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Le Conflit D’intérêts Est Une Gangrène De Notre Société

Chacun peut faire l’expérience à son petit niveau et ne manquera certainement pas de s’étrangler de toutes ces petites choses avec lesquelles nous avons fini de nous accommoder et qui sont la gangrène de la mal gouvernance. Toutes choses qui sont le lit de la corruption dans notre société. Chacun peut le faire.

Regardons autour de nous : combien de ministres ou de Directeurs des sociétés nationales n’ont pas créé directement ou indirectement des entreprises privées dont la gestion est confiée tantôt à l’épouse, si ce n’est à l’enfant, tantôt à la belle-mère ou le beau père, le frère, la sœur, tantôt on va chercher un petit cousin éloigné pour un peu brouiller les pistes et ne pas éveiller les soupçons sur le « prête-nom ». D’aucuns osent même emprunter la pièce d’identité du gardien ou du jardinier pour en faire le gérant sur le papier de l’entreprise à créer.

S’il fallait jeter la pierre à toutes ces autorités qui usent de ces subterfuges pour s’enrichir indument par la création de structures qui ne sont là que pour capter les financements et selon le terme désormais admis dans le langage courant : « gagner des marchés », les pierres des carrières du rail ne suffiraient pas à les lapider, tous.

Nos décideurs publics ont tous leurs petites succursales, et parfois même pas besoin des entourloupes de Mossak-Fonséca pour loger leur unité économique dans des paradis fiscaux. Les adresses domiciliaires les trahiraient tous.

Le plus troublant c’est que chacun pense à la création de son entreprise privée à partir du moment où il dispose d’un portefeuille de gestion des affaires publiques et comprend qu’il y’a de l’argent à se faire en s’attribuant des marchés.

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Ca va du GIE de la maitresse du patron qu’on va faire travailler en lui confiant le marché du nettoyage des locaux. Bien sûr, généralement on est très généreux avec la belle pour gonfler la facture puisqu’il faut pomper dans l’argent public. On a même inventé l’expression générique pour laquelle n’importe qui peut bénéficier des largesses du patron par la livraison de, tenez-vous bien de « matériels et fournitures de bureaux ».

Souvent on livre la marchandise qu’on est allé cherché directement chez le grossiste du coin avec l’argent payé d’avance. Et encore heureux quand le marché est correctement exécuté ou la marchandise réellement livrée.

C’est souvent le problème avec les marchés de complaisances. Et puisqu’on ne recule devant rien, parfois c’est de gros marchés de centaines de millions, voire de milliards qui sont confiés à sa petite société inexperte pour réfectionner un stade de foot, et qui vous pose un tapis synthétique au lieu de faire pousser le gazon, pour construire un bâtiment public.

Le conflit d’intérêt est une gangrène de notre société. Le prête-nom n’a même plus de nom. Pas étonnant que l’oncle d’Aliou Sall, Abdoulaye Thimbo n’ait jamais vu un dollar de la transaction portant sur des versements occultes. Il était juste un prête-nom.

Un Directeur d’une agence nationale a son fils parmi les cadres dirigeants de l’agence : son seul alibi, c’est de dire que le fils était là avant lui.

Oui, justement ils ne doivent jamais se retrouver là, au même moment.

Ce conflit d’intérêt est détestable. Comme s’ils étaient les seuls sénégalais à pouvoir faire ce travail !

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Une actualité du moment place les acteurs culturels au devant de la scène par une guerre fratricide sur la gestion des droits d’auteurs.

Oui, il y’a un conflit d’intérêt manifeste à confier l’administration des droits d’auteurs et droits voisins à la patronne de la plus grande boite de production musicale du pays.

La sœur de l’autre n’y est peut-être pour rien, ce sont les textes qu’il faut changer à la SODAV, fut-elle une société civile privée. Elle est d’une administration déléguée par la puissance publique. Ce genre de conflit d’intérêt assumée et revendiquée ne doit pas exister dans une société normale.

Le seul argument d’être un bon gestionnaire ne résiste pas à ôter la suspicion légitime des ayants droits.

Malheureusement dans les affaires publiques, tant qu’on n’aura pas décider de combattre efficacement le conflit d’intérêt, on aura même poser un jalon sur les rails de la bonne gouvernance et de la transparence.  







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