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Mélancolie Socialiste

Mélancolie Socialiste

Camarades socialistes, je sauterai du coq à l’âne. Je ne m’attarderai pas sur la forme dans ma démarche mais je prétendrai à un solide fond. Vous en jugerez vous-mêmes. Vous avez mon dos, tirez autant que cela vous plaise et avec toute la violence que vous portez en vous. Je vous partage mon triste constat et les sourdes complaintes de jeunes camarades. Du Sénégal comme à l’étranger, je m’adresse à un grand nombre d’entre vous, chers responsables adultes du Parti socialiste, hommes et femmes.

Camarades adultes, depuis plusieurs mois maintenant, je constate pour m’en désoler, des actes de défiance et autres clashes à peine voilés par voie de presse, dans des groupes WhatsApp multiples et autres plateformes de dialogue transformées en entités fractionnistes. Dans ces espaces, on retrouve des intellectuels sans base politique aucune et pourtant zélés comploteurs, des cadres à la prétention inouïe mais également des responsables de premier ordre manipulant de jeunes camarades ignares et qui se croient être le centre de leurs soucis parce qu’adulés outre mesure. Je pèse bien mes mots. L’un dans l’autre, vous n’ignorez guère ce que j’avance. Est-ce à cause du très prochain congrès de renouvellement des instances du Parti ou encore de la récente reconduction des braves, loyaux et compétents camarades Serigne Mbaye Thiam et Aminata Mbengue Ndiaye dans le dernier gouvernement sénégalais ? Je ne saurais répondre à votre place.

Chers ainés, beaucoup d’entre vous sont, par mérite personnel, professionnellement prospères tandis que d’autres ont, par un coup de pouce politique, pu accéder à certaines responsabilités. Vous êtes également plusieurs à réclamer, pour le parti dites-vous, des postes dans l’Administration centrale de ce pays et pourtant nombre d’entre vous ont tout le contraire d’une attitude responsable. En réalité, et c’est mon intime conviction, le mal du parti et son manque d’attractivité pour plusieurs de nos concitoyens vous sont grandement imputables. Vous refusez de cotiser pour le bon fonctionnement de nos instances. Vous ne donnez plus de formation adéquate aux jeunes ni aux militants de la base. Vous ne soutenez et n’encouragez aucune initiative allant dans le sens d’animer régulièrement le Parti et ceux d’entre vous qui détiennent quelques moyens grâce au Ps ne manifestent aucune marque de solidarité envers les autres moins chanceux. Finalement, quel genre de camarades et responsables pensez-vous intimement être ? Vous attendez tout du Secrétaire général, rechignant à mettre la main à la poche, recentrant la presque totalité des charges financières nationales et internationales du parti, tant pour le fonctionnement de certaines structures que dans l’animation de la base, sur le camarade Ousmane Tanor Dieng. Et quand ce dernier prend des décisions, vous ruez de manière éhontée dans les brancards comme si votre militantisme était monnayable, comme si les textes du parti nous avaient promis un quelconque emploi, comme si le grade de responsables de structures ou de base que vous portez si fièrement était une malsaine imposition, comme si tout avis qui n’embrasse guère votre assentiment n’a point de valeur ni de fondement éclairé, comme si le Parti socialiste n’était point vôtre.

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Comment pensez-vous rendre fort et conquérant le Ps quand de l’intérieur vous négligez vos devoirs et obligations pour ne vivre que de clivages, les uns contre les autres ? Comment pensez-vous retrouver le sommet de l’Etat en vous livrant continuellement à une «grosse tromperie» sous le voile d’une comique camaraderie ? Quelles leçons de tenue et de comportements citoyens espérez-vous léguer à vos jeunes frères et sœurs, voire vos enfants, quand vous êtes incapables de dépassement et de tolérance ? Portez-vous le souci quotidien, chers responsables adultes, de ces centaines de jeunes camarades qui peinent à trouver ne serait-ce qu’un stage professionnel et qui pourtant se tiennent droits et fidèles au parti, sans bruit aucun ?

