Depuis bientôt un mois que le scandale PetroTim a été remis au jour par la BBC, il ne se passe pas un jour sans que cette affaire n’ait occupé le devant de l’actualité. Aucune affaire n’a autant tenu en haleine les Sénégalais. Cela signifie qu’elle revêt une extrême gravité ; les gens sont habitués à des détournements, des malversations plus ou moins importants mais un pareil montant (six mille milliards !) dépasse l’entendement ; c’est dire le manque de patriotisme et la cupidité sans bornes de telles personnes, issues d’on ne sait où. Comment peut-on sans sourciller et sans retenue, détourner l’argent d’un pays pauvre très endetté où les gens vivent pour la plupart sans ressources connues ?
Dans cette affaire, le principal protagoniste n’est pas celui qu’on pense. Quand cessera-t-on de nous prendre pour des demeurés ? Ordonner une enquête et sept ans après, prétendre qu’on n’a pas reçu les résultats ? A d’autres ! Cette enquête a d’ailleurs fait l’objet d’un véritable imbroglio chez les tenants du pouvoir ; tantôt elle n’a jamais existé, tantôt elle n’est pas le résultat d’une lettre de mission ; comprenne qui pourra ! Et les bourdes de se multiplier ; mais cela ne doit étonner personne : sans aucune reconnaissance envers le peuple sénégalais, ils lui ont fait trop de mal; Dieu leur montre ainsi qu’il n’aime point le mensonge. Si l’homme s’en était tenu à sa première déclaration, à savoir qu’il ne nommerait jamais son frère par décret, cette histoire ne lui serait pas arrivée ; voilà ce qu’il en coûte de trahir sa parole. Quand les frères, la femme, l’oncle et même le cousin s’en donnent à cœur joie sur l’argent du peuple, c’est le comble de l’ignominie et de la crapulerie… Belle famille !
L’avenir de générations futures est en jeu et tout le monde est concerné. Je ne peux pas comprendre le tollé soulevé par le retrait de cet imam du mouvement Aar li ñu bokk, on lui a assurément donné une importance qu’il n’a absolument pas ; on a parlé de fissure comme s’il s’agissait d’une perte immense ; je lui dis, comme l’adage : un de perdu, dix de retrouvés. La preuve, son départ n’a pas empêché la manifestation suivante de mieux réussir. Aucun de ses arguments avancés ne tient la route. S’il fallait raisonner comme lui et renoncer à chaque fois qu’un droit constitutionnel nous est refusé, nous n’aurions jamais obtenu ces acquis.
Yatma Dieye est professeur d’anglais, Rufisque