faconde oiseuses mais comminatoires, l’occupation pathologique des médias, la connaissance de certains secrets d’ordre public ou privé. Ce vil marchandage a permis à certains de faire bénéficier à leurs enfants de bourses étrangères, d’autres ont pu avoir des prises en charges pour une évacuation sanitaire de proches parents.

Aujourd’hui, le constat est amer et douloureux pour les transhumants ; et c’est vraiment dommage pour ces pauvres lascars qui n’ont aucun sens de l’honneur ni aucune fierté. Il est évident, et ils s’en sont certainement rendu compte, qu’ils ont vendangé et compromis durablement, pour ne pas définitivement leur carrière politique. Ils ont perdu toute considération, tout égard, tout respect et toute crédibilité aux yeux des Sénégalais qui ne se gênent guère de les considérer comme des traîtres. Qu’ils s’en prennent à eux-mêmes et qu’ils gèrent à bon escient les biens mal acquis qui leur ont été remis à partir de l’argent des pauvres contribuables dont, à n’en pas douter, leurs braves parents paysans qui s’échinent du lever au coucher du soleil pour assurer la pitance quotidienne de la famille restée au village, loin de toute commodité et de tout confort.

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Je ne peux discourir sur les méfaits de la transhumance sans évoquer la situation de mon ami Khalifa Ababacar Sall qui, plus que quiconque, en a souffert outrageusement. Ses compagnons l’ont pratiquement tous abandonné à son sort. Il s’agit surtout de maires de communes qui lui doivent leur position actuelle. S’ils sont devenus maires, ce n’est point par leur mérite personnel, mais grâce à l’aura et au travail efficace, époustouflant, acharné et sans relâche du maire de la ville Khalifa Sall. La migration politique vers le camp présidentiel de la plupart d’entre eux s’explique. Certains ont été épinglés pour faute grave de gestion dans leur mairie ou dans des projets qu’ils pilotaient ; d’autres ont été pris en flagrant délit de détournement des secours destinés aux indigents, d’abus de biens sociaux, d’emplois fictifs et d’autres pratiques dolosives ; il y en a qui se sont vu promettre la conservation de leur poste. Pour ces derniers, il ne faut surtout pas qu’ils se fassent des illusions ; ils seront trahis comme ils l’ont fait au maire de Dakar. Demain n’est pas loin. A mon ami Khalifa Ababacar Sall, qu’il sache que c’est le crépuscule des traîtres, mais aussi que la nuit n’est jamais si sombre qu’à l’approche de l’aurore.

Le monde politique est dangereux, le landerneau politique de notre pays est envahi par les effluves d’une puanteur asphyxiante qui brouille nos repères d’appréciation et d’évaluation. A dire vrai, j’ai réellement peur pour mon pays dont les gouvernants, à commencer par leur chef, ont procédé à un recul démocratique sans précédent, jetant aux orties des décennies d’acquis et conquêtes obtenus à travers le sang versé de dizaines de nos compatriotes qui ont accepté de faire le sacrifice suprême. Nos gouvernants actuels s’érigent en hérauts des contre valeurs et des antis valeurs ; ils porteront la lourde responsabilité d’avoir trahi la confiance, les aspirations et les espoirs de tout un peuple. Je ne saurais terminer sans paraphraser des mots tirés du Saint Coran : «O vous dignes citoyens !

Les transhumants sont une souillure.» (Réf : sourate 9 verset 28). Le pouvoir au peuple, les servitudes aux gouvernants.

 

 

 

 

Boubacar SADIO

Commissaire divisionnaire de police de classe exceptionnelle à la retraite

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