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La Culture De L’impasse Politique

Le président de la République, Macky Sall,  et sa majorité invitent de nouveau à un dialogue national. Entre les lignes des réponses de l’opposition à cette invite, un rejet catégorique ou partiellement conditionné, des réticences et un déficit notoire de confiance au sujet des intentions et  la sincérité de l’offre du chef de l’Etat. L’impasse de ce dialogue est quasi certaine. Le Sénégal ne parvient pas, en réalité, à poser les termes d’un véritable dialogue politique entre les acteurs d’une  société en transition depuis quelques décennies. L’impasse du dialogue national est devenue chronique. 

  

Transition vers ? Certains acteurs politiques se souviennent de ces propos du président de la République en exercice de l’époque, Abdou Diouf. C’est en ces termes que l’ancien Président socialiste a répondu à certains journalistes préoccupés par l’absence d’un dialogue sincère entre le pouvoir et son opposition conduite par l’ancien Président de la République, Abdoulaye Wade. 

  

L’interrogation du président Diouf est demeurée sans suite. Le Sénégal ne parvient pas à poser les termes du dialogue national. Le pays tourne en rond à chaque fois que le besoin et la nécessité du dialogue ressurgissent épisodiquement. Ainsi, après le long règne des socialistes, la première alternance avait nourri l’espoir d’un dialogue profond et d’une gouvernance institutionnelle plus apaisée, plus démocratique et plus en adéquation avec les aspirations au changement des mentalités et des comportements. 

  

L’alternance  tournera  le dos aux Assises de son opposition. Un moment inédit de dialoguer restera l’œuvre exclusive des opposants et de la société civile. Ce moment crucial  de rencontres, d’échanges et de partage de valeurs républicaines communes pour mieux comprendre l’évolution politique chaotique du Sénégal, a permis aux adversaires des libéraux de mener la réflexion sur l’état du pays, la refondation de la République et d’esquisser des perspectives à la gouvernance politique. Un programme de gouvernance avant la lettre sortira de ces échanges ! 

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Le pouvoir  libéral sera absent à ce rendez-vous historique. La majorité du moment a plutôt compris à travers ces Assises de l’opposition, une volonté de conquête du pouvoir, voire, un intelligent  levier de remobilisation sociale des forces de l’opposition  et de prise du pouvoir. La transition démocratique tant rêvée se referme après les assises. 

  

La deuxième alternance politique survenue en mars 2012, ne semble guère faire mieux que les socialistes et les libéraux. Le président de la République en exercice ne cesse de relancer le dialogue national. L’impasse du dialogue persiste. La majorité présidentielle a introduit différentes réformes. Dans cette panoplie de réformes, on peut citer entre autres, la loi sur le parrainage et la nouvelle réforme en cours allant dans le sens de la suppression du poste du Premier ministre. 

  

Pendant ces sept dernières années, la rupture du dialogue entre le président de la République et son opposition est manifeste. Le dialogue aura été le grand absent de la gouvernance, du jeu électoral, du débat politique et celui de la société. Le pouvoir présidentiel a fini par réduire le dialogue à une affaire de rencontres épisodiques entre lui et ses adversaires. Le pouvoir a même institutionnalisé le dialogue. Le Sénégal a sa journée de dialogue national. Elle n’a, précisément, ni de sens, ni de portée. Elle est aussi ordinaire que le dialogue sans lendemain. 

  

Tant que le dialogue national sera réduit  à une histoire de palabres infinis, entre le pouvoir et son opposition, à des négociations de portes de sortie de situations conflictuelles, à propos de décisions déjà prises par la majorité et sa machine électoraliste, il ne peut produire que le dialogue de sourds entre les acteurs. Le dialogue n’est point une négociation ou des marchandages  entre des postures de gouvernants et non gouvernants au sujet de tout et de rien. Ce n’est point une technique de ruse et de manipulation de l’adversaire. Cette mentalité ancrée dans les esprits, se transforme au fil de l’histoire politique sénégalaise, en un facteur de blocage de la société sénégalaise et du dialogue (politique, syndical, social et inter religieux). Les acteurs politiques ne se font plus confiance. Tous sont sur des postures défensives et suspectes. 

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Le dialogue national qui fait avancer un pays devrait être une étape d’une réflexion d’intérêt national sur des questions majeures. C’est une étape essentielle dans un processus de réflexion et de décision. Sans la réflexion profonde, la confiance et la sincérité, point de dialogue possible. Le dialogue compris dans son essence au titre d’une opportunité pour réfléchir et pour prendre une  décision dans un esprit d’ouverture, conduit naturellement, à une volonté de dépassement des clivages et à des perspectives convergentes, vers un progrès démocratique et l’amélioration de la gouvernance.







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