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Pourquoi Au Sénégal La Démission N’est-elle Pas Dans La Culture Des Hommes Politiques ?

Pourquoi Au Sénégal La Démission N’est-elle Pas Dans La Culture Des Hommes Politiques ?

Le cas de Aliou Sall est la parfaite confirmation sans équivoque du manque de culture de démission de nos hommes politiques au Sénégal. Mais pour être conforme avec l’histoire, il y a eu le cas historique, parce que rarissime, de Mamadou Seck, ancien ministre de l’Economie et des finances, sous le Président Wade. Pour rappel, M. Seck, lorsque son nom a été cité dans une affaire de malversations, a aussitôt pris la décision de démissionner de son poste, sans attendre, pour se mettre à la disposition de la justice. Mais dans le cas de M. Seck, il faut souligner que ce dernier était tout à fait convaincu de son innocence. Et c’est ainsi que d’ailleurs, après les investigations nécessaires, il a été proprement lavé par la justice et sans la protection étanche d’un frère Président. C’est le seul cas que j’ai connu dans l’histoire du Sénégal, parmi les hommes politiques. Donc, «gaccé ngalama» bravo Mamadou Seck pour ton loyal geste empreint de dignité qui t’honore, mais honore également tes amis et ta famille. Vivement que le cas de Mamadou, ou Boy Seck pour les amis, fasse enfin école et des émules ! Hé oui, je rêve !

Mais pourquoi M. Aliou Sall n’a-t-il pas démissionné de tous ses postes jusqu’à présent, malgré tout ce tollé relatif à ce scandale de Petro Tim dont il est mêlé ? Alors, Aliou Sall n’a-t-il pas pourtant mille raisons de plus que Mamadou Seck pour démissionner de ses postes publics depuis l’éclatement de cette nébuleuse affaire de Petro Tim ? Bien sûr que oui ! Et ne serait-ce que pour mettre son frère de Président à l’aise, Aliou Sall aurait dû démissionner dès la première heure de l’éclatement de ce scandale. Ensuite, est-ce que de l’argent aussi entaché de pétrole et de gaz vaut la peine de souiller son honneur personnel et celui de sa famille pour l’éternité ? Ou bien se dit-il, comme ces gens qui ont pour Dieu l’argent, qu’il n’a pas d’odeur ? Non, c’est vraiment triste de voir un tel spectacle où un homme, telle une guêpe, colle à l’argent de cette façon-là ! Puisqu’il n’y a pas l’ombre d’un doute que Aliou Sall devait démissionner ou être déchargé par le Président de ses fonctions officielles dès l’annonce du scandale l’impliquant. Comme l’avait fait M. Seck en son temps. Et si Aliou ne le faisait pas, le Président, bien qu’il soit son frère, un sentiment que la République ne prend pas en compte, doit le démettre sans tarder. Puisque dans le cas de Khalifa Sall, le Président avait aussitôt commis la justice pour une enquête diligente sur le bien-fondé de l’affaire de la mairie de Dakar. Ici, dans le cas de son frère qui est de loin plus grave, le Président n’a pas pris jusqu’à présent de mesures concrètes, donc ses responsabilités, concernant ce scandale, considéré par beaucoup de citoyens comme le plus grave de l’histoire du Sénégal. Les atermoiements et hésitations du président de la République sur cette affaire ont tout l’air d’une protection déguisée qui ressemble fort bien à une solidarité familiale ou fraternelle. Rappelons tout d’abord la grave erreur commise par le Président Sall en faisant bénéficier son frère de son décret de nomination, alors qu’il avait auparavant, et à la face du monde, déclaré que son frère n’en bénéficierait pas. Malgré tout, cela a été fait. Et nous constatons donc un reniement très regrettable par le Président de sa parole. Alors, même si effectivement nous reconnaissons à son frère, en tant que citoyen, le droit d’être nommé à tous les emplois. Mais il ne doit pas y avoir deux poids deux mesures entre les citoyens. Il se trouve que la situation gagne en ampleur et devient de plus en plus grave et nébuleuse. Cette affaire de Petro Tim devient une affaire d’Etat ; par conséquent, le Président Sall ne peut plus garder le silence, donc a l’obligation de saisir la justice, même à l’encontre de son frère, parce que ce dernier est, dans ce cas aussi, un citoyen justiciable comme tous les autres.