D’autres responsables, gonflés à bloc par leur petite personne, kidnappent des camarades jeunes dans les coordinations, les empêchant de participer aux activités et à l’animation du parti. Ils en exigent encore et plus du parti qui leur a pourtant fait confiance en les responsabilisant à la base. Ils se croient demi-dieu et n’honorent plus l’entité-mère qui les a sacrés chefs sur leurs camarades dans différentes contrées. Ils en oublient même et très volontairement que ces jeunes qu’ils «enferment» ne sont pas «leur chose» mais plutôt des militants d’égale dignité. Le rapt politique, chers responsables adultes, est un crime d’égoïsme flagrant et de prétention nauséabonde. Nul ne détient de force. C’est une éphémère grâce qui vous est manifestée au milieu de vos pairs. D’autres, avant vous, en avaient bénéficié et leur temps fut un matin révolu. Faites-en donc bon usage, qui que vous pensez être, quoi que vous ayez en banque, et comportez-vous fondamentalement en responsables politiques et socialistes. Nul ne peut vouloir une chose et son contraire. Nul ne peut être un véritable militant socialiste et volontairement mettre le feu à notre maison. Vous chanterez certainement que je n’ai rien compris, que je suis insolent et ne mérite même pas votre attention. Je vous le concède. A force de trop ou de tout comprendre, on en arrive à perdre le génie de la créativité, la foi et l’émerveillement.

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Chers responsables adultes, vous me lisez et m’entendez. Je ne suis pourtant qu’un cri d’alarme, une solitaire et grisâtre voix parmi tant d’autres. Plusieurs camarades jeunes observent perdus, peinés et déçus par de tels comportements venant de ceux qui étaient censés les motiver, les encourager et les encadrer selon nos traditionnelles va­leurs de la social-démocratie.

Je ne suis guère impoli. Vous me connaissez assez bien pour en attester. Visualisez mes rapports avec chacun d’entre vous lorsque l’occasion me fut donnée, relisez l’ensemble de mes écrits ou réécoutez mes autres interventions sur le plan politique. Je ne me prononce souvent que quand des jeunes qui, au lieu de se soucier de l’attractivité et de la massification du Parti, aiment à se faire attribuer le titre de «jeunes loups» pour ne mordre que dans le sens de leur ventre, attaquant çà et là de hauts responsables pour se croire politiquement existants, moyennant quelques billets pour une italienne pizza. Je ne crie que quand de l’intérieur, des camarades veulent saper l’unité et la cohésion du foyer ou quand de l’extérieur des touristes prétendent maîtriser les coins et recoins de notre concession, allant jusqu’à la satanique divination de nos vertes recettes. Je ne le fais que pour le Parti et pour chaque institution de notre famille politique. Je ne m’en prends gratuitement à personne. Je ne vous en demande pas moins, chers responsables adultes. J’ai voulu, le temps de vie de ces quelques lignes, être cru en face de vous. Peut-être que votre orgueil de responsable sera touché et que vous en reviendriez à mieux réfléchir à qui vous êtes réellement pour le Parti socialiste et surtout en ces heures où l’engagement politique tend à perdre ses lettres de noblesse à cause des abus, du trop de mensonge, de l’individualisme et du manque d’amour véritable pour les populations. Pour rappel, votre militantisme à travers cette formation politique n’a de leitmotiv premier que votre volonté de contribuer au développement du Sénégal. Souvenez-vous en, au lieu d’humer continuellement l’odeur de vos belles chemises et robes. Nous autres jeunes vous regardons dépités et désabusés. Continuez ainsi à vous exposer en piètres modèles. Continuez ainsi à vous montrer faibles et assoiffés telles des sangsues. Continuez ainsi à nous convaincre que rien de grand n’est à espérer de vous pour les générations futures. Certes, vous fragiliserez notre commune organisation politique, vous ralentirez peut-être sa cadence vers les hauteurs et vous aurez à vie le mérite d’avoir intentionnellement cherché, par nombrilisme, à ébranler les fondements de la maison mais jamais vous n’arriverez à mettre le Parti socialiste sous terre. Il vous survivra, comme ce fut jadis le cas avec vos devanciers dans ces désolantes pratiques. Ressaisissez-vous, chers responsables adultes. Cultiver l’humilité et la patience au lieu de continuellement souffler le chaud et le froid. Revenez à la camaraderie véritable et à l’essentiel communautaire car nos priorités actuelles et celles particulières de nos concitoyens sénégalais sont ailleurs que dans des querelles de chiffonniers.

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Camarades jeunes, le Parti socialiste est comme votre famille sanguine. N’y faites pas ce que vous ne feriez pas chez vous. N’y dites à personne ce que vous ne diriez pas aux membres de votre famille naturelle. La jeunesse n’est pas un moment de folie mais un temps de réflexion et de projection. Ne vous y trompez pas !

Alain SAMBOU

Secrétaire Général des Jeunesses socialistes de Ouakam,

Secrétaire administratif des Jeunesses socialistes du département de Dakar,

samboualain@gmail.com

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