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Haro Sur Le Baudet !

Haro Sur Le Baudet !

L’affaire des jeunes filles voilées de l’Institution Sainte Jeanne d’Arc opposant des parents d’élèves musulmans à la direction de l’établissement privé catholique est révélatrice de la montée de l’intolérance religieuse dans notre pays. Il ne faut pas se voiler la face et faire dans la politique de l’autruche, il se développe de plus en plus une police religieuse qui tente d’instaurer un ordre rigoriste et moral religieux dans un pays laïc et une société plurielle avec un État républicain et démocratique garant de la coexistence libre et pacifique entre les différentes communautés identitaires et confessionnelles.

Ces dérives multiples et nombreuses commencent à menacer la coexistence et la cohésion de notre société. Il urge de lire et surtout de procéder à une véritable relecture de Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal indépendant, mais aussi humaniste, poète et philosophe. Ce père fondateur de notre Etat moderne soutenait, en penseur et visionnaire, qu’une Nation est un commun vouloir de vie commune et que la communauté nationale se fonde sur un creuset accueillant des composantes multiples et diverses dans le respect des croyances et des pratiques de chacune d’elles.

Cette règle d’or de la vie démocratique et républicaine veut aussi que le citoyen soit tenu d’être respectueux des droits de toutes les composantes nationales sans référence au nombre ou à une qualification hiérarchique. Les allégeances peuvent être diverses et se superposent sans discrimination ni sectarisme. L’Etat est tenu d’être le garant et assure la régulation et l’équité afin de favoriser un développement harmonieux entre les différentes composantes dans une coexistence pacifique et non conflictuelle. 

Et à l’allure où vont les choses, nous ne sommes plus loin de la rupture des équilibres avec déjà des dérives ethno-communautaires, des relents de régionalisme et de communautés qui heurtent de nombreux citoyens rendus inquiets par l’hypertrophie et l’omniprésence de deux groupes ethno-communautaires qui semblent avoir capté toutes les grandes responsabilités nationales.

Il est reconnu que les démocraties meurent ou disparaissent du fait de leur absence de réaction et surtout de vigueur dans la défense des valeurs et principes qui fondent leur existence.

Ce péril semble s’être installé au Sénégal où des intolérants, dépositaires d’un véritable projet politique de prise de pouvoir tentent de passer par une police religieuse pour implanter et développer leur stratégie.

La pensée unique est leur méthode d’application et la laïcité et la démocratie, leur objectif à déconstruire par des discours et des actes insidieux, consistant à faire passer les républicains et les laïcs comme des ennemis de l’Islam et des suppôts de l’Occident judéo-chrétien. 

Ils opèrent dans la société et se dressent comme les défenseurs de l’ordre moral et de la protection des mœurs, d’où leur posture permanente de censeur contre des programmes de télévision qualifiés de libertins et dévergondants ainsi que contre tout ouvrage ou propos éditorial s’autorisant un discours critique sur leur vision de l’Islam. Toute création artistique originale et anti conformiste ainsi que toute démarche intellectuelle critique sont stigmatisées par ces tenants d’un ordre nouveau comme des atteintes à nos us et coutumes et à nos mœurs alors que l’art peut-être une re-création du réel et que les feuilletons de télévision, par exemple, ou les propos littéraires se fondent aussi sur la vie quotidienne des populations où au Sénégal comme ailleurs dans le monde existent toutes les déviances comme le viol, l’inceste, la trahison, le vol, le détournement, etc.

Cette tentation rigoriste de mise au pas doit être fermement combattue, car s’il ne faut pas confondre la modernisation d’un pays avec l’occidentalisation, il ne faudrait pas demeurer passif et surtout reculer face à ceux qui confondent l’Islam avec l’arabité et qui ne sont que les chevaux de Troie des tenants d’un arabéo-centrisme qui veut se substituer à l’occidentalisation.

User des attributs vestimentaires féminins et s’arcbouter sur la présence de voile dans l’univers de l’éducation est une posture d’affrontement. 

Cette tentative d’imposer le port du voile islamique à des femmes et à des jeunes filles que l’on utilise tout simplement comme des vecteurs de propagande d’un discours religieux est de l’agression. Etre musulmane ne signifie pas devenir Arabe ou s’arabiser, car il ne faudrait pas confondre l’Islam et ses valeurs avec les mœurs arabes.

L’établissement Sainte Jeanne d’Arc et le Laïcat ont le droit d’affirmer leur confession religieuse et d’exiger de l’Etat qu’il soit garant de la liberté du culte surtout quand ceux qui prétendent affirmer leur identité de musulman en réclamant le port de voile à l’école et lors de l’Education physique en font un préalable absolu.

Sans oublier que dans des établissements confessionnels islamiques existants au Sénégal, il n’est certainement pas admis que le port de la croix soit accepté pour des élèves ou des membres de l’encadrement. Ce que l’on tente de faire subir et accepter à l’Institution catholique est pire que de l’intolérance, c’est un véritable diktat ainsi qu’une agression. 

Il faut l’arrêter le plus rapidement et ne rien céder sur le droit à la différence et au respect de la diversité.

Sinon, on fait le lit par faiblesse et lâcheté aux thèses communautaristes, racistes et xénophobes qui ont plongé de nombreux pays dans la guerre civile et religieuse.







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