«Seule l’expérience produit la connaissance, tout le reste n’est qu’information», (Albert Einstein).
«Seule la connaissance directe peut vous libérer. Formez-vous, armez-vous de sciences jusqu’aux dents et arrachez votre patrimoine culturel !», (Cheikh Anta Diop).
Un Professeur nous disait (Université Paul Sabatier – Toulouse) qu’un sociologue a introduit volontairement une supercherie statistique dans ses publications, reprise textuellement dans des livres best-sellers.
Ces citations de hautes figures scientifiques montrent clairement que :
-L’information produite par l’expérience est de valeur ex-post. Elle est certaine. C’est de la connaissance.
-L’information produite par un tiers est de valeur ex-ante. Elle n’est pas certaine. Ce n’est pas de la connaissance.
– La manipulation est probable et opérante.
Le problème aujourd’hui est que les médias produisent de l’information pour des consommateurs qui prennent systématiquement l’information pour de la connaissance. Ce n’est ni plus ni moins que de la manipulation (intentionnelle ou pas).
L’information n’est pas de la connaissance. Or la décision doit être fondée sur la connaissance, synonyme de réalité, et non sur l’information.
La question maintenant, c’est comment accéder à la connaissance dans cette faune «félidé» de médias souvent motivés pour une raison ou pour une autre ?
Pour éviter la manipulation, il faut transformer l’information en connaissance – ce que font les professionnels sérieux de la communication.
Toutefois, cette transformation est hors de portée pour le commun des Sénégalais à cause de ses moyens limités. Cela est d’autant plus difficile que la transformation est moins rapide que l’évolution de l’actualité avec laquelle il faut être en phase.
Même le professionnel consciencieux peut se complaire dans la facilité pour rester dans la bulle de l’actualité au risque d’être dépassé.
Un fait également important est que nombreux sont ceux qui saisissent l’information comme un prétexte, une opportunité pour leur affaire personnelle. Ils restent scotchés à l’information dès que cette dernière se présente comme ils souhaitent que cela soit.
Compte tenu de tout cela, l’intellectuel rigoureux est obligé de s’enfermer dans ce qu’on peut qualifier de doute cartésien, acceptant et rejetant tout a priori. Ce repli cartésien peut permettre de voir clair, mais il est susceptible de réduire à un long silence préjudiciable pour le citoyen qui doit être dans le temps de l’actualité.
Le constat est que la manipulation est un fait nécessairement lié à la société moderne. Le jeu des multiples contingences modernes en a décidé ainsi.
La concurrence et la compétition (instincts de survie) ne sont pas que le moteur de l’évolution biologique. Il faut étendre le darwinisme. Elles sont aussi celui de la dynamique conflictuelle des rapports d’intérêts actuels.
Ailleurs, je déplore la mystification et même la mythification de certaines catégories sociétales. Les collisions d’intérêts sont telles que, très rares sont les entités médiatiques qui ont gardé une déontologie intégrale exempte d’impartialité, d’asymétrie ou de déséquilibre informationnel. La perversion, les calculs opportunistes, la machination, l’imposture, etc. sont devenus des recettes de survie pour la quasi-totalité des personnes physiques et morales.
Les pudeurs, les retenues et les vertus des anciennes sociétés ont presque disparu. Les mythes classiques d’image qui en découlaient en faveur de certains organes de presse doivent l’être par ricochet. A présent, nous assistons à un nivellement par le bas – les références de probité morale d’autrefois y comprises.
Maintenant, comment se soustraire de la manipulation irrésistiblement pénétrante développée par le puissant torrent d’informations qui s’exerce sur chacun de nous tous les jours – du moment que la transformation de l’information en connaissance n’est vraiment pas opérante ?
Nous sommes tous, plus ou moins, manipulés. Très peu s’en soustraient.
Le moule de l’opinion publique étant fortement déformé, le fossé entre cette dernière et la réalité des choses continue de se creuser et du coup, le malentendu se renforce. C’est regrettable !
Tous les professionnels de l’information ne sont pas récusables, mais la presse, globalement considérée, déconstruit plus qu’elle ne construit.
Cela est une mise en garde pour les Sénégalais qui mastiquent à pleines dents, sans remise en question, les informations de toutes sortes relatives au dossier Petro Tim.
Faute de connaissances, je doute de tout ce qui se dit relativement à l’affaire «Petro Tim» pour éviter d’être broyé par la machinerie de la manipulation. Quand on est aveugle, on ne donne pas son bâton de guidage à n’importe qui.
Pourquoi l’actualité pétrole sent la machination ?
Du repli cartésien, j’observe quelques segments de passage de l’élément télévisuel qui appuient l’idée de machination :
•Le fil logique images/commentaires
L’élément télévisuel n’a pas de cohérence images/commentaires. On constate souvent un décrochage image/commentaire qui laisse flotter par moments le téléspectateur détaché et de l’image et du commentaire. Une image hors sujet s’est même invitée dans l’élément.