Ce scandale si honteux démontre clairement l’incompétence et les insuffisances des dirigeants du Sénégal pour s’être fait avoir par des courtiers aventuriers internationaux comme des naïfs. Cette nébuleuse affaire a terni l’image du Sénégal devant la scène mondiale et présente notre pays comme étant sous la direction de gouvernants incompétents et incapables, au point de n’être capables de mener des négociations qui tiennent compte en tout premier lieu les intérêts de leur pays.

Mais ce que M. Abdoul Mbaye ne révèle que maintenant confirme parfaitement cette étourderie de ceux qui ont négocié et signé ce contrat qui laisse totalement de côté les intérêts du Peuple sénégalais pour servir ceux strictement particuliers. Mais n’occultons pas, quand même, que cette affaire est née sous le magistère de Me Wade et que M. Abdoul Mbaye ne peut pas botter en touche si simplement pour s’en tirer à si bon compte, sa responsabilité est engagée, au même titre que le Président Sall, comme les cosignataires définitifs. C’est pour toutes ces raisons que ce scandale engage absolument la responsabilité du président de la République et surtout, lorsque l’on sait que c’est son frère qui est au cœur de l’affaire, comme l’un des principaux acteurs.

Ce scandale coïncide justement avec le dialogue national en cours, il doit donc y être invité afin qu’il soit tiré au clair une bonne fois pour toutes. La solution juste et équitable de ce scandale inextricable mettrait peut-être tous les Sénégalais à l’aise. Mais évidemment, à la seule condition que tous les coupables soient punis, comme il se doit et les torts réparés, c’est-à-dire par la restitution du produit de ce contrat à son ayant droit, le Peuple sénégalais, et non de passer cela encore comme d’habitude par pertes et profits. Il y en a assez de passer à chaque fois les gros scandales par pertes et profits alors que leurs auteurs se pavanent dans le pays et vaquent librement à leurs besoins avec leur butin aussi considérable. Et dans le même temps, la justice chôme ou ne traite que les affaires relatives aux petits larcins qui remplissent nos prisons, où l’on ne trouve pas les gros voleurs de millions et de milliards.

Mais que les Sénégalais ne se cachent pas aussi derrière leur petit doigt pour ne pas se rendre compte de la réalité de leur pays et de son état actuel. Pour dire la vérité, il faut souligner sans ambages qu’au Sénégal, l’on ne travaille pas du tout, mais on ne fait que parler et trop. En réalité, l’anarchie, l’indiscipline, l’argent facile, la corruption à tous les niveaux du pays, la violence gratuite, l’insécurité générale, le laisser-faire et le laisser-aller ont pris possession du pays et sont aujourd’hui devenus les maîtres incontestés du Sénégal devant la démission inacceptable et l’incapacité du gouvernement à remettre les choses dans l’ordre. A Dakar, les populations ne respirent plus à leur aise, à cause d’une circulation anarchique et des embouteillages indescriptibles qui n’épargnent même pas le péage. Et c’est comme si l’Etat et les autorités compétentes n’existaient pas ou n’étaient pas informés de cette bombe à retardement.

C’est ainsi que même la noblesse de la politique, dans le plein sens du terme, et les hommes politiques vertueux qui se mettaient au service de leur Peuple ont cédé le terrain à la politique politicienne et aux politiciens véreux qui ne viennent au pouvoir que pour s’enrichir illicitement et non pour servir leur Peuple. Voilà pourquoi au Sénégal aujourd’hui toutes les portes du mal, de l’abus, des vices, etc. sont largement ouvertes aux anti-modèles qui ont pris d’assaut notre pays. Et l’on peut dire que nous ne sommes plus loin de la jungle où c’est la loi du plus fort qui règne.

En conséquence, une fois que cette affaire nébuleuse sera élucidée, le pays devra enfin recommencer à travailler et sérieusement, et qu’il cesse de passer tout le temps dans des discussions interminables sur le sexe des anges, sans aucun intérêt pour le pays et qui occupent cependant tout le temps utile des Sénégalais. Le président de la République n’est pas sans connaître la présente situation désastreuse et vraiment déplorable. Il est donc de sa responsabilité de trouver les solutions efficaces et adaptées à une telle situation singulière et dans les meilleurs délais pour remettre à nouveau le pays effectivement au travail, mais en commençant par donner l’exemple, lui et ses hommes.

Mandiaye GAYE

mandiaye15@gmail.com

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