C’est avec courage mais sans brio, que nos footballeurs ont fini par l’emporter 1 à 0 face à l’Ouganda en huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Un peuple, nous y étions ! Un but, il y a en eu ! Mais où était la foi ? Les Lions de la Téranga peuvent remercier Sadio Mané, auteur de l’unique but de la rencontre, fermons les yeux sur le penalty raté, une petite coquetterie de star, ça arrive, vite pardonnée. Vous me direz, l’important c’était de gagner et nous l’avons fait. Il suffirait peut-être de retrouver ce petit supplément d’âme patriotique pour faire des miracles en quart de finale !
Car n’est-ce pas cette même foi, qui a quitté la société sénégalaise, pour ne pas dire le peuple africain ? La foi soulève les montagnes, dit-on. Elle permet au peuple de traverser la mer, de dompter des déserts, d’ériger le chemin de fer, de triompher de profondes inégalités, de conquérir l’espace, que sais-je encore ?
Quand tout se réduit dans une société aux risques de confrontations claniques, aux tensions incessantes, aux querelles sociales et idéologiques, chacun se garde d’afficher sa foi ou son enthousiasme et de faire les efforts pour dépasser ses faiblesses.
J’adhère à la foi dans l’Islam, qui a pour principe majeur la dignité de la personne humaine, le bien commun et la solidarité, mais peut-on être musulman le vendredi et blasphémateur toute la semaine ? Notre foi guide quotidiennement notre action, y compris dans la tempête. Lorsque la société traverse une crise grave, le retour à des valeurs patriotiques nous sauve. C’est quand le peuple du Sénégal n’est plus son peuple, quand il n’a plus la foi en lui et en ses dirigeants que les choses se gâtent.
L’annonce des découvertes de gaz et de pétrole dans notre pays a déclenché un climat de suspicion de corruption dans la signature des contrats pétroliers, de bradage de nos ressources aux firmes multinationales étrangères, de favoritisme.
La justice enquête ! Avons-nous foi en notre justice ou bien doit-on tout bloquer et empêcher l’établissement de la vérité ? Dans le cas présent, il semblerait bien qu’un à un, tous les pourfendeurs du système se soient ravisés dès qu’il fut question de déposer devant le procureur.
Mais, surprise des surprises, comme si un scandale ne suffisait pas, c’est aujourd’hui Aliou Sall en personne, le frère du président, qui se défend une nouvelle fois et fait des révélations tonitruantes sur ses « ennemis » tapis dans l’ombre au palais de la République, qui comploteraient contre lui : « Certains de mes ennemis, des proches du président de la République, paient des opposants pour me nuire. Ils le savent et savent que je sais, mais ce qui est sûr, c’est que leur objectif de m’éteindre ne sera pas atteint, car aujourd’hui, j’ai une renommée internationale. Ces adversaires, je leur ferai face un jour», lance le maire de Guédiawaye.
Il y a bien les méfaits de la corruption qui gangrènent le continent. Ce continent qui manque d’espoir. Mais le progrès y est continu. L’économie de notre pays connaît une croissance dans les barèmes de 6%, parmi les plus robustes de la sous-région. Les gens commencent à sortir de la misère, la classe moyenne grandit, la jeunesse s’empare des nouvelles technologies pour changer la façon dont elle fera des affaires.
En 1973, Alain Peyrefitte publiait « Quand la Chine s’éveillera le monde tremblera ». Elle s’est bien éveillée : 2ème et bientôt 1ère puissance économique mondiale. Aujourd’hui nul besoin d’être visionnaire pour écrire «Quand l’Afrique s’éveillera» tant son potentiel est énorme.
Bien sûr d’autres réflexions sont à mener de front. Le franc CFA est-il responsable du pillage de notre pays et freine-t-il notre développement ?
L’appui de l’État à l’agriculture est-il suffisant, tant elle compte pour notre indépendance économique et vu que c’est elle qui nourrit le pays ?
Mais la question d’actualité, celle qui nous empêche d’avancer, reste celle du pétrole qui pollue ces derniers temps l’atmosphère. Et comme je ne ferai pas mieux que lui, je voudrais, à ce stade renvoyer à l’excellent article de Makane Kane dans SenePlus : « Le devoir de faire face aux conspirateurs de tous bords ».
« On le tait, mais tout le monde le sait. Notre beau pays, le Sénégal est sous l’œil des radars d’agitateurs professionnels, promoteurs de l’anarchie dont seuls les ennemis de la patrie pourront tirer profit.
Une atmosphère de conspiration nauséabonde est installée par le quarteron d’envieux non représentatifs de la minorité dans l’opposition.
Ce groupe composé d’habitués des salons sulfureux, frustrés par leurs échecs répétés se radicalisent, n’admettant pas une posture hors des affaires de l’Etat dans le contexte d’une ère nouvelle d’exploitation pétrolière. Conscients de leur incapacité à gagner aujourd’hui ou demain le cœur des sénégalais à travers des élections démocratiques, ils s’acharnent à démotiver les citoyens. …/…Tous les moyens et accointances sordides sont mis en œuvre et de manière honteuse pour que le deuxième mandat du Président Macky Sall et la phase 2 du Plan Sénégal Emergent (PSE) n’aboutissent pas, concrétisant le saut qualitatif attendu des réalisations qui feront le bonheur de nos hommes et femmes, jeunes et vieux ».
Que dire de plus, si ce n’est que pour sortir notre pays de la médiocrité sociale et la morosité économique, au-delà de dénoncer l’héritage colonial et de réformer le franc Cfa, l’essentiel est peut-être et avant tout de retrouver la foi.
La foi en soi, en l’autre, la confiance en nous, en nos dirigeants, en nos footballeurs… En notre justice. Retrouver la ferveur populaire pour en faire une force et pour une fois, descendre dans les rues pour laisser éclater sa joie.
Alors s’il vous plaît et au nom de dieu, très chers footballeurs de nos cœurs, faites-nous rêver, rendez-nous heureux et ramenez le sacré Graal au Sénégal.