Aladji. Ass. Adja. Adjaratou. C’est le moment des boubous blancs immaculés et des vœux pieux. L’aboutissement d’une vie pour un bon musulman. Le pèlerinage à La Mecque, un des cinq piliers de l’Islam, n’est pas offert à tous les croyants. Le voyage coûte les yeux de la tête, mais on en revient auréolé du titre tant envié d’El Hadj ou d’Adja. Encore un paradoxe sahélien. Normalement, El Hadj, c’est celui qui va accomplir le pèlerinage, au moment où il l’accomplit. Celui qui revient des lieux saints n’est plus El Hadj. Mais, au Sénégal, le titre confère une nouvelle noblesse.
De retour de La Mecque, le Sénégalais, aidé en cela par son entourage, inaugure une nouvelle vie. Il a toujours à sa portée les attributs de son pèlerinage : djellaba, chapelet, tête cerclée de la couronne du pèlerin, moustache finement ciselée et quelques dents en or. Celui-là est assurément un « yakhbourey » qui ne sent plus la terre qui la supporte. Il est au paradis… sur terre. Bienheureux El Hadj au titre ronflant et à la piété douteuse. Car si sacrifier à ses obligations devient une raison de parader, comment doivent être les Mecquois ?