•Les éléments de preuve
Bbc n’a rien ajouté à ce que les opposants acharnés contre le Président Macky Sall ont toujours rabâché. L’unique rajout est le label et la signature Bbc. Sommes-nous des complexés par rapport à l’exotique ? Quelquefois, un cachet et une signature sont montrés dans un vertige dû à une grande vitesse de défilement d’images désordonnées (voulue ?). Le signal était finalement épuisant à regarder. Pas une seule fois le corps entier d’un texte n’est montré avec des surlignages nets comme le font les institutions de la voilure de Bbc. On laisse le téléspectateur chercher lui-même dans un petit bout de texte ce qui se dit en commentaire.
•L’interviewé
Il est manifeste que les intervenants étaient monochromatiques politiquement parlant. C’était bien déséquilibré en termes de faciès de l’interviewé.
•Le contexte de publication
L’élément est diffusé à un moment où le Président Macky Sall, en bon démocrate, a réussi la construction d’un consensus national inédit pour un dialogue ouvert et inclusif à tous. Dialogue dont la sincérité et la crédibilité ont convaincu le citoyen honnête. Dialogue consensuel en passe d’enterrer définitivement, sur le plan politique, les marginaux qui ont refusé l’invite au dialogue. Ceux-là même qu’une victoire fulgurante du Président Sall à l’élection présidentielle avait déjà précipités au fond du trou de la désillusion et de la déception.
Et si cette affaire Petro Tim était remuée pour éviter le sort tragique du suicide politique collectif ? Réapparaître pour longtemps sur le tableau médiatique est bien un moyen de survivre politiquement !
Et on se disait, tout faire pour stopper un Sénégal qui marche sans soi sous la poussée irrésistible du Président Sall ? L’acharnement médiatique étaye cette thèse.
Et s’il s’agissait d’un subterfuge pour rattraper du peloton citoyen engagé à la construction décisive du Sénégal dans le cadre du dialogue national ?
Au citoyen commun
sénégalais, je dis ceci
C’est le pétrole qui appartient au Sénégal et non le Sénégal au pétrole. Le Sénégal c’est nous tous aujourd’hui et les futures générations en puissance, dont l’avenir dépend de ce que nous leur léguons demain – le meilleur legs étant certainement la paix.
Par contre, que le pétrole c’est de l’énergie, certes importante, mais qui se dissipera tôt ou tard dans la nature sous forme de chaleur (entropie).
Evitons que le pétrole, avant de se dissiper, nous inflige des blessures que notre histoire portera pour toujours ! La responsabilité de chacun est interpellée en urgence.
La malédiction du pétrole est mal appréhendée même par lesdits intellectuels qui, parfois pour intimider, en parlent avec insistance.
Ce qu’il faut savoir, c’est que l’argent n’a jamais fait l’essentiel de la malédiction du pétrole. Il n’en est qu’une cause partielle. La malédiction du pétrole commence avec les tiraillements politiciens, avec comme conséquence la polarisation de la société en deux camps antagonistes – le camp dit des intégrés du pétrole et le camp dit des ségrégués du pétrole. La malédiction du pétrole finit enfin avec l’environnement avec le cortège d’effets externes de la production pétrolière.
Le danger est que le camp dit des ségrégués du pétrole, s’estimant injustement lésé, développe l’auto-victimisation et se retranche dans une sorte de sectarisme sanctuarisé aux allures messianiques. Sectarisme souvent violent, porté par des personnages dont le but principal est de cristalliser l’héroïsme populiste autour d’eux au profit de leur propre dessein. Pitié au pauvre sans défense !
L’exemple du pays Ogoni au Nigeria est illustratif (explosion terroriste d’oléoducs, perçage d’oléoducs pour vol de carburant, guerres claniques, sabotage d’installations, terres, lacs et mares pollués, asséchés, pêche artisanale compromise, agriculture à l’abandon, etc.).
Pour alerter, relativement à la malédiction du pétrole, j’avais écrit un article le premier juillet 2017 intitulé : «Pétrole au Sénégal : le discours politicien tire ailleurs» (voir Google).
J’y disais qu’avec les engagements contractuels, la réversibilité des choses était un moyen pour corriger et se rattraper par rapport à un manque financier lié à un calcul ou une estimation inefficace de départ. Tandis qu’avec les troubles sociopolitiques et la rupture environnementale, l’irréversibilité et l’incertitude des choses nous contraignent à subir impuissamment les impacts physiques néfastes du pétrole. Tout cela pour dire que la malédiction du pétrole est plus ailleurs que dans les contrats.
N’appréhender le pétrole que sous l’angle pécuniaire est une vision incomplète. Pour la durabilité économique, le pétrole est pour un tiers (1/3) financier et pour deux tiers (2/3) écologique – pour fixer l’idée. Pour du présentisme égocentrique, c’est l’inverse.
