Les découvertes ces dernières années de champs pétrolifères et gaziers au
Sénégal laissent augurer pour notre pays un avenir plutôt rassurant en matière
énergétique, notamment en terme d’indépendance stratégique. Pour autant la
situation du Venezuela, premier pays producteur de pétrole au monde doit
nous inciter à la prudence et à la vigilance. L’Eldorado promis grâce à l’or noir
apparaît en effet aujourd’hui pour ce pays comme une chimère et représente
un beau gâchis. Il ne faudrait pas que ce pays sud-américain soit un modèle
pour le Sénégal.
Et de ce point de vue l’étude des douze contrats pétroliers et gaziers établis
depuis 1998 ne sont pas très satisfaisants. Loin de là ! Ils apparaissent en
effet comme plus favorables aux entreprises extractives qu’à l’Etat Sénégalais.
Le jeu est donc quelque peu biaisé en raison de cartes biseautées,
notamment s’agissant des contrats les plus récents, ceux signés avec la
compagnie Total en avril 2017.
A la lecture de ceux-ci une renégociation s’impose en particulier concernant
les clauses de local : formation, recrutement du personnel, achats de biens et
services locaux, etc. A nos yeux celle-ci est tout à fait possible.
La législation Sénégalaise apparaît également quelque peu lacunaire
notamment en matière d’indemnisation des victimes en cas d’inobservation
des obligations environnementales. Les populations locales doivent désormais
être davantage associées et la responsabilité des compagnies pétrolières doit
être précisée. Il s’agit de faire en sorte que les contrats pétroliers et gaziers
respectent au plus près les bonnes pratiques de gouvernance extractive, et je
pense singulièrement aux obligations sociales qui pourraient inclure, au-delà
de la formation, des mesures d’accompagnement et des initiatives de micro-
crédit.
En réalité, c’est l’ensemble du régime pétrolier Sénégalais qui doit être
réformé à travers le code pétrolier du 8 janvier 1998. L’ITIE recommande
d’ailleurs la mise en place d’un véritable cadastre pétrolier à l’image de celui
réalisé par le secteur minier.
Ainsi qu’on peut le constater nous avons devant nous un énorme chantier car
l’enjeu est important pour le développement économique du Sénégal au cours
des prochaines années. Et il nous faut être attentif à ne pas tuer la poule aux
œufs d’or.
Ibrahima THIAM
Président du mouvement Un Autre Avenir
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