Il y a peu, en Russie, lors de la Coupe du monde, Aliou Cissé avait une équipe, mais pas un groupe. Pour la deuxième présence du Sénégal en Coupe du monde de football, l’esprit n’était point collectif, mais individualiste, chaque joueur voulant évidemment jouer.
De la première victoire contre la Pologne, la Tanière n’avait pas puisé une force de solidarité pour se projeter à écrire une belle histoire, mais avait plutôt connu une pourriture de l’intérieur, chaque étoile pâle cherchant à briller. De la question du capitanat en passant par celle des remplaçants qui refusaient un tel statut, de la question des appelés de dernière minute qui n’avaient pu se fondre dans un moule de groupe, Aliou Cissé avait simplement perdu son vestiaire. Et sa voix autoritaire !
Pour cette fois, la faiblesse de Russie s’est muée en réussite collective. Certainement que les faits de jeu, les blessures et surtout la défaite algérienne ont contribué à cimenter le banc sénégalais. Après la surprise de la défaite face à l’Algérie, les Lions ont fait bande commune. A preuve, la sortie inattendue de Kalidou Koulibaly, qui s’en est pris vertement à la presse, coupable, à ses yeux, de vouloir diviser le groupe. Un article, de Dakar, avait fait cas d’un traitement de faveur à l’endroit de Sadio Mané. Silencieux, évacuant cette “attaque’’ non fondée, l’enfant de Bambaly qui charrie depuis les représentants des médias avait dû compter sur la plaidoirie de groupe de son défenseur de hâbleur. “Je n’ai rien contre la presse. Je veux juste qu’on nous laisse tranquille. Vous voyez, quand on est tranquille, on joue bien et on gagne’’, s’est d’ailleurs expliqué pour s’excuser le défenseur central sénégalais. Un coup de griffe d’un Lion blessé de voir sa Tanière en proie à des attaques non fondées qui traduit allègrement l’esprit de groupe retrouvé. Ils sont d’ailleurs légion, les joueurs d’Aliou Cissé à toujours faire référence au collectif, fruit d’une concurrence saine enfin imposée par le coach des Lions qui avait annoncé la couleur en “excluant’’ de cette Can certains cadors qui l’avaient joué solo à l’été russe de 2018. Lamine Gassama, remplaçant en début de Can, puis titulaire à force de persévérance, l’explique aisément : “Il y a un bon état d’esprit dans le groupe. Tout le monde bosse bien pour pouvoir avoir du temps de jeu. On est 23 joueurs concentrés et qui peuvent jouer à tout moment. Donc, c’est une bonne chose d’avoir un groupe concerné.’’
Une réponse positive d’un joueur à son entraîneur qui répète depuis le début de la compétition être venu en Egypte “avec 23 joueurs’’ et pour qui la seule chose importante ‘est le collectif’’.