Le pétrole exerce une concurrence dangereuse sur les autres secteurs de l’économie, particulièrement la production alimentaire et pollue les milieux. Lorsque le pétrole arrive dans une économie, cette dernière devient borgne parce que seul l’œil du pétrole voit.
Les politiques sénégalais ne font jamais allusion à ces aspects critiques du pétrole. Cela montre qu’ils se préoccupent plus d’adversité politique que d’autre chose.
Les intellectuels sénégalais sérieux sont sereins. Ils observent, écoutent et analysent au lieu de se laisser aller dans l’emballement communicationnel. Un intellectuel ne doit pas se comporter comme cela.
La plupart de ceux qui parlent du pétrole ne sont sûrs de rien. Il se trouve simplement que la situation les arrange et ils ne souhaitent pas voir la vague de l’actualité pétrole s’écrêter pour s’estomper avant que leur objectif ne se réalise.
Certains exercent même des exigences sur la justice et particulièrement sur le procureur de la République – une autorité que tout le monde se doit de respecter parce qu’investie d’une mission difficile devant scrupuleusement observer l’objectivité et l’équidistance absolues. C’est ignorer tout de la chose publique administrative.
La chose publique administrative est solennelle et responsable parce que liée par la délégation de pouvoir publique, parce que liée par la technicité et les contingences du travail, parce que liée par le contrat social et moral à l’égard du Peuple.
Pour ces raisons, l’Etat et ses démembrements (président de la République, procureur de la République, Ige, etc.) doivent être moins audibles que le politique que n’est lié que par l’ego.
Laissons les uns et les autres travailler professionnellement dans la sérénité sur ces allégations déjà lancées à tort ou à raison ! On ne peut pas arrêter toute une économie à cause d’un unique secteur qu’est le pétrole, d’ailleurs, en gestation, dont la date et les circonstances de la délivrance restent incertaines.
Il faut se poser les questions essentielles pour l’exploitation du pétrole. Le pétrole, c’est du sérieux. Ce n’est pas du tiraillement, encore moins du bavardage. Avec les meilleurs contrats qui soient, financièrement parlant, on peut avoir les pires problèmes qui soient, en occultant certains aspects importants du pétrole.
Qui des politiques se préoccupent du toilettage et de la mise en cohérence des différents textes réglementaires nationaux comme internationaux relatifs au pétrole (Code minier, Code pétrolier, Code de l’environnement, Code de l’eau, Code forestier, Convention internationale Marpol, etc.) ?
La convention Marpol, avec son annexe 6, devenue très exigeante en matière de pollution marine au soufre, intéresse les futurs armateurs pétroliers ; donc la rentabilité du port de Dakar et l’avenir de tous les acteurs connexes (manutentionnaires, transporteurs, etc.).
Qui des politiques réfléchit déjà à un scénario optimal d’exploitation du pétrole, c’est-à-dire à un sentier d’exploitation durable du pétrole pour préserver l’équité intergénérationnelle ? Ecologiquement parlant, on n’exploite pas une ressource naturelle n’importe comment.
Il y a toujours une courbe durable d’exploitation sur laquelle il faut absolument être pour garantir aux générations futures leur part et des courbes moins durables sur lesquelles il faut éviter d’être, de peur de léguer des ruines aux générations à venir.
Cet arbitrage stratégique se calcule et se mesure. C’est une question majeure pour l’écologue. N’est-ce pas plus important qu’un contrat dit bien négocié ?
Tant qu’on raisonne en termes d’argent présentiste, on ne comprend rien. On est sur la mauvaise piste. Il faut surtout raisonner en termes d’avantages transversaux futurs.
Qui des politiques se pose une quelconque question autre que la signature de contrats, malgré la multiplicité des facettes du pétrole ?
C’est certain, la manœuvre politicienne est à la base de tout ce qui se dit sur le pétrole au Sénégal, aujourd’hui, incriminant avec brutalité des personnes à qui on refuse un principe élémentaire – la présomption d’innocence.
Attention !
L’histoire de la radiotélévision des Mille Collines nous hante jusqu’à présent. L’information doit rester un outil de travail, une solution de confort intellectuel et non un instrument de lutte politique – lutte dont les seules armes qui vaillent sont l’argument et le charisme.
Si une Nation veut survivre à l’économie pétrolière, elle doit être consciente du nouveau genre de danger relatif au pétrole qui la guette, resserrer ses rangs, taire les querelles internes, former un seul bloc pour faire face aux immanquables sabotages et complots fomentés depuis l’extérieur.
Un futur pays pétrolier doit regarder dans tous les sens avec une bonne acuité visuelle pour juguler les potentiels risques de crise qui s’agrègent avec les enjeux. Les œillères de la politique politicienne ne le lui permettent pas. Ôtons-les !