Site icon Senexalaat

Être Noire À Dakar

Être Noire À Dakar

« So guisseh gayne bi ! Ñuul na, ñaaw na ».

Combien de fois avons-nous entendu des propos similaires ? Apparemment c’est très normal, personne n’y voit jamais d’inconvénient. Et c’est justement ce qui est inquiétant.

Pourquoi à Dakar, Sénégal, pays africain en Afrique (je me trompe ?) avons-nous cette fâcheuse habitude d’associer la noirceur à la mocheté? Et encore pardonnons-nous ce « défaut » aux hommes (en fait on leur pardonne tout dans cette société, mais on y reviendra plus tard). Ñoom daal, « na ñu taali rek, teh gaaw loxo ci poss »… Mais sacrilège s’il s’agit d’une femme !

C’est tout de même ahurissant qu’en 2019, il y ait toujours des hommes, et des femmes d’ailleurs (premières ennemies de la femme, mais ça aussi, on y reviendra plus tard) dont le premier et principal critère de beauté est la peau claire, THE light skin. Quelles que soient vos autres caractéristiques physiques, du moment que vous êtes claire de peau, vous êtes directement classée au-dessus des… Noires. Pourtant, nous sommes bien en Afrique où nous sommes supposés, à l’heure actuelle, assumer notre histoire et notre identité. Pourquoi devrions-nous nous blanchir la peau pour prétendre être belle ?

Comme je disais donc, cela est gracieusement pardonné à ces messieurs, qui eux-mêmes (ñuul teh ñaaw… non je rigole) exigent depuis leurs trônes des femmes claires de peau. Résultat ? Skinlight, saabù carotte et autres produits à l’hydroquinone se vendent à un rythme ahurissant. Un business très rentable, si si, je vous assure. Avec, en plus, beaucoup d’innovations dans le domaine : crèmes, comprimés, sérums, injections… Tout ça pour quoi ? Avec tous les risques sanitaires encourus, et malheureusement, bien connus.

Je vous entends d’ici… Bien sûr, elles ne sont pas obligées de le faire. Et évidemment, toute femme devrait pouvoir s’aimer et s’assumer telle qu’elle est, telle que Dieu l’a créée. MAIS vous connaissez bien notre société : tout tourne autour du mâle Alpha… Ou Arona whatever. Les filles sont souvent éduquées très tôt dans une logique de tout faire pour plaire aux hommes et, à terme, en arriver au mariage : le saint graal (un autre point à aborder plus tard). Tous les moyens sont donc bon pour attirer, séduire, retenir.

La responsabilité est donc partagée. D’une part, les femmes doivent s’accepter, s’assumer, et surtout prendre conscience qu’elles sont belles quelles que soient leur couleur de peau et leur morphologie. Dieu merci, j’ai grandi dans un environnement sain qui m’y a aidée, mais ce n’est malheureusement pas le cas de toutes… Ce qui nous amène au deuxième point : l’entourage. Pour qu’elles puissent faire ce travail sur elles-mêmes, il est important qu’elles soient soutenues : appréciez les telles qu’elles ou, à défaut, évitez toute remarque superflue, désobligeante et non constructive. « Yow temps yi da nga ñuul dh »… ne les aidera sûrement pas dans le processus. De plus, il serait vraiment réducteur de ne considérer que notre physique, quand on a tellement plus à offrir au monde.

Enfin, les hommes. Ah les hommes… Je vous l’accorde, vous faites des efforts récemment. Mais daal, gën leen goorgorlu. Évitez de complexer gratuitement les femmes ! On ne le dira jamais assez, il est important de savoir choisir ses mots (quelle que soit la situation d’ailleurs) parce qu’ils ont un impact certain et qu’on ne peut revenir en arrière pour atténuer les dégâts. Et quand bien même les femmes noires ne seraient pas à votre goût (waaw su leen neexeh deh), de grâce, avancez tranquillement, laissez, il y aura toujours des Hommes pour les aimer et apprécier leur beauté à leur juste valeur.

Et puis saax, Yalna ñu deff ni Rwanda, tereh xessal. Ñuul force, ameen !







Quitter la version mobile