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La Face CachÉe Des Opposants

La Face CachÉe Des Opposants

C’est officiellement fait par un décret du 5 juillet 2019 : après le lancement du Dialogue national en date du 28 mai, que le nombre de représentants de l’opposition au sein du Comité de pilotage est enfin connu. Ils seront 7, durant 3 mois, à prendre place à la table des différentes Commissions thématiques en vue de remettre un énième rapport au président de la République. Avec les non-alignés, sorte de deuxième pôle d’opposition, ils seront au total 12. Curieusement, ce chiffre correspond à celui des douze apôtres à qui s’était adressé Jésus Christ : « Je vous le dis : l’un de vous, qui mange avec moi, va me livrer ».

Simple coïncidence ou signe indien ? A l’occasion d’une interview, une révélation passée inaperçue de Madame Nafi Diallo, porte-parole adjointe du PDS, me questionne. Sans livrer les identités, elle y évoque des visiteurs nocturnes d’opposants au « Palais de Roume », avec, pour enjeu, l’entrée de ministres dans un prochain gouvernement d’union nationale. Et si, parmi les 12, ou du moins au sein des 7 opposants du Comité de pilotage, s’étaient glissés un ou plusieurs agents doubles, ou des seconds couteaux ? Et si le mensonge si caractéristique dans l’affaire Aliou Sall n’était pas le seul apanage de la majorité ?

Tout Palais présidentiel renferme bien des secrets du pouvoir. Pourquoi ne pas croire par conjecture à des tractations secrètes conduites au Palais de la République du Sénégal entre Macky Sall et certains pontes de l’opposition, en particulier des anciens frères libéraux ? Il me faut dépasser l’hypothèse d’école, et en avoir le cœur net. Après plusieurs appels téléphoniques passés auprès de certaines sources dignes de confiance, trois noms ont été dénichés : Oumar Sarr, Mamadou Diop Decroix et Me Amadou Sall.

Selon un récit circonstancié, ce serait Oumar Sarr, le Secrétaire général adjoint du PDS, qui serait à l’initiative de manœuvres souterraines pour un rapprochement entre la majorité et l’opposition. C’est lui-même, en pleine campagne présidentielle, donc avant le 24 février 2019, mais surtout en plein boycottage des élections par son parti, qui aurait été reçu en personne par le président Macky Sall. C’est à peine croyable ! Le numéro 2 du premier parti de l’opposition parlementaire s’est converti en une sorte de Janus du PDS, dieu introducteur et garantissant le passage des portes entre l’opposition et la majorité. C’est en effet par son entremise, et ce après les élections présidentielles, que Mamadou Diop Decroix et un peu plus tard Me Amadou Sall auraient obtenu une audience auprès du locataire du Palais de Dakar.

Ces agissements d’opposants de premier plan s’inscrivent dans des pratiques séculaires de la classe politique sénégalaise, telles que la transhumance ou le wax waxeet. Par-dessus tout, les 3 rencontres nocturnes viennent corroborer un scénario politique inédit qui égale le scandale Aliou Sall. Car en l’espèce, tout se fait en catimini, loin de la base, loin des militants, en toute illégalité par rapport aux statuts du PDS, et sans l’attache de Me Abdoulaye Wade.

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Les trois protagonistes des réunions nocturnes ont un mobile politique : faire partie d’un possible gouvernement d’union nationale qui se profilerait vers la fin du 2ème semestre. Eloignés des fastes du pouvoir depuis 7 ans, c’est assurément long ! A plus forte raison, lorsque l’un de leur frère libéral gouverne, rien ne les sépare politiquement, le sacrifice de « l’agneau Wade » les conduit vers une impasse ! Et puis, tout autour d’eux, ce n’est qu’un champ de ruine politique : l’unité de façade du C25 a sombré dans l’oubli, et l’opposant Sonko les indispose. Tout a été minutieusement préparé. Le Dialogue national, sans raison d’être et qui selon l’article 1er du décret n° 2019-1106 n’accorde qu’une fonction consultative, n’a pour but ultime que de mener à une large alliance libérale ancrée à l’APR, avec pour résultat le bradage du PDS.

Pensez-vous que Famara Ibrahima Sagna est tombé du ciel sénégalais comme ça ? Il a été choisi car il avait à son actif un dialogue réussi ayant débouché en 1991 sur l’entrée au gouvernement de l’opposant Me Abdoulaye Wade. Subséquemment, il a une légitimité renforcée pour conduire vers un élargissement gouvernemental. Une autre curiosité que je voudrais brièvement partager avec vous. La proposition de Serigne Modou Kara Mbacké de faire d’Idrissa Seck le Vice-président de Macky Sall, doit-elle être perçue comme un simple ballon d’essai ? Vice-président, c’est plus tentant que 1er Ministre ! Cela tombe bien, la suppression du poste de 1er ministre n’a fait l’objet d’aucune concertation, et est passée en force du fait majoritaire alors que, quelques jours après, le président chantait les louanges du démarrage de son Dialogue national ! Drôle de coïncidence ! Mamadou Diop Decroix, qui a rallié Idrissa Seck, n’aurait-il pas obtenu ce poste pour son champion lors de sa rencontre avec le président Macky Sall ? Ou à minima le poste de chef de l’opposition. Soyons attentifs aux propositions à venir de la Commission politique du Comité de Pilotage.

