L’expression « Françafrique » aurait été imaginée par Félix Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d’Ivoire (1960-1993). Ministre sous la IVe République, il fut l’une des plumes de la Constitution de la Ve et organisa, avec Charles de Gaulle, le calendrier de la décolonisation. Au lieu de l’indépendance immédiate, Houphouët-Boigny souhaitait une transition en douceur au sein de l’« ensemble français ». La contraction de France-Afrique désigne alors les liens étroits qui doivent perdurer après les indépendances dans l’intérêt des deux parties.
Dans un livre paru en 1998 (La Françafrique, Stock, Paris), l’économiste français François-Xavier Verschave donne à l’expression le sens péjoratif qu’elle revêt aujourd’hui. Elle désigne désormais les liens, souvent secrets, entretenus par les classes dirigeantes françaises et africaines dans les domaines politique, économique ou militaire pour leurs profits exclusifs. Cultivant les réseaux discrets et les amitiés compradores, la « Françafrique » maintient les populations locales dans la pauvreté et la soumission à des régimes autocratiques. Depuis François Mitterrand (1981-1995), tous les présidents français affirment vouloir mettre un terme à ce système.