C’est aussi et surtout la compétition qui rapporte le plus de revenus aux équipes nationales. Champions du monde ou éliminées dès le premier tour, celles-ci repartent toutes avec une enveloppe non négligeable.
La Fédération sénégalaise de football (Fsf), qui a eu sa part du gâteau, ne dira pas le contraire. La Fifa lui a versé la coquette somme de 10,475 millions de dollars, soit 5,719 milliards de FCfa. Ce montant reflète ainsi le parcours du Sénégal en Russie 2018 qui s’est arrêté au premier tour. Ce magot a permis à l’instance fédérale de renflouer ses caisses, de sécuriser ses finances et de devenir autonome. Mais aussi de faire profiter de ses largesses aux ligues régionales de football et à la ligue professionnelle de football, aux clubs de football professionnels et amateurs, d’appuyer le football féminin, de rembourser les frais de transport des clubs et d’organisation des rencontres de Coupe du Sénégal et d’injecter une partie de cette manne dans plusieurs projets. Normal, l’argent de la Coupe du monde est fait pour être redistribué dans le football. Mais, aux lendemains de l’assemblée générale ordinaire de la Fsf, une polémique a enflé sur une affaire de 139 millions de FCfa représentant des frais d’hôtel au mondial non payés, dont une ardoise de 100 millions pour le ministère des Sports. Des membres du staff technique et des joueurs, qui avaient aussi amené une partie de leurs familles en Russie, sont aussi concernés par ces créances et ont certainement oublié de rembourser. C’est le quotidien sportif « Record » qui a donné l’information, suivi par « Libération » qui a enfoncé le clou.
De graves révélations qui sont venues mettre du sable dans la gestion de l’instance fédérale. Suffisant pour faire sortir le président de la Fsf de ses gonds. Exaspéré, Me Augustin Senghor a profité de la cérémonie de remise du drapeau national à l’équipe U20 en partance pour la Pologne pour pousser un gros coup de gueule contre ses détracteurs. « Les gens essaieront de créer la zizanie, des conflits entre le ministère et notre fédération, mais ils n’y parviendront pas. Les gens ne comprennent pas les enjeux qui dépassent nos humbles personnes et surtout, je ne peux pas comprendre dans un pays où les gens se disent des patriotes, dans les moments clefs où on veut aller à une Can pour faire de bons résultats, que des gens essaient de torpiller le travail qui est en train d’être. Ça ne marchera pas », a lâché un Me Senghor très furieux qui a renouvelé toute la reconnaissance de la Fsf à l’endroit du ministère des Sports. Et le président de la Fsf de poursuivre : « Nous savons d’où nous venons et les difficultés que nous avons traversées. A part l’Etat et certains partenaires, personne ne nous a aidés jusqu’à ce qu’on soit autonomes pour pouvoir être dans la logique de la cogestion. Nous y continuerons, quoi que les gens puissent faire ». Sans pour autant apporter la lumière sur les millions de la polémique.
Le ministre des Sports, Matar Ba, a essayé de calmer le jeu. « Ma mission est très claire, les fédérations font partie du système, ce sont des prolongements du ministère des Sports. Mais le monde du sport a des exigences. Il y a des choses qui se passent tout de suite et qui doivent se faire tout de suite, mais les procédures de décaissement de l’Etat peuvent prendre du temps. Or, s’il s’agit d’une fédération, il est plus facile et plus rapide de gérer ces questions-là. Heureusement que vous avez souligné la cogestion », a expliqué le patron du sport sénégalais. Avant de préciser que le Sénégal est un pays où chacun a le droit de dire ce qu’il pense, d’évaluer et d’analyser. « On a un objectif commun, celui du développement de notre sport. Et nous nous concentrons tous les jours sur cela. Notre devoir, c’est de travailler ensemble en toute intelligence et d’avoir une communication permanente pour être efficace », a fait comprendre le ministre des Sports. Un objectif certes noble, mais est-ce suffisant pour éteindre cette polémique à millions et clore définitivement les débats ?