Pour faire mordre à l’hameçon, les opposants manœuvriers ont essayé la méthode douce auprès des Wade. Les uns ont brandi l’espoir d’une amnistie (élargie à 2019 pour y embarquer tous les recalés de la bonne gouvernance sous Macky Sall), les autres ont vendu le Dialogue national avec le renfort de superlatifs à l’africaine. Face au refus du PDS et au maintien de la demande de révision du procès de Karim Wade, Oumar Sarr a dévoilé au grand jour sa face cachée en se rendant au démarrage de la journée du Dialogue national. Un autre candidat n’a pas attendu la fin du Dialogue national ! El Hadji Issa Sall se sent pousser des ailes malgré ses 4,07 % et, dans le contexte des négociations secrètes, se met à décliner tout haut ses ambitions de rejoindre le gouvernement de Macky Sall ! Ils ne se cachent même plus !

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Quel est le scénario possible pour arriver à leurs fins ? Le score à la dernière élection présidentielle de Madické Niang de 1,48 % ne plaide pas en faveur d’une démission du PDS. Et leur deal est de livrer ce parti comme le fit le PS ! Ils ont deux cibles. La première, c’est Me Abdoulaye Wade, une icône de la scène politique sénégalaise, comme le fût Habib Bourguiba, l’homme de l’indépendance de la Tunisie, déposé par Ben Ali pour sénilité. La récente sortie du lieutenant d’Oumar Sarr, Abdoulaye Ba Nguer, nous éclaire en ce sens : « C’est dégradant d’envoyer Me Abdoulaye Wade au charbon, qui se trouve en retraite politique au regard de son âge très avancé ». Le secrétaire général, Me Abdoulaye Wade, sera ravi d’apprendre qu’un de ses cadres l’a mis d’office en retraite ! Pour diriger de façon officieuse le PDS, sous le régime d’un coup d’état à la Bourguiba, le secrétaire général adjoint, Oumar Sarr, peut compter sur les services du nouveau porte-parole du PDS, Me Amadou Sall, après avoir réussi à écarter de ce poste stratégique Babacar Gaye.

Leur deuxième cible est bien entendu Karim Wade. Il faut tirer avantage de son éloignement forcé et le discréditer en regénérant la machine à fantasmes ! Ils se comportent à son égard comme s’ils étaient du côté de la majorité ! D’ailleurs, ne le sont-ils déjà pas ? Reprenons les propos d’Abdoulaye Ba Nguer pour nous en convaincre : « Il appartient à Karim Wade, ministre de l’énergie de l’époque, de se prononcer (sur l’affaire Aliou Sall), d’autant plus qu’il doit être à l’aise sur cette affaire dans la mesure où la procédure était inachevée à l’arrivée de Macky Sall ». Quelle différence, hormis la nuance narquoise, avec la sortie du grand Serigne de Dakar, Abdoulaye Makhtar Diop, soutien de Macky Sall qui veut impliquer la famille Wade ? Peut-être serait-il plus recommandé de s’interroger de façon plus générale sur le vrai mutisme de tous ces opposants dans l’affaire Aliou Sall. Eux qui n’ont pas reconnu l’élection du président Macky Sall, eux qui l’ont injurié pendant toute la campagne, ont-ils aujourd’hui les mains liées avec le Dialogue national et leur deal ? La bande de trois est en train d’anesthésier l’opposition tout entière.

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Il me paraît indiscutable que le PDS est au cœur d’une « guerre civile » entre responsables, voire à l’aube d’une bataille décisive comparable à celle de Pharsale ayant opposé César à Pompée. Chaque camp affûte ses armes ! Sans le moindre parti pris, j’ai décidé de vous rapporter ces réunions nocturnes car j’ai l’intime conviction que l’opposition sénégalaise est en grand danger, à fortiori le PDS et in fine Me Abdoulaye Wade. La recomposition politique sénégalaise dont ces brutus vertueux pourraient se prévaloir, est une mystification. Ils ne visent à aucun moment le bien commun du parti, mais leurs intérêts personnels. Ils marchent sur les traces du PS et de l’AFP, en contrepartie de postes dorés. L‘alliance mégalomaniaque qui se prépare, après l’élimination des 2 K, cherche à se créer un seul ennemi : le diabolique Ousmane Sonko. Ils espèrent que, après l’avoir vilipendé, ce dernier ne brise pas le plafond de verre ! Et si par malheur cela devait arriver, ils l’arrêteront comme le prédisait Me Abdoulaye Wade.

Le crime était presque parfait ! Les opposants manœuvriers savent qu’en dehors du PDS, leur destin est scellé, leur disgrâce inéluctable. Quel est l’ancien Wadiste qui a construit un parti fort ? Le PDS n’est pas en crise, ce parti est à l’aube d’une mutation nécessaire en vue de se préparer à une nouvelle alternance. Macky Sall achève son dernier mandat. Mais sûrement, certains responsables du PDS n’y croient pas trop. Comme l’atteste une autre affaire concernant Oumar Sarr. Me Abdoulaye Wade avait fini par suivre l’avis insistant de son adjoint, Oumar Sarr, de congédier sur-le-champ Madické Niang. Ce dernier avait devancé une procédure de déchéance de son statut de député. Il fut remplacé par Abdul Aziz Diop, proche d’Oumar Sarr, comme par hasard ! Contrairement aux instructions du PDS, et en rupture avec l’opposition, le nouveau député Aziz Diop vote constamment en faveur de l’APR ! Cela fait beaucoup de faisceaux d’indices qui confirment la thèse d’une mise en vente du PDS. L’ultime combat de Me Abdoulaye Wade, avant sa vraie retraite politique, n’est-il pas de sauvegarder les intérêts de ce parti historique contre les ennemis de l’intérieur ? Voire les intérêts de toute l’opposition, lui l’opposant emblématique.

Ce texte est une suite de l’épisode 1 de la série « QUE TOMBENT LES MASQUES ! » de notre éditorialiste, Emmanuel Desfourneaux, intitulé : LA MALÉDICTION D’ALIOU SALL

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